mardi 4 mars 2014

Argentine J 6-7, El Calafate

Chaque fois que je commence une nouvelle histoire je me dis que je n’ai pas beaucoup à raconter… Et pourtant… Après, je vois qu’au contraire, j’ai tant des choses à dire qu’il me faut ouvrir des nouvelles pages, encore et encore…
Pareil pour les glaciers ! Pour commencer je me demande qu’est-ce qu’on peut raconter sur les glaciers à des gens qui ne ressent pas la même fascination les concernant ? Et encore moins aux autres, ceux qui sont déjà acquis à leur beauté!
Je dois avouer qu’en ce qui me concerne ce sont les émissions de Nicolas Hulot qui m’ont donné envie d’aller les voir et j’ai beaucoup réfléchi comment faire pour y parvenir. Pas des excursions aux Pôles, quand même, hein. J’avais alors, d’après moi, à choisir entre Alaska et Argentine, ne me demandez pas d’ailleurs comment je savais qu’ils y existent! Bref, comme Argentine avait en plus l’atout de faire partie de l’Amérique du Sud, continent que nous n’avons pas encore visité et comme en plus le lac Argentino était situé au milieu de la Patagonie, région du monde fascinante par elle-même, le choix a été vite fait et, vus mes arguments, approuvé par « le chef ».
Et voilà comment et pourquoi nous sommes arrivés à El Calafate, une ville au milieu de nulle part dont le principal intérêt c’est qu’elle est située au bord du lac mentionné plus haut, lequel, avec une superficie de 1 466 km2 et  une profondeur moyenne de 150 m, atteignant les 500 m en certains endroits, est le plus grand des grands lacs de la Patagonie argentine. En plus, et c’est ce qui nous intéresse, le lac Argentino, le plus austral lac argentin, est renommé pour les glaciers impressionnants qui plongent directement dans ses eaux, tel le glacier Perito Moreno, l'un des trois seuls glaciers de Patagonie qui n'est pas en régression.
Mais le Parc des Glaciers ne se réduit pas au seul Perito Moreno et c’est justement ce que nous allons découvrir ce mercredi de novembre 2012 pendant une merveilleuse excursion en bateau sur le lac Argentino, entre les montagnes enneigées et sauvages et à travers d'impressionnants icebergs d'un bleu surréaliste.



Une fois embarqués sur un catamaran flambant neuf à Punta Bandera, un port situé à une vingtaine de kilomètres de El Calafate et juste en bas de Cerro Frias où nous étions un jour avant, je retrouve aussitôt ma place sur le pont, désert comme toujours entre les escales, contrairement à ma moitié qui lui, en personne normale, (ben oui, on m’a déjà dit dans mon entourage français que je suis « spéciale ») préfère généralement la chaleur commode de l’intérieur. Et vous pouvez être sûrs que je suis resté sur le pont presque tout le trajet, aux maints risques et périls. Et je n’exagéré rien! Exemple: un petit moment d’inattention et ma très chère casquette Lafuma s’est envolé à une belle vitesse. Par miracle, elle est restée plantée sur la coque et a résisté à tous les vagues. Ben, normal : le feutre devient lourd quand il prend l’eau. Et je l’ai finalement récupérée, car un des marins a bien voulu venir m’aider et avec un harpon il a réussi à la récupérer, merci le marin, même si ce n’est que le lendemain que j’ai pu l’utiliser, of course ! Encore, heureusement que c’était presque la fin du trajet, autrement j’aurais pu moi aussi devenir un glacier, (ce qui ne m’aurait pas peut être déplu tant que ça, hein)…
Mais, même avec ça, je ne serais pas entré à l’intérieur pour rien au monde ! Il me fallait cet air fort, le vent, l’écume blanche des vagues derrière le bateau, je ne pouvais pas supporter une vitre entre moi et ce magnifique paysage, même si j’entrais parfois, il me fallait ressortir aussitôt pour photographier, pour filmer, ou tout simplement pour admirer. Et dans cette excursion, comme auparavant, je ne vois pas toujours en quoi c’est moi la « spéciale » et pas les autres qui, malgré le fait qu’il ne fait pas froid, restent à l’intérieur. Et je ne parle pas ici de mon mari, qui lui au moins il a une bonne excuse avec ses genoux, mais tous les autres touristes, la grande majorité beaucoup plus jeuns que moi. Et finalement tant mieux, j’avais le plus souvent ces paysages ensoleillés presque pour moi tout seule, à l'heure où le lac Argentino revêt ses plus belles couleurs d'un bleu laiteux inoubliable : ce sont les sédiments arrachés à la pierre par les glaciers qui donnent cette couleur si particulière à l'eau.
Avant de continuer avec mon compte rendu du voyage, je vous mets ici une photo satellite (merci google earth !) avec le trajet de notre excursion (merci google earth !), pour mieux situer les endroits que nous avons visité. En cliquant dessus vous avez le format lisible.



Nous avons commencé la navigation en remontant d’abord le bras Nord du lac en direction du glacier Uppsala, sans pouvoir l’approcher à cause d’une multitude d’icebergs qu’il a engendré lui-même et qui bouchaient l’entrée du fjord. Nous apprenons quand même que ce glacier doit son nom à l’Université homonyme en Suède, qui fut la première à effectuer au XXe siècle une étude de relèvement sur la région environnante et aussi qu’il intègre une vallée avec plusieurs glaciers d’où sa longueur impressionnante de plus de 850 km2 et ses parois s’élevant à presque 80 mètres.
Malheureusement nous apprenons aussi que des icebergs de taille considérable détachés du Glacier Upsala, (toujours lui ?) sont restés à la dérive et empêchent de continuer la route de navigation jusqu’à la Baie Onelli. Donc pas de glacier Onelli et ses voisins Bolado et Agassiz et le débarquement dans leur baie pour nous émerveiller devant «la forêt patagonique, peuplée de différentes espèces d’arbres tels que des ñires, canelos et lengas (c’est-à-dire des hêtres d’antarctique, Canelle de Magellan et hêtres blancs, ) non plus.
Un peu dépités mais pas trop, car la beauté irréelle de ces icebergs flottant sur des eaux d’un bleu étrange nous fascine et nous avons toujours, pour nous combler, le ciel d’un bleu intense presque sans nuages et tout autour les majestueuses montagnes où la dureté des roches est adoucie par le vert des arbres ou plutôt des arbustes éparses mais bien présents sinon par la neige qui persiste encore sur les hauteurs.
Nous rebroussons chemin et nous orientons vers le bras Spegazzini pour admirer enfin notre premier glacier, c’est-à-dire le glacier du même nom qui, avec ses 135 mètres de hauteur, est en fait le plus haut du parc ! C'est magique ! On oublie la foule qui se bouscule parfois sur les ponts, mieux que ça, on fraternise, on se photographie à tour de roll, séparément ou ensemble.
Ensuite nous continuons notre route à travers le canal des icebergs, les magnifiques sculptures de glace qui nous accompagnent et que nous avons le temps de prendre en photos et admirer longuement pendant que le bateau avance vers la face nord du Glacier Perito Moreno. Là nous nous arrêtons un bon moment, déjà pour attendre que le bateau frère qui navigue devant nous libère l’endroit pour pouvoir à notre tour nous approcher au plus près de cette merveille qui craque , grince et gronde sans cesse. Puis, il faut attendre un bon moment pour que des blocs de glace se détachent et tombent dans l'eau, car le spectacle offert par la compagne se doit d’être complet. Et ça arrive enfin, un bloc énorme tombe à l’eau en faisant jaillir d'énormes des trombes de glaces et des vagues, avec un bruit de tonnerre qui se répercute contre les montagnes et résonne à nous faire peur, sous les cris des "oh" et des "waouh" de la foule : mais non, mais non, les marins ne se trompent pas, la bonne distance a été quand même respectée ! Enfin, en contournant la presqu’Isle de Magellan nous revenons à Punta Bandera où le micro bus nous attend pour nous amener à notre hôtel. Apres une petit pause je prends mes cliques et mes claques et je me dépêche seule en ville pour la connaitre un peu mieux. Pas pour longtemps, malheureusement, car il fait vite nuit et seule parmi des éventuels chiens errants, je ne suis pas trop à l’aise quand même…


Le lendemain, rebelote ! Cette fois pour une visite spéciale au Glacier Perito Moreno, le glacier le plus célèbre au monde, déclaré Patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO en 1981. Il a reçu son nom en hommage au grand explorateur de la région patagonique, Francisco Moreno, connu sous l’appellation de Perito Moreno, c’est-à-dire l’expert Moreno.

Après avoir longé de nouveau sur 20 kilomètres le lac Argentino bordé par la Cordillère des Andes qui sépare l’Argentine de Chili, nous entrons dans le Parc National Los Glaciares où, pour commencer la visite nous prenons de nouveau un bateau, cette fois juste pour avancer sur le bras Rico jusqu’à la face sud du glacier. Au bord du bateau je retrouve le même plaisir et la même atmosphère et le même émerveillement qu’hier, les montagnes, le bleu laiteux du lac, la foule joyeuse, tout contribue à mon bien être. Enfin, nous arrivons devant le glacier, mais même là, avec une vue panoramique frontale, il est difficile de se faire une idée de son immensité: long de 30 km, large de 4km, sa superficie est de 195 km2 et sa hauteur va de 30 à 60 mètres. Nous revenons vers le petit port sans nom où nous montons de nouveau dans le bus et après avoir contourné tout la presqu’Isle de Magellan nous arrivons à un site qui permet de voir le glacier dans son ensemble depuis des passerelles prévues à cet effet, comme à Iguazu, l’autre site classé dans le patrimoine UNESCO que nous avons visité en Argentine. Un restaurant y a également été très opportunément construit et c’est là que notre charmante guide nous donne rendez-vous, mais avant de nous restaurer nous prenons le temps d’observer le glacier depuis différents points panoramiques et belvédères, en parcourant ces passerelles en longue et en large, en regardant autant vers la face sud du glacier que vers la face nord.

Nous apprenons que, unique en son genre, le glacier Perito Moreno avance de manière permanente (env. 2cm/jour) et il finit périodiquement par atteindre une avancée rocheuse en coupant le passage des eaux du lac entre le Brazo Rico, vers le sud et le Canal de los Tempanos (le canal des icebergs) au nord.. Forcément, alors le niveau des eaux du Brazo Rico monte et exerce une pression sur la glace. Les eaux cherchent naturellement leur passage et passent sous la glace, ce qui forme un pont qui va céder peu à peu sous la pression du glacier qui continue d’avancer, ce qui fait que son front se désagrège avec grands fracas, produisant une vrai « rupture » du glacier. Ce phénomène est assez rare mais il s’était déjà produit avec une grande intensité en 1998, 2004, 2006 et 2008, et, la dernière fois, le vendredi 02 mars 2012 à 20h10, donc longtemps avant notre arrivée. Mais même si les ruptures totales du front du glacier sont rares et que nous savions que nous n’avons aucune chance d’en apercevoir une, les détachements de blocs de glace sont assez réguliers et j’ai eu moi aussi la chance de voir et même de filmer le détachement d‘un tel bloc de la paroi sud du glacier, ce qui a produit un bruit retentissant et des nuages des glaces retombant à des dizaines de mètres sur les eaux calmes du lac.



Enfin, il y a qui rouspètent contre tout ces infrastructures du parc des glaciers, mais moi, qui n’ai plus l’âge d’y aller en vélo ou à pieds, j’étais trop contente de pouvoir y accéder en toute tranquillité, de pouvoir non seulement observer et admirer le glacier, mais aussi la nature ainsi préservée du parc, qui était de toute beauté, avec ces fameux firebush, canelos et autres arbustes endémiques dont je ne connais pas le nom et qui ont eu l’amabilité de fleurir à cette époque. Ou avec les beaux arbres verts et même ceux brulés par le vent et le gel ou je ne sais pas trop quoi qui sont devenus des admirables sculptures naturelles… C’était magique et c’est inoubliable ! Et j’ai du mal à choisir parmi les nombreuses photos, une plus belles que l’autre, qu’en bonne touriste de base j’ai fait à tour de bras ! Tant pis pour les esprits plus «évolués », écolos et critiques, moi j’ai mes souvenirs, qui sont merveilleuses !

  retour  
 

1 commentaire:

  1. coucou Mirona, c'est moi "Mélusine" du forum de Nolwenn.........je ne viens plus sur le forum depuis 2 ans je crois, mais pour l'affaire de Charlie Hebdo", je suis venue faire un tour sous un autre pseudo puisque le mien n'existe plus (le nouveau est : kikie".........je pense que j'ai été radiée......ti y parles de ton Facebook et j'aimerais bien connaître ton pseudo là-bas, car j'aimerais te suivre.......j'ai toujours aimé te lire et j'adhérais le plus souvent à tes idées.....Aujourd'hui, nous vivons, mon mari et moi en Thaïlande depuis 1 an et j'ai un blog sur lequel je raconte notre vie et nos aventures. Tu me trouveras sous le pseudo "kiki de là-bas".......j'aimerais pouvoir échanger de nouveau avec toi ! bises

    RépondreSupprimer

Merci pour votre commentaire. Il sera affiché sur le blog dès qu’il sera validé.