dimanche 16 novembre 2008

V.Antelope Canyon-Navajo National Monument-Monument valley

Antelope Canyon

Comme je vous disais, je ne connaissais presque rien concernant notre parcours quand je nous ai inscrits dans ce voyage. Je savais seulement que le Grand Canyon est un site gigantesque, mais pour le reste, les images et les informations reçus dans divers reportages télé, des gens avançant sur un pont en verre ( ?) pour contempler un abîme, ou, pire encore, la consommation à outrance, je parle of course de Las Vegas, étaient plutôt rédhibitoires! Je n’aurais pas supposé, ni dans mes plus folles espérances, que je vais voir des sites aussi spectaculaires et, surtout, aussi incroyablement belles, et quand je dis ça je mesure mes mots, en ayant dans ma tête les Gorges du Tarn, ou la Sierra Nevada en Espagne, le Chaos de Montpellier le Vieux, (que nous avons vu juste avant le départ, pour « nous préparer » au Grand Canyon) et autres merveilles que j’ai pu voir au cours du temps en France ou ailleurs, sur les trois continents que j’ai déjà visités (Europe, avec la Roumanie, la France, l’Espagne, Italie, Suisse, Allemagne Est, Tchécoslovaquie, avec les High Tatras, Danemark, Belgique et j’en passe, l’Amérique, avec Le Canada et … les USA, Yosemite Parc&co et enfin, la Chine, avec sa Grande Muraille, en Asie).
Un de ces sites exceptionnels a été le Canyon de l’Antilope, lieu sacré des Navajo, leur religion étant fondée sur le culte des vents et des cours d'eau. C’est un canyon « de fente » (slot) (i.e. très étroit, beaucoup plus profond, que large : Le sommet mesure par endroits moins de 80 cm de large pour une profondeur de plus de 30 mètres) creusée dans le grès par le vent et par l'eau, qui devient parfois ici mortellement dangereuse.
Ce canyon ne faisait pas partie de notre programme mais, je ne sais plus comment (à la suggestion de notre guide, où à la demande de certains d’entre nous, mieux informés et qui n’étaient pas à leur première visite dans ces contrés) il nous a été proposé en option (comme le vol en avion sur le lac Powell, or le vol en hélicoptère au Grand Canyon, ou encore une belle surprise à Las Vegas) pendant le voyage. Comme, dés le début, mon mari et moi nous avons décidé de prendre toutes les options supplémentaires qui nous sont proposés, nous voilà montés dans une jeep conduite adroitement par une Indienne Navajo, chevauchant à travers un désert de sable rouge: ce monument appartient au indiens Navajo qui sont seuls habilités à le faire visiter.


J’étais aux anges ! Encore plus au retour, quand j’ai cédé ma place dans la cabine pour une place à l’arrière de la jeep.

Antelope Canyon inclus deux parties différentes:

La partie Haute, à droite de la route, i.e. Upper Antelope Canyon ou the Crack (Tse Bighanilinio), ce qui veut dire "l'endroit où l'eau passe en courant dans des roches ”), altitude 1200m, la partie la plus facile à visiter, que par ailleurs nous avons choisi.

Et la partie Basse, Lower Antelope Canyon or The Corkscrew, or encore, Hasdestwazi, or "spiral rock arches.", après les Indiens Navajo, plus difficile d’accès et que nous avons laissé pour les… djeuns.

Le sommet du Canyon mesure par endroits moins de 80 cm de large pour une profondeur de plus de 30 mètres et son intérêt tout particulier consiste dans ses couleurs spectaculaires, dues à la lumière qui se reflète sur les parois à certains moments de la journée, mais aussi au mystère et à la poésie mystique qui plane autour de lui, mystère et poésie qui sont cultivés ( savamment ?) par les Indiens Navajo qui nous guident. Notre propre guide, un jeun Indien (beau comme un mannequin et même mannequin à ses heures, nous dit notre Catherine nationale avec une gourmandise certaine) nous explique longuement et passionnément l’importance du canyon pour son peuple, comment ils font une pause avant d'entrer, pour se préparer à ce que doit être une expérience spirituelle, car pour eux « entrer dans l’Antelope Canyon est comme entrer dans une cathédrale ».

Il nous parle longuement de la philosophie de son peuple, qui croit en l'harmonie entre les éléments de l'univers, dans le partage, dans le respect des anciens, etc. Au retour, avant de sortir du canyon, dans un endroit stratégique, avec la meilleure acoustique, il nous à joué à la flûte une musique des « Rêves Sacrés » (voir le CD du Scott August) : nous étions ainsi définitivement conquis, quoique je croie qu’en apprenant son amour pour la France, du à un stage de perfectionnement dans le tourisme fait il y a quelques années à Toulouse, nous l’étions de toute façon dès le début. Et même avant encore, préparés comme nous étions déjà par Catherine.

Quant à moi, j’ai pris mon temps à traverser le canyon, en me forçant d’être toujours soit avant, soit bien derrière le group, pour rester un peu seule, pour mieux me recueillir et aussi pour ne pas engloutir la poussière rouge, qui forcément montait dans l’étroit canyon sous nos pas. En touchant les murs et en regardant vers les merveilleuses couleurs au-dessus de ma tête, pour m’imprégner de cette atmosphère étrange et de cette beauté… Je me suis si bien imprégnée qu’à la fin, en écoutant la musique lancinante de la flûte, qui me rappelait (encore une fois !) Certaines musiques folkloriques de Roumanie (bucium, flûte de Pan, et autres), j’ai même pas pu m’abstenir de pleurer à chaudes larmes.

D’un coup, à la fin, avant de monter dans la jeep, je me suis vite rempli (à l’aide de notre beau Navajo, je tiens à le souligner) une bouteille en plastique avec le sable rougeâtre du canyon, et maintenant, à la maison, en regardant ce sable, tout ce vécu revient instamment et délicieusement dans ma mémoire…


Navajo National Monument.

Après cette visite nous prenons la route 98, Navajo Montagne Road, vers Kaibeto, puis nous tournons à gauche vers Kayenta, une des localités les plus peuplés de la réserve Navajo, en passant à côté de la Mesa Noire (Black Mesa), avec ses mines de charbons, et de nouveau à gauche, sur 564, vers le « Navajo National Monument ».

Ici nous parcourons les 1.6km du Sandal Trail, un chemin en bitume bien entretenu, avec des belles passerelles et ponts en bois ou en pierres, vers les falaises hautes de 170m du Canyon Betatakin (« la maison sous la corniche »)pour regarder les ruines d’un village indien.

Le parcours me semble exceptionnel, un vrai jardin d’une beauté époustouflante, avec des vues spectaculaires vers les canyons qui l’entourent, avec une flore riche et variée : les Indian Paintbrush, ( Desert Paintbrush i.e. Castilleja chromosa), les cactus Opuntia (Beavertail ou Prickly Pear Cactus), les yucas et les armoises côtoient les trembles, les pins Douglas et autres érables negundo…

« C’est là que j’aimerais poser ma tente ! » je me suis dit en ne voulant plus quitter les lieux … A la sortie, nous voyons un hogan, une « iourte » faite en rondins de cèdre imputrescibles et de terre, avec un trou au sommet pour évacuer la fumée, l’habitat traditionnel des Indiens Navajo, écologique et ergonomique aux souhaits, frais en été et chaud en hiver.

Nous continuons notre trajet en reprenant la route vers Kayenta que nous dépassons allégrement, pareils pour les deux rochers, Agathlan ou Agathla, (le massif volcanique qui doit son nom actuel, El Capitan, à Kit Carson) et « La dame à la Crinoline» et d’un coup nous nous apercevons avec ravissement que le paysage qui défile autour est exactement le même que celui dans lequel John Wayne évolue, dans le chef d’œuvre de John Ford et du western en général que notre guide nous fait passer depuis le matin à la télé dans le car : «La prisonnière du désert» (en original "The Searchers")! Ca a été un moment tellement magique qu’une fois à la maison mon mari a aussitôt acheté le DVD, via Internet!


Monument Valley


Rien à dire, ici nous sommes vraiment en plein dedans. D’ailleurs, c’est John Ford lui-même, avec ses films, qui l’a rendu célèbre et a fait que la vallée soit de nos jours une grande attraction touristique de l’Ouest américain. Je trouve l’histoire assez impressionnante, par conséquent je vais la raconter :

en 1938 le trader Harry Goulding , (dont le comptoir peut être encore visité sur place) , touché par l’extrême pauvreté des indiens ( à cause de la grande récession, le commerce avec leur marchandise ne rapportait guère) alla trouver John Ford avec des photos de la vallée et le convainquit de tourner le western " Stagecoach " dans ces lieux. Ce fut le premier des neufs films que John Ford tourna dans ce cadre. Le succès fut immédiat et depuis l'exploitation touristique du site, géré par les Navajo eux-mêmes, leur assure un revenu économique, dont toute la communauté profite. Pour les films aussi, d’autres réalisateurs ont suivi depuis...


Par contre, je dois dire que ma descente à terre a été un peu décevante. Ce n’est pas que j’aime plus le virtuel que le réel, mais peut être nous aurions du faire une pause après la beauté des sites visités le matin ? Déjà que c’était assez tard, plus de 14 heures, si je ne me trompe pas, et l’estomaque poussait des grands cris de détresse !

Mais, pour commencer, avant d’aller vers le fameux « déjeuner barbecue Navajo » nous avions besoin d’aller au petit coin et le WC « civilisé » était temporairement fermé. D’un coup il a fallu aller dans la … cabane au fond du jardin et là, je ne vous dis pas la catà, avec tous ses touristes qui, de toute évidence, avaient … la tourista, et pas d’eau courante, rien, bonjour tristesse ! Pas trop triste, quand même, car j’étais crevée de rire : pour faire une blague, j’ai dit aux autres que la guide, qui s’y dirigeait, nous appelle, et je peux vous dire qu’à voir tout ce monde se presser dans la direction de ces toilettes en air libre, où il y avait déjà une grande queue… c’était quelques chose, lol…
Parking et WC au Centre visiteurs. Hop là, roule ma poule.

Finalement nous sommes montés dans un véhicule tout terrain et nous voilà sur la « Valley Drive », mais ni l’approche du repas, ni notre chauffeur et guide Navajo, Jim Dine, (apparemment « Dine » signifie peuple dans la langue des Navajo) le rigolo qui essayait de nous dérider avec ses "En voiture, Simone !", " Ça roule ma poule !", et des "Hop, là !!" chaque fois qu’il nous secouait trop fort, n’a pas réussi à m’amuser. Et je dois avouer honteusement que, occupée comme j’étais à protéger mes yeux et ma bouche de la poussière montée en grandes vagues par le vent du désert et par les nombreux véhicules qui parcouraient en tous les sens cette « Valley Drive », je n’ai pas réagi quand il essayait à nous apprendre sa langue, avec des mots imprononçables comme - Yá'át'ééh ! [Bonjour !]- Ahééhee [Merci]- Ndaga' [Non]ou encore - AOO ' [Oui] et - Hágoónee ' ! [Au revoir !] et pourtant, d’habitude je suis la première à participer, mais là tout me semblait d’un coup pénible, surtout la vie des Indiens eux même, obligés de faire toujours les clowns pour des touristes plus ou moins indifférents…

Je vous mets ici deux photos, la carte de la vallée et une photo par satellite de l'endroit où nous avons mangé. Si vous cliquez dessus vous pouvez les agrandir.

Heureusement que j’ai réussi à faire pas mal des photos, et non seulement aux divers points d’arrêts, mais aussi dans le 4x4, en roulant sur notre route de 17 miles : maintenant je suis trop contente de les regarder et puis, finalement c’est exactement ce site qu’obtient le plus de succès auprès de mon publique…

Ainsi, j'ai pris des photos des deux Mittens et de la Butte Merrick, de Trois Sœurs, à côté de Mitchell Mesa (à propos, Mitchell et Merrick étaient deux soldats tués par les Indiens à cause de leurs imprudente recherche d’argent dans des lieux sacrés) plusieurs dans le célèbre John Ford Point, (où nous reconnaissons immédiatement le paysage où John Wayne prenait la pose sur son cheval, mais d’ailleurs ce n’était pas sorcier, il y avait là un indien qui n’attendait que ça : qu’un touriste veuille faire de même ! Pour 10 $ on pouvait même monter sur son cheval pour la pose. Je ne l’ai pas fait. Et non tant par peur de ridicule, que par peur de cheval). Comme je n’ai pas trop regardé les bijoux et les attrapes-rêves que les Indiens vendaient dans chaque point d’arrêt : je préférais regarder le paysage. Aussi au déjeuner barbecue, que nous avons pris dans un endroit aménagé entre les Buttes du Chameau, de l’Eléphant (Eléphant Butte) et Cly, (sous la dernière un chef indien étant enterré avec tout son avoir) un endroit qu’on peu facilement reconnaître dans le film de John Ford. Regarder d’ailleurs la photo de John Wayne dans le film "The Searchers”, devant Cly Butte : Ethan rumineant sa soif de vengeance après la découverte du corps de Lucie, tuée par les Comanches. On est en plein dedans, je vous dis ! Dommage que je ne savais pas, pour mieux cadrer la mienne.

A propos de tous ces noms des messa et des buttes. Comme dans tous les endroits du monde quand ils ont nommé les choses, ici aussi les gens se sont forcés à trouver des ressemblances entre les rochers et les humains où les animaux, plus généralement, avec d’autres objets connus (voir les Mittens) ou même des déités, pour donner des noms aux massifs. La seule différence avec d’autres endroits du monde consiste dans le fait qu’ici parfois les choses ont deux noms, un d’origine, indien, et un autre donné par les nouveaux arrivants, espagnols ou anglais ! Et puis, vu la particularité des lieux, ici ils ont eu du travail, les uns comme les autres ! Car la vallée, qui fait partie du plateau de Colorado, est un terrain plat, érodé, couvert de sable orange, comme pour mieux mettre en valeur la multitude de buttes-témoins qui émergent de l’étendue désertique. Des buttes en grès massif, d’un rouge brunâtre, du à l’oxyde de fer, avec de vagues bleu-gris de manganèse qui entre dans sa composition qui ont fait que les Navajo nomment l'endroit Tsé Bii' Ndzisgaii, la vallée des rocs.

Mais reprenons le récit : le déjeuner Navajo, constitué principalement d’une galette de farine de mais, haricots rouges et autres crudités, et peut être (je ne me souviens pas !) d’un hamburger aussi, le tout accompagné d’un seul verre de thé, l'alcool étant strictement interdit dans les réserves indiennes. Pas la chance, en étant les derniers, nous avons pris ce que restait : le dernier thé et les tables en plein soleil. Quoique, pour les tables, moi j’adore le soleil, quant à mon malade de mari pour lequel je me faisais des soucis, s’il aurait voulu, il y avait une petite place à la table d’un autre group des Français, à l’abri !
Point d’arrêt : un Indien dans sa boutique. Le déjeuner barbecue.
Vendre l’authenticité ? "The Searchers: John Wayne devant Cly Butte.
Barbecue : Eléphant Mesa Barbecue : Cly Mesa

Enfin, après ce repas "copieux", nous reprenons notre route, pardon, notre Valley Drive, en contournant Rain God Mesa (la mesa du dieu de la pluie) et en passant par la Thunderbird Valley (tient, le massif porte le nom de mon oiseau de bijou !) la vitesse du véhicule me laisse quand même le temps de faire des belles photos vers Yei Bi Chei et le Totems Pole, mais ce n’était pas la peine, car nous nous arrêtons dans un autre célèbre point de vue toujours à côté de Rain God Mesa, entre la Spearhead et Cly Mesa, où nous avons tout le loisir de les photographier ! Je prends même encore une fois une belle photo de mon Cly Butte préféré, et plusieurs de cette vue splendide vers le Totem Pole, des colonnes tendus vers le ciel faisant face à une impressionnante mesa (en fait plusieurs mesa: un bord de Hunt’s Mesa, Yei Bi Chei et Tsé Bii' Yazzie, mais la perspective lointaine n’en fait qu’une !) qui se profilent rougeâtres entre le bleu intense du ciel et le vert de la maigre végétation du désert, ponctuée ici et là par l’orange ou même le presque rouge du sable, et nous voilà de nouveau en route. Pas pour longtemps, juste jusqu’à la Fenêtre du Nord, entre la Cly et l’Eléphant Mesa, pour avoir une autre vue célèbre, dit-on, car moi et les westerns, ça fait presque deux. Quoique, maintenant je peux dire que j’ai vu au moins un, « La prisonnière du désert », lol…

Après cet arrêt nous avons repris la route vers le centre des visiteurs, à travers la Vallée de Mystère, (ainsi nommée à cause de la disparition inexpliquée des tribus préhistoriques, Anasazi &co., qui habitaient ici avant 1300) pour passer un peu plus prés d’autres vraiment impressionnantes buttes et mesas, le Grand Indien, le Roi sur son Trône, La Sentinelle, Le Château, l’Ours et le lièvre, et j’en passe. Comme je l’ai déjà dit, il n’y a rien autour que des rochers qui sortent de la terre, isolés, avec des formes si bien dessinées sur le bleu du ciel qu’on peut leur trouver facilement des ressemblances. Et même les photographier, tant qu’on y est : au moins le vehicule tout terrain n’a pas des vitres pour gacher les photos, et quand il ne chahute pas trop, elles sont même réussies ! Dommage que nous n’ayons pas vu un coucher de soleil, mais je peux m’imaginer le rouge flamboyant des rochers en voyant leurs couleurs en plein jour !


Les trois sœurs. John Ford Point
Totem Pole et Yei Bi Chei Mesa Cly Mesa
North Window, entre Eléphant et Cly Mesa La Sentinelle, Le grand Indien, Saddleback Mesa et Le Roi sur son Thrône


Enfin, nous quittons le site et nous partons dare-dare vers Bluff et notre hôtel Kokopelli. Sur le trajet j’ai le temps de faire deux belles photos du car avec le Mexican Hat, le chapeau mexicain qui se profile joyeusement sur les bad-lands. Quel voyage! Quel voyage épique!



....la suite, ici!

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