dimanche 7 décembre 2008

VII. Bryce Canyon!!!

Chaque fois quand je pense à ma première impression en découvrant le grand Amphithéâtre de Bryce Canyon, j’ai envie de pasticher Anne Roumanoff avec son « On ne nous dit pas touuut ! ». Car quoi dire d’autre quand au bout d’une allée que vous avez parcouru insouciante et même, il faut avouer, un peu ennuyée, car fatiguée après une route de plus de 10 heures où vous avez traversé une foultitude de paysages, (pourtant, « de carte postale », l’un plus beau que l’autre), vous découvrez à vos pieds, sans aucune préparation préalable, ou en tout cas, sans guère vous attendre, le paysage que voilà :




Je sais, les photographies offrent, surtout dans ce cas, une faible représentation de la réalité, moi aussi j’ai vu, avant d’y aller, des cartes postales avec cet amphithéâtre et elles ne m’ont pas impressionné tant que ça… Mais je peux vous assurer que sur place j’étais vraiment fascinée, envoûtée, éblouie, les mots me manquent, car j’ai utilisé déjà, avant cette étape, tous les superlatifs de l’émerveillement dans ce voyage! Chaque jour, à chaque moment, à chaque endroit visité, j’ai cru que nous avons atteint un summum du grandiose, de la beauté, de l’exceptionnel, mais chaque fois on voyait des choses de plus en plus extraordinaires, au point de commencer à penser que le paysage de ce pays ne peut être que le résultat d’une activité divine et à comprendre pourquoi les Américains sont tous, ou presque, tellement croyants ! Oui, je sais, j’ai lu moi aussi toutes les explications scientifiques et les arguments géologiques sur Internet, en particulier (et je n’ai aucun raison de lui faire la publicité) sur les pages de wikipedia, par exemple, et je ne vais même pas utiliser la célèbre réplique « mais à l’origine de tous ces processus géologiques, c’est qui, hein ?», car le débat théologique n’est pas ma tasse de thé, surtout que je suis du côté scientifique, vu ma formation… Mais à Bryce Canyon, tout particulièrement, ces explications scientifiques, me semblent malvenues, je préfère m’extasier devant le savoir-faire de la nature, que d’accumuler moi-même du savoir (sic) !

Et, si ça arrive, ce n’est que mon ressenti, car Bryce lui-même, (dont la maison j’ai pu regarder et même photographier à Tropic) loin de considérations esthétiques ou mystiques (pourtant, c’est sa religion qui l’a amené ici) en voyant tous ces canyons et ravines, badlands et monolithes, spirales en pierres et tourelles, tous ces hoodoos, stalagmites à ciel ouvert, en dégradé de rose allant jusqu’au rouge intense, colonnes effilées et piliers sculptés par l’érosion s’alignant harmonieusement sur les pentes blanches d’un vaste amphithéâtre, a exclamé seulement « ce n’est pas un endroit où perdre une vache, pardi! »…

Ou peut être qu’il était trop habitué à ce type de paysage, peut être qu’il n’est pas si unique que ça aux USA, paraît-il qu’il y a beaucoup de sites exceptionnels alentour, malheureusement encore trop difficiles d’accès… Mais d’où je viens, la Roumanie, la France, l’Espagne, en Europe en général, les massifs montagneux sont plutôt gris, comme dans les photos si-dessous, avec comme roches non pas de la « Formation Claron », comme à Bryce, mais des dolomites, des dacites (tiens, celles ci sont même à l’origine roumaines), andésites, magnésites et autres batholites, (même si celles ci se trouvent aussi dans ce canyon rose bonbon, paraît-il, lol), je ne pouvais qu’être surprise par ce paysage où le rouge vire au rose et laisse la place au blanc au fur et à mesure que nous avançons dans notre périple à travers de l’Ouest Américain aurait du me préparer un petit peu !
Comparez ces images avec les images qui suivent, par exemple, et à Bryce Canyon j’ai fait vraiment en pagaille : 78 photos le soir, au coucher du soleil, prisent, justement, à Sunset point, sur le Rim Trail et en marchant sur le Navajo Loop, et 73 le lendemain, au matin, sur le Rim Trail à Bryce Point et à l’Inspiration Point.
Il faut reconnaître que c’était plutôt déstabilisant de voir d’un coup tous ces hoodoos roses qui sortaient de la terre devant mes yeux, comme si ce grand amphithéâtre, situé à quelques 2500 m au-dessus de la mer, n’était autre chose qu’un grand gâteau meringué, ou plutôt une brosse géante, ou.. en fait je ne sais pas quoi, car ça ne ressemblait à rien de ce que j’ai pu voir dans ma vie antérieure, sinon plus modestement, dans les grottes, les stalagmites, peut être…

A propos de Navajo Loop, je dois dire que là j’étais vraiment heureuse, cette inoubliable promenade solitaire, avec toute l’adrénaline que la peur d’une chute, « est'ce que je suis bien chaussée », « est’ce que je ne suis pas trop fatiguée », est'ce que j’aurais le temps de faire aller-retour, &co. surtout que la guide m’a foutu la trouille avec ces 2500 m et la réaction des organismes à cette altitude… et le silence, la solitude extrême et vibrante du lieu, pouvaient engendrer (mon mari ne pouvant pas marcher à cause des genoux et les autres, à propos, où étaient les autres ?!) et la surprise de cette beauté absolue, le rose, le blanc, si purs, si tendres, avec ici et là des touches vertes, où jaunes, des petits pins pignons, des aspens habillées dans les couleurs de l’automne, quelques petites armoises qui bataillaient pour survivre dans cet environnement hostile à la végétation, mais quelle harmonie parfaite, quelle beauté inouïe, exquise, délicate, le jardinier passionné qui sommeil en moi essayait ardemment de tout mémoriser et d’apprendre, Mais c’est connu, la nature est le plus grand jardinier, on ne peut qu’essayer de l’imiter, en toute humilité !En tout cas, pour moi il n’y a qu’un seul mot qui peut décrire cette beauté : magique!

Mais je dois m’arrêter avec les photos. Même si je ne mets que des photos petit format, (en réalité la dimension de mes photos étant de 2048x1536 pixels), ça commence à trop faire pour ce blog. Mais, avec celles que j’ai mises ici , je suppose qu’on peut déjà se faire une idée. Et puis, si quelqu’un est vraiment intéressé, qu’il le dise, je lui envoie aussitôt mes originaux…
Mais je m’arrête avec les photos. Même si je ne mets pas ici que des photos en petit format, (en réalité la dimension de mes photos étant de 2048x1536 pixels), ça commence à trop faire pour ce blog. Mais, avec celles que j’ai mises sur flickr je suppose qu’on peut déjà se faire une idée. Et puis, si quelqu’un est vraiment intéressé, qu’il le dise, et je lui envoie aussitôt mes originaux…
De toute façon, je dois continuer mon histoire…

C’est donc la dixième journée en Amérique et ce matin, après avoir admiré de nouveau et aussi longtemps que possible le merveilleux amphithéâtre, cette fois du côté de Bryce Point et de l’Inspiration Point (pourquoi pas, à vrai dire, même si tous ces noms me semblaient un peu pompeux au début : je parle de cette appellation, bien sûr), nous quittons Bryce Canyon, traversons East Fork Sevier River et entrons de nouveau sur la merveilleuse route UT-12 où, après une porte artificielle dans la montagne, nous nous arrêtons un peu plus loin au Red Canyon Visitor Center. Nous sommes au milieu de la «Dixie National Forest » et donc en pleine zone de partage des eaux sur le continent américain, i.e. entre le bassin du Mississippi à l'est et les fleuves se jetant dans le Pacifique à l'ouest.

Pas pour longtemps, juste pour admirer et photographier le paysage et faire l’achat des derniers CDs avec de la musique indienne et country et nous reprenons notre route vers Las Vegas.
Et c’est justement après ces achats que, une fois dans le bus, en regardant dans mon portefeuille, j’ai vu qu’il me manque un billet de 100 dollars : bé, c’est ma faute. Il ne fallait pas que je laisse mon sac dans la voiture et/ou dans la chambre d’hôtel et en général je ne l'ai jamais fait. Sauf le jour d’avant, en descendant du bus pour visiter une première fois Bryce Canyon (pour avoir les mains libres pour porter l’eau et l’appareil photo) et à l’hôtel de Tropic, quand je suis allé dîner : après tous ces jours sans évènements majeurs, j’étais en confiance, quoi! Surtout mon mari, qui, en plus, a su être très convaincant ! Et vu que cet argent était mis à part avec les autres billets nécessaires pour payer la guide et le chauffeur et vu que les autres billets étaient encore en place et que ce n’était que le billet de 100 dollars qui manquait, c’est exclu de l’avoir perdu moi-même ! Bé, tant pis, mais quand même, ça a failli me gâcher les dernières journées !

Heureusement, j’ai tenu bon, en me forçant d’oublier ma mésaventure et à regarder par la fenêtre le paysage qui défilait à belle allure. Preuve, j’ai même noté au fur et à mesure les quelques villes sur notre passage : Panguitch, sur la UT-89, puis à gauche, sur UT-143 (je note même la ruche d’abeilles sur le panneau d’Utah) direction Parowan et de nouveau à gauche, sur la route « Interstates » I-15, la célèbre « Great Western trail ».

Nous sommes encore en pleine montagne, une élévation autour de 1800m, la route traverse ici le Plateau Markagunt, avec ses magnifiques forêts (« Highland of Trees"), mais pas pour bien longtemps, car, au fur et à mesure que nous avançons, elle s’ouvre sur un grand désert d'altitude, (partie sud-est du Grand Basin ) et dans une large vallée apparaît enfin Cedar City. La ville des festivals, nous explique la guide, car à la vitesse de notre bus nous apercevons à peine le panneau de « Festivals City » et ce n’est que plus tard que j’apprends que c’est le foyer de "Utah's extravagant Shakespearean Festival"&co. et centre des quatre parcs nationaux, dont Cedar Breaks National Monument, un autre Bryce Canyon, plus petit.
De Cedar City, sur approximatif 70 kilomètres, nous descendons progressivement jusqu’à une altitude de 1000m, vers St. George, en parcourrant des larges espaces ouverts bordés plus loin par des chaînes de montagnes. Les sorties de l’autoroute indiquent souvent "Ranch Exit", ce qui désigne un endroit sans assez d’importance pour avoir un nom propre, et même les quelques villes que nous traversions, Pintura, Leeds, Harrisburg ou… Washington City, ont l’air pauvre et fatigué et poussiéreux sous le soleil d’automne, ou c’est mon moral qui n’a pas pris encore le dessus… Pourtant je sais que dans les montagnes grisâtres qui courent de chaque côté de la route, sont nichés des parcs nationaux célèbres pour leurs magnifique beauté, à l’est le célèbre Zion National Park, avec ses splendides Canyons orangés(Kolob &co.) creusés par les divers bras du Virgin River, que nous allons rencontrer nous aussi un peu plus loin, la toujours verte Pine Valley Mountain, qui fait partie de la Dixie National Forest, à l’ouest, ou même Silver Reef, avec sa ville fantôme (Gost Town), la voisine de Leeds, le seul endroit au monde, paraît-il, ou on peut trouver de l’argent dans une formation de grès, pas assez pour justifier l’exploitation, quand même.

A Saint George, où nous nous arrêtons pour le dîner, le repas ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, mais, par contre, quelques minutes après notre départ du restaurant, en direction du «célèbre» temple mormon (que par ailleurs je n’ai même pas eu envie de visiter et je dois dire que je n’étais pas la seule) nous avons eu un accident (voir la photo de l’endroit ci dessous) : un type est entré dare-dare avec sa voiture dans l’aile gauche de notre bus ! Whaou… Je vous dis pas la police &co., nous, les Français, enfermés dans le bus sans le droit de bouger (c’était une affaire « américaine », pardi!), le type était un peu drogué ou soul, paraît-il, je veux bien croire qu’il n’était pas mormon, mais quand même, avec les cents dollars précédents, ça fait un peu beaucoup en 24 heures pour un pays et un peuple – ultra – religieux – et - honnête, je parle des mormones, of course !

Après cet incident, nous quittons presque aussitôt leur pays, Utah, pour parcourir quelques autres 50 kilomètres en Arizona, juste dans son coin de nord-ouest, séparé du reste de l’état par le Grand Canyon. La route traverse ici même un super Canyon, un corridor étroit et spectaculaire creusé par la Rivière Vierge, (Virgin River Gorge), entre deux chaînes de montagnes, Virgin et Beaver Dam, une région presque impénétrable, justement déclarée « Wilderness », car resté à l’état sauvage jusque dans les années '70, à la construction de cette autoroute "interstate" (dont la partie que nous sommes en train de parcourir, a été la plus chère autoroute américaine jamais construite) et même après.

L’autoroute serpente au fond du canyon, flanquée de chaque côté par des hautes parois en grès brun- grisâtre, en suivant la rivière, quand elle ne la croise pas sur une succession de hauts ponts. Rivière qui déambule sur une pente assez raide, en descendant de plus de 1100 mètres sur une distance de moins de 50 km, entre Littlefield et Mesquite, où elle quitte définitivement les hautes montagnes et entre en Nevada pour se précipiter vers sa destination finale, le Colorado : ses derniers 50 km forment le bras nord du Lake Mead , un réservoir d’eau du à la construction du barrage Hoover sur la rivière Colorado, à 64 km est de Las Vegas.

Enfin, nous dépassons Mesquite et son célèbre terrain de golf, tache verte insolite dans ce paysage aride et grisâtre qui devient maintenant assez plat et beaucoup moins spectaculaire, je dirais même tristement désertique, ponctué ici et là d’arbres de Joshua, ces Yucca Brevifolia aux belles silhouettes, qui forment des vrais forets alentour: nous traversons le desert Mojave, avec au nord le Grand Basin, une région où les rivières s’exténuent avant de trouver leurs chemins vers l’océan, en se perdant souvent dans le désert, sinon, au maximum, dans des lacs ou des dolines tout proches, la route entre dans la réserve des Indiens Moapa, les casinos font déjà leur apparition à travers les panneaux sur l’autoroute, en moins d’une heure nous arrivons à Las Vegas.

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