mercredi 26 novembre 2008

VI.Mexican Hat, Bluff- Capitol Reef- A Journey Through Time Scenic Byway

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais je n’ai jamais parlé ou presque des hôtels où nous avons dormi ou des restaurants ou nous avons mangé. Et ça pour plusieurs raisons. Premièrement, ça n’intéresse pas trop. Puis, je savais plus ou moins comment ça devrait être, care c’est toujours comme ça aux USA : des chambres assez grandes, avec deux lits confortables, plus confortables même qu’en Europe, salle de bain avec douche, sèche cheveux savonnette &co. Cafetière, café et thé, petit déjeuner consistent, etc.. Le plus, par comparaison à la visite de 1996, l’ordinateur avec accès gratuit à l’Internet installé dans le hall (le lobby). Quant aux restaurants, pour midi et soir (eh oui, pension complète, car plus commode) presque toujours des self-services, avec un grand nombre de salades, plats et desserts aux choix, thé, coca-cola ou l’eau comme boissons, car l’alcool était généralement interdit dans les régions que nous avons visitées !

Par contre, à Bluff, la ville des deux rochers « amoureux » de l’Utah, (bé oui, nous sommes dans la région des quatre coins, i.e. Four Corners: déjà que la Monument Valley est à cheval sur les deux états, nous avons passé de l’Arizona à l’Utah et vice-versa plusieurs fois, mais là, nous arrivons illico - presto chez les vrais mormons, qu’est ce que vous croyez ?!), c’était un peu plus spécial, donc je tiens à raconter. Pour commencer, nous étions logés dans un hôtel avec un nom et une enseigne très sympathique, Kokopelli, que je n’arrive pas à localiser sur Google Earth, because la mauvaise localisation des indicateurs. Mais la vraie surprise a été le dîner : nous sommes allés à pied jusqu’au restaurant, ce qu’est arrivé, si je me souviens bien, seulement deux autres fois, à Window Rock et à Las Vegas ! Le restaurant, un vrai « saloon » avec une terrasse noyée dans la verdure (le fameux cottonwood !) à la déco cow-boy, qui reproduit une ville sur la route de l’or, avec la boutique du dentiste, le boulanger, &co. divers outils et têtes d’animaux sur les parois, et des bottes pour boire la bière ou en guise de vases pour les fleurs, c’était vraiment quelque chose ! CottonWood Steackhouse c’est son nom, et nous avons mangé ici un vraiment bon steak grillé accompagné de soissons et autres frites et où, à la fin, nous avons reçu en cadeau les bandanas qui faisaient office de serviettes de table!


Mais je ferme cette parenthèse pour reprendre la route. Surtout qu’elle est vraiment superbe cette route, très pittoresque, par endroit époustouflante même, les couleurs des montagnes changeant au fur et à mesure que nous entrons sur la marche suivante du Grand Escalier.

Sur notre gauche, à travers des falaises rougeâtres, nous pouvons d’un temps à l’autre apercevoir le lac Powell sur sa partie nord-est, tandis que sur la droite le rouge vermillon cède la place aux diverses nuances du calcaire ou plutôt de la Calcite (carbonate de calcium), blanc, jaune, orange, rose, gris, au gré de métaux de transition qui s’ajoutent au calcium de sa composition. Lequel calcaire ou calcite se plie avec plus de sollicitude au bon vouloir des rivières, en générant ainsi des paysages encore plus dentelés et plus dramatiques.

Nous avons traversé Cottonwood Wash, dépassé les Montagnes Butler Wash avec les Ruines Indiennes, ce sont l’omniprésent Colorado et ses affluents qui nous accompagnent depuis un bon moment sur notre droite. Nous sommes dans le pays des canyons profonds, étroits et tordus, avec des dômes massifs, des hauts rochers et des falaises de grès Navajo, variant du rouge au blanc. Fry Canyon, Butler, Cheesebox (laquelle boîte de fromage j’ai réussi même à la photographier par la fenêtre du bus) &co. et surtout le Canyon Blanc (White Canyon), une large vallée blanche, parsemée du vert des trembles, où cottonwoods, qui s’ajoutent aux autres folles herbes, bordée de ses hautes falaises toujours rouges, avec une gorge étroite au milieu. Ce sont les gorges du Colorado, que nous traversons même sur le fameux Hite Bridge, suivi immédiatement d’un autre pont, au-dessus de son affluent endiablé, le Dirty Devil River, qui se déverse un peu plus loin dans le nord-ouest du Lac Powell. Justement, nous nous arrêtons ici juste pour faire des photos et admirer pour la dernière fois le Glen Canyon avec son beau Lac Powell, que nous venons de quitter définitivement..

Car vous avez compris ? Après avoir sorti de Bluff sur la UT-191, à 4.3 miles au sud de Blanding, avec le Natural Bridges National Monument, nous sommes, depuis maintenant presque deux heures et 121 miles (195 km), sur la I95, qui fait parti du « Trail of the Ancients », i.e « Le Chemin des Anciens », une route qui traverse (au propre, car inscrite sur les parois, avec toute une ribambelle de pétroglyphes et pétrographes) l’histoire des Natives américains de la Région de Quatre Coins (Scenic drive through the Natives américains history of the Four Corners region), faisant aussi partie du lot des National Scenic Byway de l’Amérique, du à ses « archeological, cultural, historic, natural, recreational, and/or scenic qualities ».
Nous continuons sur cette superbe route en direction de Hanskville, en remontant le cours de Dirty Devil River, avec la Montagne Henry sur notre gauche, Bur Desert et les roches comme un bourrelet (bentonite ?) orientées nord-sud, finissant quelque part dans le parc de Capitol Reef et nous nous arrêtons de nouveau pour faire, cette fois, une vraie pause, i.e. pas seulement pause photos, dans une aire de repos à Hog Springs, un endroit très beau pourvu d’une grande et propre « cabane au fond du jardin », sans eau courante, bien sûr, des ponts et passerelles en bois, plus des pavillons, des tables &co..
Je mets ici quelques images, même si parfois elles sont de très mauvaise qualité, en étant faites à travers les vitres du car. Quand même, j’espère qu’elles suggèrent un peu ce que c’est cette « route panoramique » entre Bluff et Capitol Reef !



Après Hanksville et le paysage dont la ressemblance à la planète Mars a déterminé même l’établissement dans les environs de la station de recherche concernant le désert de la planète Rouge, notre route devient SR-24 . Nous sommes donc toujours sur une route « scénique », plus précisément, sur la « Capitol Reef Scenic Byway », mais cette fois ce n’est pas une route nationale mais une route qui fait partie du programme « Scenic » de l’état d’Utah (Utah Scenic Bywaysprogram, dont l’enseigne comporte une ruche, car comme on sait, les mormons sont travailleurs comme les abeilles)…

Cette nouvelle route traverse de l’est à l’ouest le Waterpocket Fold, la colonne vertébrale du parc national de Capitol Reef, permettant ainsi d'avoir un aperçu de ce plissement gigantesque de la croûte terrestre, qui serpente sur 160 km entreThousand Lake Mountain et le Colorado (maintenant le lac Powell). Le parc a été créé justement pour la protection de cette formation géologique impressionnante, avec des canyons profonds, des hauts rochers, des buttes, des monolithes, des dômes massifs en grès blanc Navajo souligné par des minces couches brisées en grès Kayenta, se dressant fièrement au-dessus des murs infranchissables (les Reefs, ou Récifs des premiers colons, anciens marins probablement) en grés Wingate, nous offrant ainsi des dégradés allant du rouge jusqu’à l’orange pale.

Remarquez, après ce voyage je reste avec une vraie fascination pour la géologie, mais tranquillisez-vous, je ne vais pas commencer, comme notre chère guide, Catherine, à vous saouler avec tous les jurassique, triasique et autres permiens. Si vous voulez vraiment tout connaître sur les théories géologiques en vogue en ce moment (car je vous avertis, elles peuvent changer, au gré de l'avancée de la science) vous pouvez aller sur Internet: pour commencer dans wikipedia.org vous pouvez trouver tout ce qu'il faut!

Nous entrons dans le Fremont Canyon, une de ses rares parties verdoyantes du Capitol Reef, région plutôt désertique, autrement, car depuis Hanskville la route suit le cours de la rivière Frémont jusqu’à Torrey, en passant par Caineville et Fruita, avec ses célèbres vergers et sa petite école, deux villes fondées par les mormons qui y se sont installés dans les années 1880. Mais, comme je l’ai déjà dit, avant les mormons, au début du millénaire, la vallée a été habitée par des indiens, qui ont gravé leur passage en pierre, donnant ainsi, avec leur pétroglyphes, un nom à l’une des cultures de la préhistoire, la culture Frémont.

Toute cette histoire, qui s’ajoute à la beauté du paysage, s’impose à nous dans cette vallée bénie, bordée par des rochers dont la forme et les couleurs n’ont pas de cesse à nous étonner. Je n’arrêts pas de photographier, à travers les vitres du car -la petite cabane Behunin (la maison en pierre, par manque de bois, avec de la boue à la place du mortier: étant à l’évidence trop petite pour tous les dix 10 membres de la famille, "les filles dormaient dans un chariot bâché, et les garçons dans une anfractuosité du rocher" !) ou des voitures anciennes en vadrouille- et dans les points d’arrêts convenus, pour les Dômes du Capitol Reef, les pétroglyphes, des petits ETs et autres animaux bizarres dessinés sur les parois rocheuses du canyon, gravés dans le grès ou dans le « Vernis du Désert », ("desert varnish", la pellicule sombre formée sur les parois de grès on ne sait pas trop pourquoi et comment, dépôts laissés par la pluie, oxydation ?), puis à Fruita, pour la petite école mormone, (old fruits schoolhouse), ou les quelques chevreuils qui traversent insouciantes la route, en nous ignorant royalement … Voilà encore quelques photos, pour compléter celles que j’ai mis ici.

Enfin, fatigués et affamés, nous arrivons pour le déjeuner dans notre restaurant de Torrey, où, à part le repas bon et copieux (si, si !) nous avons l’occasion de regarder bouche bée un group de femmes mormones avec leurs longues robes sans formes, tout droit sorties du moyen age, après quoi, direction Bryce Canyon National Park, sur une route de toute beauté, classée au hit parade des 10 premières les plus belles du pays, la célèbre Utah Scenic Byway no12, ("Highway 12 — A Journey Through Time Scenic Byway" ).

Pour commencer, nous laissons derrière nous les canyons et les falaises en grès du Capitol Reef et, après avoir traversé la petite localité Grover, nous grimpons vers les imposantes Montagnes Henry et Navajo en traversant une zone boisée, la « Dixie National Forest », dans un paysage enfin familier, où les belles couleurs d’automne des fameux aspens tranchent sur le vert des épicéas. Pas pour longtemps, car, au fur et à mesure que nous avançons vers un col hissé entre les montagnes à quelques 9200 pieds au-dessus de la mer, la végétation redevient rare, des armoises et des pins pignon remplaçant les fameux cottonwoods.

La route est creusée maintenant aux flancs de la Montagne de Boulder, assise sur le plateau du Verseau (Aquarius Plateau), un de plus haut plateau du continent américain. Nous traversons aux pas de course la petite ville de Boulder où, la journée étant déjà beaucoup trop chargée, nous ne nous arrêtons pas pour visiter l’ « Anasazi Indian Village State Historical monument », (et puis, à vrai dire, nous avons eu déjà nos visites antérieures dans des villages et musées indiens), à la sortie un paneau indique le fait que nous traversons le Grand Staircase-Escalante National Monument et le paysage devient exceptionnellement dramatique. Dans cette zone, connue sous le nom de Hogsback, la route serpent aérienne sur presque 50 km au-dessus des précipices vertigineux, sur une crête très étroite, avec seulement un ou deux mètres de chaque côté. Depuis un bon moment les creeks se bousculent avec empressement autant à gauche que sur notre droite, Oak et Boulder Creek et, surtout, Calf Creek. Nous nous arrêtons de nouveau dans une de ce « scenic tournant» pour admirer et photographier plus à l’aise le moutonnement des dômes fendu au milieu par le canyon d’une rivière, (Esscalante ?), ce paysage lunaire finement coloré, le blanc qui vire vers orange pale du grès Navajo, parfois avec du beige ou brun et même du rouge vers les fonds des canyons, paysage parsemé ici là du vert des quelques genévriers et autres armoises qui se forcent à pousser quand même ici et là, particularité qui le rend aisément reconnaissable même sur les images par satellite de Google Earth.

Je profite pour glisser ici juste encore quelques phrases « scientifiques » pour expliquer ce que signifie le « Grand Escalier », ou «Grand Staircase »: c’est une théorie lancée par le géologue Clarence Dutton dans les années 1870 concernant la séquence de couches géologiques de roches sédimentaires qui s’étendent du nord du Grand Canyon, vers le Parc national Zion pour finir au Parc National du Bryce Canyon. Ces couches forment un escalier énorme qui monte du fond du Grand Canyon vers le nord, pour finir à Bryce Canyon, avec le bord de falaise de chaque couche formant des marches géantes vers la suivante, de la plus vieille la plus jeune, dans l’ordre suivant :

· falaise chocolat
· falaise vermillon
· falaise blanche
· falaise grise
· falaise Rose

Sur l’échelle du temps, la distance entre les marches se mesure en millions d’années, en montant toujours dans le même sens. Par exemple, les roches exposées dans Bryce Canyon sont environ 100 millions d'années plus jeunes que ceux du Parc national Zion voisin et les roches exposées dans Zion sont plus jeunes que ceux du Grand Canyon, au sud. Des unités de roche plus jeunes, s'ils ont jamais existé, ont été enlevées par l'érosion.

En partant du Grand Canyon vers Bryce Canyon, via Capitol Reef, (le « récif » dont les dômes se ressemblent à se méprendre avec les dômes du Capitole, construit en Grés Navajo à Washington, d’où le nom, justement), nous avons pratiquement remonté l’escalier, dans le temps (en partant des plus vieilles coches, vers les plus jeunes, les roses) et dans l’espace, de 1500m, vers 2700m, les couleurs changeant au fur et à mesure, d’une manière explicite par endroit, comme au lac Powell, par exemple !

Après le « Haymaker Bench » et Calf Creek la Scenic Byway 12 traverse la rivière Escalante, (encore un affluent du Colorado) que nous avons pu voir en contre-bas, puis la localité homonyme, assez grande pour avoir un Lycée et où je vois le panneau qui indique la diréction du Escalante Petrified Forest State Park. Enfin deux villages bien modestes, Henrienville et Cannonville, puis la Vallée du Tropic avec Bryce Canyon City, où nous voyons même un ranch, où, dit-on, il a des rodéos en partant du mois de mai jusqu'au mois de septembre : c’est clair, nous sommes vraiment en Amérique profonde, avec des vrais cow-boys &co..

C’est 18.45 ou 17.45 , c’est selon (été ou hiver, Utah ou Arizona?) quand nous arrivons enfin à BryceCanyon. Éblouissant ! Nous restons carrément sans voix ! Du jamais vu et même je ne savais pas que quelques chose comme ça existe dans ce monde ! Et dire que j’aurais pu même mourir sans le savoir !

.. la suite, ici!

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