mardi 4 mars 2014

Argentine J1: Iguaçu, Bresil!

Don’t cry for me, Argentina…

Qu’est-ce qu’elle est belle cette chanson, n'est-ce pas? Surtout dans sa version initiale, celle de Julie Covington.

Il y a un an, en commençant mon CR de voyage argentin, cette chanson  me trottait tout le temps dans la tête. Mais bien sûr que c’est plutôt l’inverse qui se produit, c’est à dire c’est moi qui cry for Argentina car Argentina s’en fout, elle ne s’est même pas aperçu que je l’ai visité le mois de novembre 2012, tant notre voyage fut court…

Mais assez de bla bla bla, je ferais mieux de me lancer dans mon récit de voyage maintenant, pendant que mes souvenirs sont encore relativement fraîches, à plus d’une année distance et plusieurs problèmes de santé ou autres… Et même peut être que les souvenirs vont me faire du bien, va savoir…Et puis, je me fais un devoir de compléter mon blog de « grands voyages », même si ça n’intéresse personne ou presque ! Et mieux plus tard que jamais...

Pour commencer, j’ai beaucoup œuvré pour ce voyage, déjà pour convaincre ma moitié qu’il faut le faire, puis pour trouver un itinéraire à peu près complet et significatif, dans des délais et a un prix acceptable et qui, de surcroît, inclut des glaciers . Mais qu’est-ce que ça m'a pris avec ce désir intense de voir de près des glaciers et leur bleu irréel reflété dans des eaux limpides? Tout ce que je puisse dire c'est que depuis des années il me taraude! Et pour les voir j’avais à choisir entre l'Argentine et Alaska. Finalement j’ai choisi l’Argentine, car comme ça on pouvait avoir aussi un aperçu de l’Amérique du Sud, pardi…Quant au prix, après moult recherches je suis tombé sur l'agence Argentinian Explorer à Buenos Aires où, suite à un échange de mails conséquent et quelques coups de fils à Magalie, la très gentille et avisée représentante, j’ai pu finalement établir un itinéraire assez convenable, digne d'être approuvée et signée par l'ayant droit, c'est à dire ma chère et tendre moitié…

Mais oui, mais tout cet effort, plus les émotions de départ, plus d'autres événements qui se sont succédé dans la période qui précédait le départ (je vous épargne les détails), m’ont déclenché une crise d’ulcère, accompagnée du méléna, ce qui m’a foutu une trouille pas possible… Ben oui, l’idée d’être obligée de renoncer au voyage ou, encore pire, d'être malade en Argentine, ne me souriait guère...

Bon, j’ai pris mon mal en patience, en espérant de ne pas faire une trop grosse anémie et, avec des médicaments adéquats, plus des paquets de Krisprolls en réserve (si, si, ça aide!!!), accompagnée par mon cher et tendre, je suis monté en avion mercredi, le 14 novembre 2012 à 6 heures du matin à l’Aéroport de Clermont-Ferrand pour un voyage de 40 heures, escales incluses. Ben oui, de chez nous, via Paris, Rome, Buenos Aires, avec le transfert entre les deux aéroports, Ezeiza, et l’Aéroparque Jorge Newbery, où nous sommes arrivés jeudi matin vers 11h30, nous avions fait exactement 40 heures jusqu’à l’arrivée à notre hôtel de Puerto Iguazu, notre première escale en Argentine… Je ne vous décris pas les interminables escales sur tous ces aéroports, quoiqu’à Paris et Rome, encore ça allé, avec les magasins de luxe plaisants à regarder &co. Mais à l’Aéroparque Jorge Newbery, fatigués après toutes ces heures de voyage, affamés et désorientés, dans un pays dont nous ne comprenions pas la langue, au début c’était vraiment difficile. Je dis au début, car nous n’avons pas tardé de nous orienter et même de nous enhardir, surtout après que nous avons trouvé les informations d’embarquement et nous nous sommes débarrassé de nos bagages !) au point de sortir de l’aéroport et de traverser une large route, pour aller sur le bord du Río de la Plata avec son vaste estuaire et 219 km de large qui se confond ainsi avec la mer d'Argentine dans laquelle il plonge.

Mais ce n’est qu’en montant à l’étage pour l’embarquement que nous avons vu que l’idée de manger un sandwich dans le premier bar trouvé au rez-de-chaussée n’était pas la meilleure. Ben, c’était fait, c’était fait : la prochaine fois, c’est-à-dire quand nous ferons escale pendant le voyage vers Ushuaia, nous ne répèterons pas l’erreur et nous mangerons un super entrecôte de bœuf argentin (je vous dis tout de suite whaouuuuu) avec les frites adjacents au restaurant-exprès du premier étage !

Enfin, après un court et plaisant vol au-dessus d’immenses étendus plus ou moins planes et abondamment couvertes d’eau et après un encore plus court trajet en taxi à travers une forêt qui nous donne un aperçu de ce que ça veut dire la forêt tropicale, nous voilà descendus au milieu de nulle part, mais devant notre hôtel à Iguazu. De l’extérieur, l’hôtel réservé par Magalie, planté sur un gazon dont le vert ressortait joyeusement sur un fond de terre rougeâtre, volcanique, avait l’air correct. La distance relativement grande du centre-ville de Puerto Iguazu ne nous dérangeait pas tant que ça, vu que nous étions là pour voir les cascades et non pas la ville, même si celle-ci ne manquait pas d’intérêt de mon point de vue, qui suis fortement intéressée aussi par la vie des gens des pays que je visite. L’intérieur aussi avait l’air assez bien, sauf un premier accroc après que nous sommes entrés dans la chambre offerte par la standardiste au rez-de-chaussée «côté cour», c’est à dire, vers le derrière de l'hôtel. Mais elle nous l’a échangé aussitôt à ma demande, car l’idée de rester trois nuits dans une chambre avec les fenêtres bloqués et une vue dégelasse, (le derrière de l’hôtel servant de poubelle sauvage), m’étant intolérable, j’ai carrément couru aussitôt à la réception, avant d’être arrêté par mon mari, qui est plutôt timide dans des cas pareils et ne veux pas «se faire remarquer» … La nouvelle chambre, à l’étage, toujours côté «cour», mais cette fois avec les fenêtres donnant sur une large terrasse qui cachait bien la misère, était correcte, récemment rénovée et donc propre. Sauf l’installation de la baignoire était bizarre, l’eau, pourtant en abondance dans la région comme nous avons pu voir, coulait ici dans un mince filet permettant à peine le lavage, etc… Mais, finalement, nous nous sommes débrouillé et le personnel étant vraiment gentil et vu qu’on pouvait même dîner sur place (mon mari, avec son mal aux genoux ne voulant pas sortir les soirs) et assez bien (pour mon mari toujours, car moi, avec mes problèmes digestifs dont je parlais plus haut, j’avais pas trop quoi manger) et à un prix vraiment bas, c’était O.K.…

De toute façon, la première soirée nous n’avions qu’une seule idée en tête, nous coucher le plus tôt possible, pour être frais et dispos le lendemain pendant la visite de notre premier objectif argentin, les célèbres cataractes! Je dois dire qu'à priori je ne savais pas grand-chose les concernant, à part le fait que les images étaient spectaculaires et que de toute façon moi j'adore les cascades! Depuis que je les ai vues, je n’arrête pas à m'informer: le net est fait pour ça pardi. Et pour ses chutes les informations, les photos et les comptes rendus de voyage pullulent! C'est clair, depuis que je voyage, la géographie me semble une discipline merveilleuse, dommage que je n'ai pas fait ça pendant le lycée, ça aurait augmenté ma moyenne, même si je n'avais pas besoin vraiment, en étant déjà la première de la classe...

Mais avant de continuer mon histoire, quelques mots concernant les chutes d'Iguazu ou Iguaçu (en portugais, langue officiel du Brésil): ben, comme vous pouvez vous attendre, elles sont le résultat d’une série de phénomènes tectoniques qui ont eu lieu il y a environ 200.000 ans. Ces mouvements ont généré une importante faille géologique dans le lit du fleuve Paraná, à sa rencontre avec la rivière Iguazu. Ceci  a donné naissance à une chute abrupte, profonde de 80métres, la Garganta del Diablo ou, en français, La Gorge du Diable, puis à deux grands arcs de 2.700 m formés de 275 cascades qui interrompent d'une manière spectaculaire le plus ou moins  paisible cours de la rivière.

Situées à la frontière entre Argentine et le Brésil, la majorité des chutes sont en fait du  côté argentin, avec des passerelles qui permettent de s'en approcher de très près, mais le côté brésilien offre une meilleure vue frontale de l’'ensemble.

Les chutes, nichées dans une forêt tropicale plus ou moins endémique,  comptent parmi les plus impressionnantes au monde.  Protégées par un parc national dans chaque pays et depuis 1984 inscrites au Patrimoine naturel de l'humanité par l'UNESCO, elles ont été « découvertes » en 1542 par l'Espagnol Alvar Nuñez Cabeza  mais elles étaient bien sûr connus depuis longtemps par le  peuple guarani   qui vivait paisiblement dans la région longtemps avant l’arrivée des conquistadors.

Heureusement cette réalité est reconnue depuis longtemps, preuve, elles portent aujourd'hui le nom donné par le peuple guarani (« Y » =eau et « Guasu »=grande)   qui qui est aussi, comme il se doit, à l'origine d'une  légende qui « explique » la formation des chutes. Ainsi, la légende  raconte qu'il y a bien longtemps, le fleuve Iguazú était habité par un énorme serpent appelé Boi. Chaque année, une jeune fille lui était sacrifiée, jetée dans la rivière. Un jour, le jeune cacique Taroba tomba amoureux de Naipi, la belle jeune fille choisie pour le sacrifice. Il tenta en vain de convaincre les anciens de l'épargner. Alors il l'enleva la veille de la cérémonie et s'enfuit en canoë. Furieux, Boi interrompit le cours du fleuve, formant les chutes, et transforma Taroba et Naipi en arbres. Caché dans la Garganta del Diablo, il veille à ce que les amants ne puissent jamais se rejoindre. Mais les jours de soleil, un arc-en-ciel unit les deux arbres...

Pour revenir à mon histoire, vendredi matin nous nous sommes réveillés  de bonne heure  afin d’avoir assez de temps pour prendre le petit déjeuner et nous préparer pour le départ vers les fameuses cascades, côté Brésil… Comme prévu,  un taxi est arrivé nous prendre à 8h30, avec à bord la guide, qui était aussi «le chauffeur», et deux jeunes Argentins bien installés déjà aux meilleurs places. Heureusement que la distance jusqu’au côté brésilien de la cascade (but e la journée) n’était pas trop grande, car leur papotage incessant en espagnole avec la guide (qui apparemment les connaissait déjà) était vraiment fatiguant! Heureusement aussi que le trajet et les cascades se suffisaient à eux-mêmes, car les explications en anglais étaient rares, voire inexistantes!


      Iguazu. Hotêl Carmen          Iguazu. Notre group.

Bon, c'est vrai qu'elle nous a dit quand même que nous traversons « Le Pont International de la Fraternité», le pont qui surplombe le Rio Paraná et permet de passer d’Argentine au Brésil. Mais j’ai dû apprendre ailleurs (long vie à Internet !) que les bordures du pont sont peintes aux couleurs de l’Argentine jusqu’à son centre, puis ce sont les couleurs du Brésil qui enchaînent et quelques part par-là la rivière Iguaçu ou Iguazú (c'est selon), après avoir offert à l'humanité les célèbres chutes, se jette dans cette Paraná-ci, au niveau de la Triple frontière entre Argentine, Paraguay et Brésil. Par contre, elle nous a expliqué que les gens qui passé dur des vélos surchargées, font des trafics de frontières (ce que c’était évident) et que c’est même permis dans des certaines limites ! Mais nous ne nous arrêtons pas et nous fonçons tout droit vers le poste de frontière entre Brésil et Argentine où c'est la guide qui s'occupe de nous faire tamponner les passeports et de payer la douane (premier argent en plus par rapport au prix du voyage)... Au passage, on change de langue et de monnaie, désormais nous payons en reals et non plus en pesos, ce que nous perturbe un peu: nous sommes loin de l'Europe et sa zone Euro. Heureusement, encore une fois, que la guide est là pour s'en occuper.

Enfin, nous voilà dans un bus, en route vers les cascades, en fait seulement jusqu'à un point terminus devant le bel hôtel «Das Cataratas», dont nous admirons au passage la belle architecture «coloniale» el la pas moins belle pelouse qui l'entoure.

De là nous allons vers un sentier qui longe la rivière sur quelques 1200 mètres et nous permet de découvrir une suite des cascades, de plus en plus impressionnantes,  jusqu’à la chute principale d’Iguazu, la grandiose  « Gorge du Diable », en offrant sur le parcours des postes d’observation bien aménagés et bien placés pour pouvoir les admirer une après l'autre en toute tranquillité (quoique, un peu serrés par la foule)  et avoir ainsi une vue panoramique du site...

J'étais aux anges! Ces cascades qui ont impressionné tous ceux qui les ont vus, en commençant avec le peuple guarani, (installé dans les environs depuis l'an 1000) qui leur a donné le nom (car Y signifie eau et Guazu, grande, nous dit-on), et en terminant avec Winston Churchill, qui disait quelles reléguaient les Victoria et les Niagara Falls au rang de "cataractes de baignoire".

Sans rien exagérer, car Niagara, que j'ai vu il y a douze ans, est très impressionnante aussi, je dois admettre qu'elle n'a pas la grandeur et la beauté de ces chutes-ci.

Déjà si on regarde seulement les chiffres, c'est à dire 275 chutes, atteignant des hauteurs entre 55 et 80 m et se déversant dans un gouffre sur une largeur de près de 4 Km entre les rochers, on peut comprendre pourquoi cette merveille naturelle a été inscrite au Patrimoine Mondial par UNESCO, (et heureusement, car qui sait quelle horreur on aurait pu encore y construire, sinon...).

Mais quand on voit la beauté majestueuse du paysage, on reste carrément sans voix! Nous avons eu la chance d'une journée magnifique, sans un seul nuage, sauf les nuages d'eau des cascades qui amplifient le vert intense de la forêt tropicale et nous rafraichissent gracieusement. Le ciel est d'un bleu sans limite, les arcs en ciel, les fleurs et les papillons de toutes les couleurs, tout et beau ici! Quel contraste avec le froid humide de novembre que nous avons laissé en Auvergne! Nous avançons difficilement sur une passerelle jusqu'au plus près de la plus grande cascade, la célèbre «Gorge du diable», en essayant de trouver un petit chemin dans la foule compacte mais joyeuse qui continuait à photographier et filmer malgré la douche fraiche offerte gracieusement par le vaporisateur géant qui est cette cascade ...

Hôtel das Cataratas, Bresil. Les premières cascades
La Gorge du Diable (côté Brésil). La passerelle allant vers La gorge du diable

Pour finir, à part les cascades, nous avons vu des papillons, comme je l'ai déjà dit, des nids de caciques, mais pas des toucans ou autres jaguars, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que c'était le mois de novembre? De toute façon, si c'est la raison, je ne regrette pas la date, car vu la foule compacte qui nous a accompagné tout le temps, ben je peux très bien m'imaginer qu'est-ce que ça devrait être l'été (c'est à dire, les mois de décembre, janvier et février) quand les Argentins prennent des vacances... Ce que nous pourrions peut être regretter c'est que la guide était pressée de finir son programme et par conséquent nous n'avions pas pu survoler en hélicoptère les chutes ou visiter (éventuellement) la zoo, pour voir les animaux tropicaux. Mais de toute façon, vue notre état de fatigue (nous n'avions pas encore récupéré après le voyage de quarante heures en avion!) je ne suis pas très sûre que nous aurions voulu le faire!

Enfin, j’arrête ici avec la visite des cascades côté Brésil. Pour plus de photos vous pouvez aller voir sur ma page Picasa web à l'adresse: https://picasaweb.google.com/101474784273509401311/IguazuArgentineBresil15161718Nov2012# .

Il y a même une petite vidéo ici: https://picasaweb.google.com/101474784273509401311/VideoIguazuBresil161112#

De retour à l’hôtel vers 13 heures, nous avons décidé d’aller manger au restaurant de vis-à-vis. N’en ayant pas l’énergie de parcourir, sous le soleil de plomb qui rendait le rouge-ocre de la terre encore plus rouge (ou plus ocre ?) la distance de quelques 600 mètres , sinon plus, jusqu'au passage piéton, nous nous sommes aventurés parmi les voitures qui circulaient à tout vitesse, en sautant en plus un mur de béton et les talus plantés stratégiquement au milieu pour nous empêcher de le faire... Mais finalement nous sommes arrivés à bon port et en bon état, preuve que nous sommes encore jeunes et pas seulement dans la tête. Ça nous a tellement ragaillardi et réchauffé « le cœur », (ou plutôt le corps, hein), que nous avons aussitôt commandé une bière (eh oui, la bière ne me faisait pas mal au ventre !!!) et nous n'avons même pas attendu l'entrecôte pour commencer à la boire! C'est vrai aussi qu'il fut long à venir, mais l'attente méritait la peine, car je dois dire qu'il a été le meilleur entrecôte que nous avons mangé en Argentine, c'est à dire le meilleur entrecôte que nous avons mangé tout court, et pas seulement moi, mais aussi mon mari, nourri à la Charolaise et autres Salers...
Le restaurant lui-même n'avait pas l'air trop fier, il ressemblait plutôt à une cantine de province, mais les gens qui faisaient la fête autour de nous étaient d’emblée bon signe, car ils avaient l'air de venir de la ville spécialement pour fêter ici leurs anniversaires ou je ne sais pas quoi...

Nous sommes sortis du restaurant vers 15 heures pour affronter de nouveau la dangereuse traversée de l'autoroute, cette fois le ventre plein et la tête un peu engourdie... Mais comme le soleil tapait encore plus fort qu'à l'arrivée, nous n'avons pas hésité une seconde : traverser la route et sauter le mur du milieu nous paraissant une épreuve beaucoup moins difficile que la marche à pied jusqu'au passage piétons.

Une fois à l’hôtel mon mari, épuisé, a décidé tout de suite d'y rester, pendant que moi, en pensant au fait que nous avons seulement cette journée pour visiter la ville d'Iguazu et pour éventuellement trouver une banque et changer de l'argent, j'ai pris mon courage à deux mains et... en route vers la station du bus, située à presque un kilomètre de l'hôtel, Je l'ai trouvé assez vite, malgré le fait qu'il n'y avait aucune enseigne pour la signaler, mais les gens qui se tenaient début à l'ombre d'un poteau électrique, faute d'un autre endroit où se protéger du soleil qui frappait de plus en plus fort, étaient une bonne signalisation... Je me suis approché quand même d'un citoyen qui me paraissait être un touriste, comme moi même, pour m'en assurer et là j'ai eu toutes les informations que je voulais et en français s'il vous plaît. Le dit citoyen était un homme d'une belle stature, soixantaine pimpante, genre retraité du SNCF ou Air France venu des Caraïbes (car plein aux as et pas trop marqué par le travail, lol) pour visiter l'Argentine. Pourquoi les Caraïbes ? Parce qu'il était bronzé, nonchalant, imbu de sa personne et surtout accompagné d'une belle jeunette typée qui, soumise, s'est approché aussitôt pour signaler l'appartenance. Lui bien habillé et fier de l'être, elle, une petite robe modeste et des tongs. Gauguin et une de ses haïtiennes, quoi! Ceci dit, il avait l'air d'y passer ces vacances dans ces endroits depuis longtemps, en connaissant bien les environs, car il m'a expliqué d'un ton péremptoire qu'à Puerto Iguazu il n'y a rien à voir, qu'il faut aller voir plutôt le site des 3 frontières, comme le font lui et sa (docile et silencieuse) compagne.

Pendant que nous parlions, une voiture (ne me demandez pas la marque, car je suis nulle dans ce domaine!) c'est arrêtée devant nous et mon interlocuteur s'est approché pour voir pourquoi. Après un bref échange il accepte la proposition du chauffeur et nous fait signe de monter Me voilà donc embarquée dans la voiture d'un inconnu en compagne avec deux autres inconnus, même si la fille ne représentait pas, à l'évidence, un grand danger, au contraire...

Je dois reconnaître quand même que je n'étais pas tout à fait rassurée, par conséquent j'ai interrompu la conversation que les deux hommes ont démarrée au même moment que la voiture, pour demander combien ça va me coûter le voyage jusqu'au centre-ville : au moins comme ça je m'assurais que je suis dans un taxi clandestin, même si le prix ne me convenait guerre !

Enfin, 15 minute et 27 pesetas en moins plus tard, me voilà sur une rue poussiéreuse, dans une ville poussiéreuse, écrasée par le soleil tropical, sans aucune envie de faire « la touriste » et même pas de chercher la fameuse banque. Mais, mon sens du devoir aidant, j'ai commencé quand même à explorer les lieux, en décidant de commencer par me trouver un T-shirt « souvenir », de préférence un peu plus convenable pour le climat local que ce que j’avais dans ma valise. Ben oui, j'étais plutôt préparée pour l’Antarctique et les glaciers, et je croyais naïvement que l'eau de la cascade et l'ombre de la forêt me protégeraient suffisamment de la chaleur raisonnable d’un mois de mai. C'est que je ne connaissais pas les tropiques...
Je suis donc entrée dans une petite échoppe où deux fille tuaient le temps en papotant de plus belle, et où , comme d'habitude, prise de remords après avoir interrompu leur conversation et étaler toute leur marchandise sur le comptoir, je me suis sentie obligée d'acheter à prix d'or un T-Shirt assez moche, qui avait quand même le mérite d'être blanc.
Apres cet achat, de nouveau en route ! Sauf que, mon organisme n'étant plus habitué avec une telle chaleur (en Auvergne, même en pleine été, ce n'est pas comparable), pire encore, tout de noir vêtue sous ce soleil de plomb, je vous dit qu'il me fallait de la volonté déjà pour chercher la banque, alors, visiter la ville, ben, c'est vraiment très vite que je n'ai plus ressenti aucun intérêt ! Surtout qu’après avoir fait quelques kilomètres (bon, j’exagère un peu, mais dans ces circonstances les distances me paraissaient forcément énormes) pour trouver la banque, elle était déjà fermée, avant l'heure ! D'un coup je suis entrée dans une pâtisserie où je me suis acheté de l'eau, (déshydratation oblige) après quoi je me suis vite intéressée de la station de bus pour le retour à l’hôtel.. Et c'est donc de cette station, assise par terre (ou presque) devant une cafétéria dotée d'une terrasse ombragée où des petits et des grands savouraient leur glaces que je me suis appliquée à étudier la ville et ses habitants, tout en sirotant lentement mon eau (ben oui, vu mes problèmes digestives, c'était tout ce que je pouvais me permettre) ...

D'autres gens attendaient eux aussi avec patience autour de moi, des indigènes, dont une jeune et son compagnon qui m'ont confirmé que le bus qui va à mon hôtel doit s'arrêter dans cette station, mais aussi des étrangers, comme ces deux jeunes « hippies » parlant anglais. J'ai regardé attentivement les bâtiments dans cette rue, des maisons avec un seul étage, avec des magasins au premier niveau et des fenêtres sans rideaux, ou même avec les volets fermés, au deuxième, dommage que je n'ai pas pris mon appareil pour faire des photos, mais j'étais tellement sûre que nous reviendrons le lendemain... Pour tout dire, cette rue me faisait pensé bizarrement à certaines rues des villes de Roumanie, dans la pleine du Danube, Caracal, ou Zimnicea, ou peut être Turnu Magurele : là aussi les chaleurs d’été sont écrasantes, et les maisons anciens (pas les récents bâtiments communistes) sont plus ou moins semblables…

Après une certaine attente, le bus est arrivé enfin, j'ai eu même une place devant, à la fenêtre, et comme il a traversé tous les quartiers de la périphérie de la ville, j'ai pu voir assez pour me rendre compte que c'était une petite ville poussiéreuse, de steppe, comme il y a partout dans le monde. C'est par conséquent sans regret que je suis arrivée à notre hôtel, juste à temps pour prendre une bonne douche et pour me préparer pour le dîner.

Argentine J 6-7, El Calafate

Chaque fois que je commence une nouvelle histoire je me dis que je n’ai pas beaucoup à raconter… Et pourtant… Après, je vois qu’au contraire, j’ai tant des choses à dire qu’il me faut ouvrir des nouvelles pages, encore et encore…
Pareil pour les glaciers ! Pour commencer je me demande qu’est-ce qu’on peut raconter sur les glaciers à des gens qui ne ressent pas la même fascination les concernant ? Et encore moins aux autres, ceux qui sont déjà acquis à leur beauté!
Je dois avouer qu’en ce qui me concerne ce sont les émissions de Nicolas Hulot qui m’ont donné envie d’aller les voir et j’ai beaucoup réfléchi comment faire pour y parvenir. Pas des excursions aux Pôles, quand même, hein. J’avais alors, d’après moi, à choisir entre Alaska et Argentine, ne me demandez pas d’ailleurs comment je savais qu’ils y existent! Bref, comme Argentine avait en plus l’atout de faire partie de l’Amérique du Sud, continent que nous n’avons pas encore visité et comme en plus le lac Argentino était situé au milieu de la Patagonie, région du monde fascinante par elle-même, le choix a été vite fait et, vus mes arguments, approuvé par « le chef ».
Et voilà comment et pourquoi nous sommes arrivés à El Calafate, une ville au milieu de nulle part dont le principal intérêt c’est qu’elle est située au bord du lac mentionné plus haut, lequel, avec une superficie de 1 466 km2 et  une profondeur moyenne de 150 m, atteignant les 500 m en certains endroits, est le plus grand des grands lacs de la Patagonie argentine. En plus, et c’est ce qui nous intéresse, le lac Argentino, le plus austral lac argentin, est renommé pour les glaciers impressionnants qui plongent directement dans ses eaux, tel le glacier Perito Moreno, l'un des trois seuls glaciers de Patagonie qui n'est pas en régression.
Mais le Parc des Glaciers ne se réduit pas au seul Perito Moreno et c’est justement ce que nous allons découvrir ce mercredi de novembre 2012 pendant une merveilleuse excursion en bateau sur le lac Argentino, entre les montagnes enneigées et sauvages et à travers d'impressionnants icebergs d'un bleu surréaliste.



Une fois embarqués sur un catamaran flambant neuf à Punta Bandera, un port situé à une vingtaine de kilomètres de El Calafate et juste en bas de Cerro Frias où nous étions un jour avant, je retrouve aussitôt ma place sur le pont, désert comme toujours entre les escales, contrairement à ma moitié qui lui, en personne normale, (ben oui, on m’a déjà dit dans mon entourage français que je suis « spéciale ») préfère généralement la chaleur commode de l’intérieur. Et vous pouvez être sûrs que je suis resté sur le pont presque tout le trajet, aux maints risques et périls. Et je n’exagéré rien! Exemple: un petit moment d’inattention et ma très chère casquette Lafuma s’est envolé à une belle vitesse. Par miracle, elle est restée plantée sur la coque et a résisté à tous les vagues. Ben, normal : le feutre devient lourd quand il prend l’eau. Et je l’ai finalement récupérée, car un des marins a bien voulu venir m’aider et avec un harpon il a réussi à la récupérer, merci le marin, même si ce n’est que le lendemain que j’ai pu l’utiliser, of course ! Encore, heureusement que c’était presque la fin du trajet, autrement j’aurais pu moi aussi devenir un glacier, (ce qui ne m’aurait pas peut être déplu tant que ça, hein)…
Mais, même avec ça, je ne serais pas entré à l’intérieur pour rien au monde ! Il me fallait cet air fort, le vent, l’écume blanche des vagues derrière le bateau, je ne pouvais pas supporter une vitre entre moi et ce magnifique paysage, même si j’entrais parfois, il me fallait ressortir aussitôt pour photographier, pour filmer, ou tout simplement pour admirer. Et dans cette excursion, comme auparavant, je ne vois pas toujours en quoi c’est moi la « spéciale » et pas les autres qui, malgré le fait qu’il ne fait pas froid, restent à l’intérieur. Et je ne parle pas ici de mon mari, qui lui au moins il a une bonne excuse avec ses genoux, mais tous les autres touristes, la grande majorité beaucoup plus jeuns que moi. Et finalement tant mieux, j’avais le plus souvent ces paysages ensoleillés presque pour moi tout seule, à l'heure où le lac Argentino revêt ses plus belles couleurs d'un bleu laiteux inoubliable : ce sont les sédiments arrachés à la pierre par les glaciers qui donnent cette couleur si particulière à l'eau.
Avant de continuer avec mon compte rendu du voyage, je vous mets ici une photo satellite (merci google earth !) avec le trajet de notre excursion (merci google earth !), pour mieux situer les endroits que nous avons visité. En cliquant dessus vous avez le format lisible.



Nous avons commencé la navigation en remontant d’abord le bras Nord du lac en direction du glacier Uppsala, sans pouvoir l’approcher à cause d’une multitude d’icebergs qu’il a engendré lui-même et qui bouchaient l’entrée du fjord. Nous apprenons quand même que ce glacier doit son nom à l’Université homonyme en Suède, qui fut la première à effectuer au XXe siècle une étude de relèvement sur la région environnante et aussi qu’il intègre une vallée avec plusieurs glaciers d’où sa longueur impressionnante de plus de 850 km2 et ses parois s’élevant à presque 80 mètres.
Malheureusement nous apprenons aussi que des icebergs de taille considérable détachés du Glacier Upsala, (toujours lui ?) sont restés à la dérive et empêchent de continuer la route de navigation jusqu’à la Baie Onelli. Donc pas de glacier Onelli et ses voisins Bolado et Agassiz et le débarquement dans leur baie pour nous émerveiller devant «la forêt patagonique, peuplée de différentes espèces d’arbres tels que des ñires, canelos et lengas (c’est-à-dire des hêtres d’antarctique, Canelle de Magellan et hêtres blancs, ) non plus.
Un peu dépités mais pas trop, car la beauté irréelle de ces icebergs flottant sur des eaux d’un bleu étrange nous fascine et nous avons toujours, pour nous combler, le ciel d’un bleu intense presque sans nuages et tout autour les majestueuses montagnes où la dureté des roches est adoucie par le vert des arbres ou plutôt des arbustes éparses mais bien présents sinon par la neige qui persiste encore sur les hauteurs.
Nous rebroussons chemin et nous orientons vers le bras Spegazzini pour admirer enfin notre premier glacier, c’est-à-dire le glacier du même nom qui, avec ses 135 mètres de hauteur, est en fait le plus haut du parc ! C'est magique ! On oublie la foule qui se bouscule parfois sur les ponts, mieux que ça, on fraternise, on se photographie à tour de roll, séparément ou ensemble.
Ensuite nous continuons notre route à travers le canal des icebergs, les magnifiques sculptures de glace qui nous accompagnent et que nous avons le temps de prendre en photos et admirer longuement pendant que le bateau avance vers la face nord du Glacier Perito Moreno. Là nous nous arrêtons un bon moment, déjà pour attendre que le bateau frère qui navigue devant nous libère l’endroit pour pouvoir à notre tour nous approcher au plus près de cette merveille qui craque , grince et gronde sans cesse. Puis, il faut attendre un bon moment pour que des blocs de glace se détachent et tombent dans l'eau, car le spectacle offert par la compagne se doit d’être complet. Et ça arrive enfin, un bloc énorme tombe à l’eau en faisant jaillir d'énormes des trombes de glaces et des vagues, avec un bruit de tonnerre qui se répercute contre les montagnes et résonne à nous faire peur, sous les cris des "oh" et des "waouh" de la foule : mais non, mais non, les marins ne se trompent pas, la bonne distance a été quand même respectée ! Enfin, en contournant la presqu’Isle de Magellan nous revenons à Punta Bandera où le micro bus nous attend pour nous amener à notre hôtel. Apres une petit pause je prends mes cliques et mes claques et je me dépêche seule en ville pour la connaitre un peu mieux. Pas pour longtemps, malheureusement, car il fait vite nuit et seule parmi des éventuels chiens errants, je ne suis pas trop à l’aise quand même…


Le lendemain, rebelote ! Cette fois pour une visite spéciale au Glacier Perito Moreno, le glacier le plus célèbre au monde, déclaré Patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO en 1981. Il a reçu son nom en hommage au grand explorateur de la région patagonique, Francisco Moreno, connu sous l’appellation de Perito Moreno, c’est-à-dire l’expert Moreno.

Après avoir longé de nouveau sur 20 kilomètres le lac Argentino bordé par la Cordillère des Andes qui sépare l’Argentine de Chili, nous entrons dans le Parc National Los Glaciares où, pour commencer la visite nous prenons de nouveau un bateau, cette fois juste pour avancer sur le bras Rico jusqu’à la face sud du glacier. Au bord du bateau je retrouve le même plaisir et la même atmosphère et le même émerveillement qu’hier, les montagnes, le bleu laiteux du lac, la foule joyeuse, tout contribue à mon bien être. Enfin, nous arrivons devant le glacier, mais même là, avec une vue panoramique frontale, il est difficile de se faire une idée de son immensité: long de 30 km, large de 4km, sa superficie est de 195 km2 et sa hauteur va de 30 à 60 mètres. Nous revenons vers le petit port sans nom où nous montons de nouveau dans le bus et après avoir contourné tout la presqu’Isle de Magellan nous arrivons à un site qui permet de voir le glacier dans son ensemble depuis des passerelles prévues à cet effet, comme à Iguazu, l’autre site classé dans le patrimoine UNESCO que nous avons visité en Argentine. Un restaurant y a également été très opportunément construit et c’est là que notre charmante guide nous donne rendez-vous, mais avant de nous restaurer nous prenons le temps d’observer le glacier depuis différents points panoramiques et belvédères, en parcourant ces passerelles en longue et en large, en regardant autant vers la face sud du glacier que vers la face nord.

Nous apprenons que, unique en son genre, le glacier Perito Moreno avance de manière permanente (env. 2cm/jour) et il finit périodiquement par atteindre une avancée rocheuse en coupant le passage des eaux du lac entre le Brazo Rico, vers le sud et le Canal de los Tempanos (le canal des icebergs) au nord.. Forcément, alors le niveau des eaux du Brazo Rico monte et exerce une pression sur la glace. Les eaux cherchent naturellement leur passage et passent sous la glace, ce qui forme un pont qui va céder peu à peu sous la pression du glacier qui continue d’avancer, ce qui fait que son front se désagrège avec grands fracas, produisant une vrai « rupture » du glacier. Ce phénomène est assez rare mais il s’était déjà produit avec une grande intensité en 1998, 2004, 2006 et 2008, et, la dernière fois, le vendredi 02 mars 2012 à 20h10, donc longtemps avant notre arrivée. Mais même si les ruptures totales du front du glacier sont rares et que nous savions que nous n’avons aucune chance d’en apercevoir une, les détachements de blocs de glace sont assez réguliers et j’ai eu moi aussi la chance de voir et même de filmer le détachement d‘un tel bloc de la paroi sud du glacier, ce qui a produit un bruit retentissant et des nuages des glaces retombant à des dizaines de mètres sur les eaux calmes du lac.



Enfin, il y a qui rouspètent contre tout ces infrastructures du parc des glaciers, mais moi, qui n’ai plus l’âge d’y aller en vélo ou à pieds, j’étais trop contente de pouvoir y accéder en toute tranquillité, de pouvoir non seulement observer et admirer le glacier, mais aussi la nature ainsi préservée du parc, qui était de toute beauté, avec ces fameux firebush, canelos et autres arbustes endémiques dont je ne connais pas le nom et qui ont eu l’amabilité de fleurir à cette époque. Ou avec les beaux arbres verts et même ceux brulés par le vent et le gel ou je ne sais pas trop quoi qui sont devenus des admirables sculptures naturelles… C’était magique et c’est inoubliable ! Et j’ai du mal à choisir parmi les nombreuses photos, une plus belles que l’autre, qu’en bonne touriste de base j’ai fait à tour de bras ! Tant pis pour les esprits plus «évolués », écolos et critiques, moi j’ai mes souvenirs, qui sont merveilleuses !

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Argentine J 5. El Calafate

Because la grève générale de mardi nous voilà arrivés à El Calafate plus tôt que prévu, i.e. lundi vers 17 heures, après seulement une petite heure et demie de vol. Rien à voir quand même avec le voyage infernal que nous aurions pu faire le lendemain si nous avions insisté de continuer avec le programme du voyage convenu à priori avec l’agence, c’est-à-dire l’excursion en train dans le Parc National Terre de Feu. Mais nous restons avec un regret quand même, malgré le fait que nous nous sommes débrouillé, comme vous allez voir, à bien remplir la journée de mardi, journée sans aucun programme prévu d’avance, vues les circonstances !
Comme je disais, après une heure et demie nous étions déjà à El Calafate, prises en charge par un employé de l’Agence. Quand même, le voyage organisé par une agence, en occurrence Argentinian Explorer, c’est vachement plus commode et même absolument obligatoire pour une excursion de courte durée à une telle distance de chez nous. Car faire tant d’heures en avion pour qu’après ne rien voir ou presque du pays qu’on visite, c’est vraiment frustrant. Je me rappelle notre premier voyage aux USA, quand nous avons passé une journée à nous tourner les pouces dans l’appartement de mes copains. Vu que cette journée représentait plus de 10% de notre voyage, vous comprenez bien qu’il y avait là une leçon pour tous nos voyages futurs : les voyages longues-distances il faut impérativement les organiser à l’aide d’une agence ! Et à cette occasion particulière nous étions trop contents d’avoir suivi à la lettre notre décision de l’époque.
Mais je vais revenir à mon histoire: un peu désarçonnés à la vue de l’aéroport « international », nous avons suivi le guide et monté dans un microbus à côté d’autres voyageurs. Après un quart d’heure ou quelque chose comme ça, le microbus s’est arrêté dans une ruelle poussiéreuse et nous étions invités de descendre devant une petite maison au milieu de nulle part. C’était notre hôtel ! Même pas le grand hôtel isolé seul dans les champs avec vue vers le lac, où nous avons laissé un jeune couple sur le parcours ! Hou là là, je me suis dit en regardant le paysage alentour, j’en ai fait une, car c’était moi l’organisatrice du voyage ! L’hôtel était plus petit encore que celui d’Ushuaia, mais je dois reconnaitre que la chambre, au premier étage, était correcte, très propre et lumineuse, même si pas vraiment luxueuse avec sa salle de bain aux robinets toujours pas trop bien fixés, (il fallait faire très attention pour que l’eau de la douche ne noie pas tout alentour) mais fonctionnelles. Le manque d'étagères, armoires ou quoi que ce soit pour mettre les objets personnels n'était pas un problème non plus, vu les deux lits suplémentaires dans notre chambre. Par contre, le voisinage, vraiment désolant au premier abord… Regardez un peu les photos pour comprendre mon ressenti  en arrivant à l’hôtel.

El Calafate, vu de nos fenêtres. Devant l’hôtel, « rue » vers le centre.
Notre chambre
Une maison sur la route qui va de l’hôtel vers le centre


A peine montée dans la chambre j’ai aussitôt descendu à la réception où une fille joyeuse, contente de pouvoir parler un peu l’anglais, a essayé de me convaincre que l’hôtel est vraiment pas très loin du centre, ce que j’avais du mal à croire. C’est que je ne connaissais rien de cette ville. Pour vérifier ces dires et aussi parce qu’il fallait trouver quelque chose à manger, nous avons laissé nos bagages tels quels et nous sommes partis illico presto « en ville ».
Je dois vous dire que finalement, en ce qui me concerne, je n’ai pas été déçue, j’étais même agréablement surprise ! Qu’est-ce que ça pouvait me faire que notre rue n’étaient pas goudronnée, ou qu’il y avait de la poussière sur la route, parfois même de l’eau à cause des fuites de canalisations, quand de chez nous jusqu’au « centre-ville » (c’est à dire la zone « civilisée », avec des magasins, des banques, des rues asphaltées et même une église) il n’y avait que 10 minutes à faire à pieds (ben oui, la réceptionniste avait raison !). Ou les chiens errants, encore plus nombreux ici qu’à Ushuaia, qui n’étaient pas du tout effrayants, car trop bien nourris par les habitants, quand le ciel était d'un bleu si intense ?! J’étais plutôt compréhensive, car je savais que l’explication pour cet état de choses à El Calafate, comme à Ushuaia, était très simple : le boum immobilier, du au développement intempestif du tourisme. «Vu le rythme effréné des nouveaux arrivants, la municipalité a déjà un grand mérite d’avoir assuré l’électricité et le sanitaire dans les nouveaux quartiers » nous disait notre guide le lendemain.
Ben oui, car El Calafate, située au pied de la Cordillère des Andes et au bord du lac Argentino, est une ville encore plus récente qu’Ushuaia, même si elle fut, officiellement, fondée par l'Etat argentin en 1927. Lequel état, afin de consolider le peuplement de la région, utilisa comme instrument privilégié la promotion de l’élevage ovin et par conséquent eu besoin dans la région d’un comptoir c’est-à-dire d’une plateforme de transit pour le commerce de la laine. Mais, malgré le succès indubitable de cette politique, au moins jusque dans les années ’50, avant l’effondrement des prix de la laine, en 2001 la ville comptait seulement 6 143 habitants.
Finalement, ce qui a fait la richesse de 'El Calafate ce n’est pas le commerce de la laine mais sa situation en bordure du Lago Agentino et surtout sa proximité avec le Parque nacional Los Glaciares et sa vedette, le glacier Perito Moreno. Preuve, si il en faut, que les dernières années, du à l’engouement de plus en plus grand du public pour la nature sauvage et surtout pour les glaciers la population de la ville a été multipliée par quatre. En cause aussi la dévaluation du peso qui a permis l’arrivée des beaucoup des touristes étrangers et surtout la crise financière de 2001 qui a frappé de plein fouet Argentine, faisant que des nombreux habitants de Buenos Aires, sans perspectives dans la capitale, viennent dans le sud pour tenter leur chance et essayer de profiter de la manne touristique.
http://www.leglobeflyer.com/consulter-reportage-577-argentine.html

Bref, aujourd’hui la ville compte plus de 20000 habitants, ce qui fait que les nouvelles maisons, parfois construites seulement en tôle, parfois plus cossues, sont apparues comme les champignons après la pluie ! Malgré ça, la ville, dont le nom vient d’ un arbuste épineux le Berbéris à feuilles de buis caractéristique à la région, avec des fleurs jaunes, et des baies de couleur bleu-noir semblables aux myrtilles (utilisées pour liqueurs et confitures, j’en ai même acheté, miam) a su rester une petite ville décontractée, avec des habitants accueillants, qui aiment et protègent la nature environnante qu’ils savent préserver en promouvant un tourisme écologique. Heureusement pour les eaux d’un bleu laiteux du lac Argentino et ses glaciers millénaires, même si la réserve écologique de la lagune Nimez ne nous a pas trop convaincu : un prix d’entrée trop grand pour pas grand-chose à voir, hein…
Pour revenir à mon histoire, une fois sur la rue principale, nous avons trouvé non seulement une multitude de boutiques de souvenirs, dont un joli complexe de chalets en bois, mais aussi des restaurants où des moutons entiers se faisaient rôtir sur des feux de bois dans des vitrines. Finalement nous avons même mangé plusieurs fois dans l’un d’entre eux et je vous assure que nous avons été chaque fois super-contents de nos énormes entrecôtes grillées, même si pas au feu de bois dans la vitrine !
La première maison de la ville Et le déjà célébre arbuste qui lui a donné le nom
Arts and crafts sur la rue principale Devant l'intendance du parc national Los Glaciares
Impréssionant, hein... Des boutiques, toujours des boutiques...
Un ibis sur la jolie pelouse d'un hôtel  prés du notre. La lagune Nimez et ces flamants roses sur l'eau



Mardi matin nous sommes partis assez tôt vers le centre, car pas de temps à perdre si on voulait organiser quelque chose pour la journée. D’une agence à l’autre, nous avons finalement opté pour une excursion en 4x4 à Cerro Frías, un parc « d’Eco Aventure » situé au milieu de la steppe Patagonique. http://www.cerrofrias.com/cerro_frias_eng.asp
Et nous avons bien fait ! Je dois dire que cette petite excursion est restée un des meilleurs souvenirs de ce voyage, l’unique occasion pendant ce voyage de comprendre la fascination exercée par la mythique Patagonie. Le parc Cerro Frias était à l’origine une petite estancia, avec seulement 400 de vaches. Mais comme 400 vaches en Argentine ne suffissent pas à faire vivre une famille, les fermiers se sont diversifié en profitant de la position géographique de leur propriété : une montagne isolé au milieu de la plaine qui borde le lac Argentino, ne faisant partie d’aucune chaîne montagneuse et offrant ainsi des vues exceptionnelle sur le lac et sur la chaine des montagnes environnante. Ils organisent ainsi des balades à pieds, à chevaux ou en 4x4 et comme en plus ils ont la chance d’avoir des grands arbres sur leur terre, ils ont pu faire aussi des tyroliennes. Comme je disais, nous avons choisi la balade en 4x4. Le circuit commençait par la montée d’une pente assez raide sur des chemins défoncés et nous allons vite comprendre pourquoi le 4x4 est le seule véhicule capable de la monter. Nous avons même la satisfaction de voir un petit auto-tourisme qui essayait nous suivre (illégalement, car propriété privée) rebrousser chemin !
L’excursion prend vite l’allure d’une véritable aventure et les guanacos qui font concurrence aux vaches dans la pampa renforcent la sensation. Nous atteignons le premier point de vue naturel et le guide qui est aussi notre chauffeur nous fait descendre pour admirer le paysage, le lac Argentino en toute sa splendeur, la Cordillère des Andes, le ruisseau qui coule dans la vallée. Il est intarissable sur l’histoire la géologie et la géographie des lieus, plein d’enthousiasme et de passion pour son métier et son pays. Nous apprenons ainsi pas mal des choses sur la Patagonie et pas seulement, c’est de loin le meilleur guide que nous avons rencontré, au moins pendant ce voyage ! Par exemple, nous apprenons ainsi qu’avec quelques rares prédateurs et pratiquement aucune concurrence pour les pâturages (le seul mammifère rival est le guanaco), la région est la mieux adaptée au monde pour l’élevage. Les vaches sont laissées en liberté sur la propriété pendant toutes les saisons, elles descendent dans la vallée pour boire l’eau dans la rivière, l’hiver elles cherchent l’herbe sous la neige en tapant avec le pied, donc elles se nourrissent exclusivement avec cette flore exquise que nous pouvons admirer tout autour, jamais de l’aliment, pour la simple raison que là, l’élevage ne sera plus du tout rentable ! Quant à la race, ils élèvent des vaches de race anglaise Pelled Hereford (c’est-à-dire Hereford sans cornes) mieux adaptées au climat rigoureux de la pampa. Et voilà, maintenant nous savons pourquoi les entrecôtes sont si savoureuses ! http://www.latitud-argentina.com/blog/quid-viande-argentine/
Enfin, l’itinéraire est repris jusqu’à Cerro Frias qui est une butte d’une hauteur de 1030 mètres, d’où nous avons une vue imprenable (pour utiliser une métaphore en vogue) sur toute la chaine des montagnes de la Cordilière des Andes et aussi un petit aperçu de la force potentielle des vents locaux pour comprendre ainsi une des raisons de l’inexistence de hauts arbres, remplacés ici par des plantes basses, mais, oh, combien splendides !
Sous les rafales sauvages du vent, le guide nous montre les divers points d’intérêt, la montagne Fitz Roy (200 km au nord), les frontières du Parc nationale des glaciers et l’itinéraire de nos excursions les jours suivantes, les Brazo Rico et Norte du Lac Argentino, la Péninsule de Magellan et même le massif del Paine (au Chili). La descente se fait sur une route aussi escarpée et dangereuse mais sur le versant sud de la Colline Frías, jusqu'au ranch où il y avait l'abri des chevaux (qui intéressaient mon mari) mais aussi un bon restaurant, qui nous intéressait tous les deux et où nous avons pu manger avec un bon appétit du pain fait maison et la toujours bonne viande de bœuf, en attendant le microbus qui allait nous ramener dans la ville.




Le lendemain nous allons pouvoir reprendre notre programme de voyage établi avec l’agence. Et heureusement, vu que les étapes suivantes repesent en fait le principal objectif de notre voyage à El Calafate et même en Argentine : approcher le plus près possible des glaciers et des icebergs. Mais je vois qu’avec toutes ces photos la page devient trop importante (et lourde à charger) alors je vais ouvrir une autre ! Bonne continuation !

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