jeudi 22 février 2024

Voyage à travers les pays des Balkans...


La Croatie!..


Au début de l'automne 2023 nous avons fait un voyage magnifique à travers huit pays des Balkans -  et même neuf si on ajoute la traversé "accidentelle" de la Grèce. Vous comprenez bien donc que je parle des pays des Balkans en sens large du terme... 

Mais revenons au faits: après deux années difficiles, avec une excursion en Norvège en 2022,  interrompue dès l’atterrissage à Bergen, donc complétement ratée, à laquelle j'ajoute d’autres problèmes de santé plus ou moins inévitables à notre âge, je croyais déjà que l'époque des longues voyages c'était fini pour moi. Surtout que  désormais je n'ose plus prendre l'avion!. 

Alors, dès que nous avons pu,  entre deux visites médicales importantes et malgré un petit rhum qui n’avait pas l’air d’être dû à aucun COVID, nous avons décidé de partir, juste pour prouver qu’on ne se laisse pas abattre !  

C’est vrai que j’étais  aussi encouragée par ma docteure « de famille », qui m’a reçu le samedi matin, juste à la veille du départ, vu que nous sommes partis un dimanche.

Plus précisément, nous sommes partis le 1 octobre pour  approximativement 7000,  via l’Italie, la Slovénie, la Croatie, le  Monténégro, la Macédoine de Nord, l’Albanie, la Bulgarie, la Roumanie, la Serbie et nous sommes revenus le 15 octobre,  toujours par la Slovénie et l’Italie. Un vrai exploit ! Surtout pour mon mari, qui était au volant de la voiture. 

Et je n’ai pas assez des mots pour dire combien j’étais  heureuse de faire ce voyage, surtout après  l’affreuse aventure  du merveilleux voyage en Norvège,  complétement raté  à cause de mon accident de barotraumatisme. Accident qui nous a empêchés de continuer le voyage à travers les fjords jusqu’au Cap Nord et qui m’a laissé malheureusement presque complétement et définitivement, sourde. Ce qui, bien sûr,  m’a fait craindre de ne plus jamais pouvoir sortir de  chez moi, pas seulement parce que maintenant j’ai peur de prendre l’avion,  mais aussi parce que les pertes d’équilibre, conséquence peut être à la perte de l’audition, me font craindre que je ne sois plus capable de me débrouiller!

Donc, nous voilà en route pour des nouvelles aventures ! La journée s’annonçait splendide, ensoleillée, avec un ciel d’un bleu intense et sans nuages,  je savoure le paysage, pourtant ultra-connu,  vu combien des fois je l’ai traversé.  En plus,   sur l’autoroute la circulation n’était pas trop dense, justement parce que c’était une dimanche et évidemment pas avec de départs en vacances ou autres manifestations inédites…

 A l’approche des Alpes, avant l’entrée dans le tunnel, vers Chamonix, je commence à faire des photos avec mon téléphone portable. Autant pour le paysage que pour enregistrer les coordonnées des lieux,  nécessaires pour refaire l’historique du trajet. L’atmosphère est tellement limpide, avec les cimes enneigées traçant des  limites scintillantes entre le vert des forets de sapins et le bleu du ciel, que même à travers les vitres les photos sont belles.  


 Le tunnel de Mont Blanc m’impression encore une fois,  pareil l’entrée en Italie par la légendaire et tellement belle Vallée d’Aoste, où les montagnes ne sont plus couvertes de neige et où les noms de localités sonnent comme des promesses,   Courmayeur, Hone,  Pont Saint Martin.. J’arrêts les photos et je profite tout simplement de paysage, jusqu’à Ronchi dei Legionari et le péage de Doberdo del Lago, histoire de marquer le passage, car dès que nous dépasserons  Trieste nous nous préparerons d’entrer en Slovénie.


Enfin, première nuit du voyage, en Slovénie. Plus précisément chez Patrik, à Hrušica, Ilirska Bistric, pensionne recommandée chaleureusement sur booking et autres sites de voyage, mais dont le seul avantage, de mon point de vue, c’est sa position par rapport à l’autoroute. Et bien sûr le paysage autour. Toujours verte et fabuleusement propre cette Slovénie !  

Je n’insiste pas sur l’accueil, autrement très gentil malgré la longue attente devant une  porte d’entrée fermée à clé. Surtout que l’homme qui après une longue attente a répondu  à l’appelle de la sonnette, m-a porté la valise sur l’escalier jusqu’à la chambre, car évidement il n’y avait pas d’ascenseur. 

La chambre, simplement meublée mais avec des meubles neuves, de bonne qualité (en chaine, s’il vous plait !) et la salle de bain entièrement carrelée en grés grenat, accessible après avoir traversé un petit couloir, avaient l’air nickel, mais sans plus, comme on peut voir dans les photos que j’ai trouvées sur internet, car là l’idée de faire des photos ne m’a traversé l’esprit. Même si je n’ai pas des reproches à faire, je trouve que le presque 10 sur 10 des notations clients est  un peu exagéré : quand même, ce n’était pas un 5 étoiles, hein…


De toute manière, cette pension, réservée en France quelques jours avant le départ, était la seule réservation que nous avons faite. En commençant de là nous avons réservé au fur et à mesure de notre voyage, chaque matin pour la nuit suivante dans la ville où nous décidions d’y aller ! Et je dois dire que cette méthode c’est avérée à être la meilleure solution, le fait que nous n’étions pas en plein saison aidant. 

Après que nous nous sommes délestés de nos valises, nous avons essayé de trouver un restaurant... pour nous restaurer…  Bien sûr, nous avons vu en arrivant un petit bar-restaurant accolé à la pension, mais la personne qui nous a accueilli  nous l’a déconseillé : au contraire,  il nous a recommandé chaleureusement le restaurant de la Pension Isabella,  situé à quelques km de là. Et, bien sûr, nous lui avons fait confiance et nous avons suivi ses conseils !

 Et nous n’avons pas été déçus, quoique un peu étonnés par les prix, un peu exagérés pour le coup. Mais  nous avons bien mangé quand même et en sortant nous avons vu les immenses barbecues qui nous ont fait regretter que nous ne sommes pas venus à une autre époque, pour voir les  cochons tourner au-dessus de la braise, comme en Argentine les bœufs! Une autre fois, peut-être ?…



Plitvice et Zadar.

Le lendemain matin, après un petit déjeuner normal et après avoir longuement admiré le paysage alentour, nous avons repris sans tarder  notre route en direction de la Croatie. 

La première destination de notre voyage c'était le parc national des lacs de Plitviče, parce que tout le monde en parle et Microsoft n’arrête pas de le mettre sur la page d’accueil de Windows, mais aussi parce que nous aimons les montagnes, les lacs, les forêts et les cascades… 

Après 150km  sur l’autoroute E65,  laquelle est vraiment « européenne », comme son nom l’indique, en virant à Karlovac pour encore quelques  80km sur la toute neuve route de détournement D1 qui suit le lit de la rivière Korana, nous sommes arrivées à notre destination.

Mais comme nous avons pu constater immédiatement après notre arrivée à Rastovača, à l’entrée nr. I du parc, « la plus accessible aux personnes à mobilité réduite », nous n’étions pas les seuls, loin de là! 

C’était vraiment bondé, malgré le fait que c’était un  lundi, en plus le 2 octobre, donc théoriquement hors saison : nous avons trouvé difficilement un endroit où nous garer, dans le parking numéro deux. En fait quelque part en pleine forêt, à approximativement deux km, sinon plus, des cascades… Vous diriez que deux km ce n’est pas catastrophique ! Ben oui, mais comment retrouver la voiture dans la forêt, avec cette multitude d’allée et des clairières ?! Heureusement que quelques-uns ont  inventé les téléphones portables, avec des appareils photos et des logiciels précisant les positions ! 

Après avoir parcouru les deux kilomètres de forêt et après avoir  traversé une route par une passerelle pas vraiment nécessaire, vu l’effort demandé pour monter et descendre  ses escaliers, nous sommes arrivés sur une plateforme qui offrait  une vue  panoramique sur les chutes. Lesquelles chutes dégringolaient cristallines sur les parois rocailleux, scintillant dans les rayons du soleil, vers des lacs d’une merveilleuse couleur émeraude.  

Nous avons admiré comme il se doit les chutes d’eau, nichés dans leur joli cadre des montagnes calcaires couvertes de verdoyants arbres feuillus, après quoi nous sommes descendus courageusement vers la rivière,  tout en sachant, en ce qui me concerne, qu’il me faudrait remonter les berges pour partir. C’est-à-dire, au moins 70m de dénivelé, ce qu’à priori n’était pas facile pour moi, avec mes problèmes cardiaques.  






Et j’ai descendu vers la rivière et je l’ai même traversé sur une passerelle, en filmant  l’eau limpide qui  coulait à travers les renoncules, scilles des prés et autres ciguës aquatiques, sans avoir pu voir des poissons, pourtant, parait-il, nombreux dans cette zone. Seulement quelques  canards sauvages qui se déplaçaient insouciants et avec élégance à côté des berges… 

Ceci dit, l’endroit est vraiment merveilleux et mérite d’être vu, les photos et les films que j’ai faits, avec mon exceptionnel téléphone portable, le prouvent, même si nous avons vu seulement une petite partie du parc. 

 Enfin,  plus ou moins rassasiée d'avoir admiré l’étendue turquoise de la rivière Korana,   j’ai  remonté vers la plateforme, où, essoufflée mais heureuse d’avoir réussi l’exploit, j’ai retrouvé mon mari et nous sommes repartis vers la forêt pour retrouver la voiture.  

Nous aurions pu nous attarder plus longtemps, essayer de prendre le bateau pour faire un tour complet des lacs  et même manger dans un de ces restaurants qui attendaient désespérément les clients, la majorité des visiteurs s’arrêtant devant des burgers et les indispensables bières !  Mais nous étions des grands voyageurs et  les voyageurs se sentent bien sur la route ! 

Nous voilà donc en route pour Zadar. Sachant que  « in zadar » signifie en roumain « en vain » je ne pouvais que prier pour que cette visite à Zadar ne s’avère pas vaine… 

E65 vers Cernik
E71 vers Sveti Rok


Pour commencer, nous avons donc traversé la Croatie sur la route D522, toujours dans un paysage à l’évidence européen, mais cette fois plus loin vers le sud des  Alpes Dinariques qui séparent la Croatie de la Bosnie-Hertzgovine, avec seulement des petites montagnes, faisant partie du Massif de Velebit  moutonnant tranquillement à l’horizon, un peu plus près de la route, vers Gorjna Ploca. Nous sommes en Dalmatie du Nord et nous allons vers la mer Adriatique, bifurquant sur la route E71 à Gornja Ploča.

Car Zadar, dans l’antiquité petit village des pécheurs  connu sous le nom de Iadera, changé en Zara, quand la ville devient la plus importante base navale de l’empire Byzantin dans l’Adriatique,  pour devenir  Zadar sous les croates, mais toujours un port important, est, entre autres,  une ville universitaire et une station balnéaire sur la côte dalmate.

 Ce que devient une évidence quand nous arrivons à l’hôtel Donat, où nous avons réservé une chambre  le matin.  L’hôtel, avec plusieurs bâtiments à trois ou quatre étages et un parc bien entretenu, me rappelle un peu certains ensembles d’hôtels à Eforie Nord, sur le bord de la mer Noire. En tout cas, moi ça ne m’a pas du tout déplu, au contraire, car mes souvenirs étaient plaisants !  En plus l’hôtel était au bord de la mer, exactement comme je voulais,  la chambre, all inclusive, n’était pas chère, avec un super diner, où un buffet en libre-service proposait un nombre impressionnant de différents plats de très bonne qualité, ce qui s’est confirmé aussi pour le petit déjeuner.



Avant le diner, nous avons laissé les bagages dans la chambre et nous nous sommes dépêchés d’aller visiter le centre-ville, avec pour objectif principal les œuvres de l’architecte croate Nikola Bašić  « La Salutation au soleil » et surtout «  L’orgue des mers », une œuvre d’art qu’on dit unique au monde et laquelle a suscité ma curiosité.. 

C’est d’ailleurs tout ce que je savais sur cette ville avant la visite,  alors je dois avouer que  j’étais assez surprise en voyant les remparts devant lesquelles nous avons garé la voiture. On aurait dit Carcassonne…  En plus, si on écoutait google, pour arriver à l’orgue marine il fallait  contourner ou traverser la vieille ville, qui s’étend  sur une petite péninsule, presque  entièrement  entourée par des fortifications. Sauf que je n’étais pas préparée psychologiquement pour la visite d’une vieille ville. Et pour le peu de temps qui me restait avant d’être obligée de retourner à l’hôtel, je voulais à tout prix voir cette orgue ! 

En plus, je savais que notre endurance pour la marche à pieds était assez limitée, après les exploits de la journée à Plitvice, alors, ayant compris que l’objectif est situé de l’autre côté de la vieille ville, j’ai décidé qu’il faut la traverser dès que possible!

Aussitôt dit aussitôt fait : nous avons pris sans tarder la première porte  que nous avons vu et c’était  la porte Saint Chrysogonus ou Krševan,  peut-être pas la plus imposante parmi les sept ou huit portes qui percent les remparts, mais la plus efficace pour notre visite. Car, par chance,  elle nous a conduits directement vers les plus importants monuments de la vieille ville, au point  de ne plus savoir où donner de la tête et presque  oublier notre objectif, c’est à dire la fameuse orgue. 

Apres avoir traversé une ruelle médiévale, où l’odeur d’urine m’a un peu désappointé, je suis arrivée  sur une place où un beau bâtiment, paraissant, malgré l’absence de la croix,  être une église,  a attiré mon attention. C’était, j’apprends plus tard à l’aide de l’Internet,  l’église de   Saint Chrysogonus ou Krševan. Une belle église romane en pierre blonde, que je n’ai pas ni le temps, ni l’envie de visiter,  faisant partie d’un monastère bénédictin masculin construit en 1175. De tout façon, elle est fermée au public, donc je peux tranquillement continuer ma route vers le bord de la mer, où est sensée se trouver  la « célèbre » orgue… J’ai mis le mot célèbre entre guillemets parce que, comme j’ai pu constater, cette orgue n’était pas si célèbre que ça, car aucune des personnes à qui j’ai posé la question n’a pas su me répondre, sauf une adolescente qui lisait tranquillement sur la falaise, interrogée par sa  mère, désireuse  de me rendre service…

Mais, après seulement quelques mètres à travers la rue  Šimuna Kožičića Benje , qui porte le nom  de l’évêque de Modruš , fondateur de l’imprimerie glagolitique de Rijeka, me voilà scotche devant un très beau bâtiment pas tout à fait roman, à côté d’un clocher qui me rappelle l’Italie et qui s’avère être le clocher de la cathédrale St. Anastasie, un bâtiment massif  de style roman qui nous tourne le dos.



Encore quelques pas et voilà les ruines d’un forum romain construit entre le premier et le troisième siècle après JC et  dédié à l´empereur Auguste.

Le forum, dont les pierres ont servis à la construction de l’église et des fortifications de la ville, était semble-t-il le plus grand forum romain de l’Adriatique ! 

Après que je me suis bien imprégné de l’atmosphère des lieus, avec le regret de ne pas avoir plus de temps pour y rester, nous sommes sortis vers le front de mer, La Riva, une longue promenade, construite sous l’empire Austro-hongrois, ayant d’un côté la vieille ville et de l’autre la mer et l’archipel de Zadar. Après, en suivant les conseils avisés de l’adolescente qui lisait son livre au bord du quai pour des bateaux de croisière et de circuits en sous-marin, nous sommes allé vers le bout du quai, en regardant vers la mer,  car les bâtiments qui bordaient le quai ne nous paraissaient pas très intéressants : c’était la zone la plus bombardée par les alliés pendant la deuxième guerre mondiale, vu l’importance du port, devenue une base de la marine italienne, puis de la Kriegsmarine allemande.

Et nous avons enfin trouvé notre orgue !

Et je dois dire d’emblée que ça mérite l’effort d’aller la voir et surtout l’écouter !

Au bout du quai, sur la principale place de Zadar,  des escaliers de pierre blanche percés de trous descendent dans la mer, cachant un ingénieux réseau de tubes, de sifflets et de flûtes, dans lesquelles s’engouffrent les vents, les vagues et les marées.

Et la digue commence à chanter.

 Le soleil est là, en train de se coucher au-dessus de l’ile Ugljan, un bateau passe, les sons de la mer sont là aussi, envoutants, dommage qu’il y avait du monde et encore plus dommage que les gens sentent le besoins de piailler dans de tels endroits ! 



Quand même, c’était magique ! 

Et la magie a continué  avec l’autre œuvre du Nikola Bašić    « La Salutation au soleil ». Mais là ce n’était pas dû tant à son œuvre, pas trop mise en valeur car ce n’était pas encore la nuit, mais à une petite fille mignonne à croquer,  qui dansait avec  insouciance au son  d’un saxophone… 



Nous quittons à regret cette belle place, mais avant de retrouver la voiture je tiens à   me promener  quelques minutes sur la passerelle qui enjambe la mer faisant la liaison avec la nouvelle ville.  Là j’ai un joli point de vue sur le port, avec les traditionnels barkajoli et les yachts modernes arrimés aux quais, avec la  vieille ville et ses fortifications en arrière-plan.



Finalement, même si ce n’était que pour quelques heures, je n’ai pas regretté d’avoir choisi Zadar comme première ville à visiter en Croatie. A part la beauté des lieux, la visite m’a permis d’avoir une image de la vie plaisante et tranquille, loin des tumultes contemporains, que mènent ici les Croates. Ces scènes me rappellent mes visites à Prague dans les années ‘80, avec les musiciens et les peintres sur le pont Charles et le Hrad qui domine la ville … 

Des gens qui savent se réjouir avec des choses simples et pleins de beauté !    


Split et le Palais Dioclétien.  

Le lendemain, après un petit déjeuner copieux et après avoir réservé une chambre à Split, nous sommes partis sur la route Jadranska Cesta, au  bord de l’Adriatique, comme  son nom l’indique, car Jadran signifie –Adriatique et l’accord avec la route = cesta, qui est  un mot féminin, donne  Jadranska Cesta,  donc La Route Adriatique. 

Quand même, ces slaves : déjà, comment on peut arriver à transformer la mer Adriatique, nom qui lui vient de la cité étrusque d'Adria (ou Hadria ou Atria) en Jadransko More ? 

Et en Croatie on parle la langue « croate » qui est bien sûr une langue slave. 

A propos, ce voyage m’a confirmé ce que je supposais déjà, vue mon expérience dans l’ex Tchécoslovaquie : les différences entre les langues serbe, croate et bosniaque sont minimes, tel que AL JAZEERA BALKAN, installée à Sarajevo, transmet 20h par jour dans toute l’ex-Yougoslavie en langue bosno-serbo-croate.  Sauf que les serbes semblent préférer les cyrilliques, tandis que les autres ont adopté les lettres latines. 

( ll faut se cultiver dans la vie, hein…)

Ceci dit, à peine entrés sur Jadranska Cesta, que les Croates appellent aussi  Jadranska  Magistrala, ce qui peut faire croire qu’elle est une autoroute et ce qu’elle ne l’est pas, nous apercevons, à travers des aiguilles de pins maritimes, le bleu turquoise  éclatant de la mer Adriatique, laquelle va nous accompagner  sur tout le trajet jusqu’à Split. 

Le fascinant nuancier de bleu de la mer Adriatique m’a donné l’envie de m’approcher encore plus de la mer et donc après avoir parcouru seulement quelques kilomètres,  nous avons fait une petite escale. C’est ainsi que j’ai pu faire quelques belles photos et même des petits vidéos à Sukosan, dans lesquelles on voit de près que  la mer n’est pas bleu, mais  limpide et incolore, car c'est la lumière qu'elle réfléchit qui donne les couleurs. Et quelle lumière ici, dans cette matinée d’octobre, où  un soleil radieux  brille dans un ciel d’azur, presque sans nuages! 

Nous reprenons vite la route qui  longe la côte l’Adriatique, traverse parfois des bras de mer et plus rarement des villages, grimpe au milieu des collines couvertes d’oliviers ou  avec une végétation éparse, mais offrant toujours des panoramas impressionnantes,  avec la mer en toile de fond pour les incontournables iles, qui sont là pour nous rappeler que nous traversons le pays qui en possède 1000.    

Quelque part après le pont de Sibenik, une ville qui a elle aussi un centre médiéval mais que  nous n’avons pas le temps de visiter (on ne peut pas tout voir, malheureusement) la Jadranska  Magistrala devient « centrale » (Srednja) mais pas pour longtemps, car après  Donje Polje, une autre ville côtière, elle entre dans les terres  jusqu’à Prgomet, où  elle commence à descendre de nouveau vers la mer et devient pour de bon  « La route sinueuse » (Vrpoljačka cesta), serpentant à travers des villages aux pieds des collines arides, où on peut apercevoir des vignobles et même une carrière de marbre, jusqu’à Plano , quand elle suis résolument la mer jusqu’à Kastela, où nous sommes en fait dans la banlieue de Split.





Et là, commence une vrai aventure, pas tout à fait plaisante, mais qui heureusement a  finie bien : notre GPS ne trouvait pas la route vers l’entrée de l’hôtel réservé le matin, c’est-à-dire Setaliste pape Ivana Pavla ll. 27 ! Apres avoir tourné en rond sur les rues Radosevska , Velebitska, Poliska  et retour, j’ai décidé de laisser mon mari garer quelque part la voiture et essayer de trouver seule et  à pieds le fameux hôtel. De tout façon, c’est beaucoup plus facile chercher à pieds qu’avec la voiture, vu les divers sens interdits &co.

Et j’ai compris : la rue Setaliste pape Ivana Pavla ll  est une rue en bordure de la plage Žnijan et l’entrée en voiture dans cette rue, recommandée par notre GPS, c’était par la rue Radosevska, laquelle était bloquée à cause des travaux publics. Etant à pieds,  j’ai pu trouver l’entrée de l’hôtel, après quoi, avec les indications de la gérante,  nous avons pu revenir avec la voiture directement à l’entrée du garage de l’hôtel, laquelle étant dans la rue Radoveska, était accessible. Vous suivez ? 

Bon, disons que je me suis débrouillé et que la voiture était fermée dans le garage, les bagages dans la chambre et qu’après ça nous avons pu appeler un taxi pour qu’il nous amène  visiter le fameux palais de Dioclétien.

Maintenant quelques mots sur ce grand empereur !  Né probablement dans les environs de Split, à Solin (Salona en latin), dans une famille modeste, voir même, peut-être, des esclaves affranchis, embrassant une carrière militaire, à l’âge de 40 ans, en 284,  il a été élu empereur par les généraux et les tribuns du feu empereur Numerius, après quoi il a été acclamé par l’armée, comme il se doit. Et bizarrement, en dépit de son origine modeste, c’est  avec lui que vont vaincre dans l’empire romain les tendances de l’absolutisme de type oriental, persano-parthes. C'est à dire, les grands et fastueux palais, le cérémonial presque religieux etc... Grand réformateur, un sort de De Gaulle avant l’heure, il a réorganisé en profondeur l'empire, de point de vue administratif, militaire et économique, en réussissant à lui assurer encore deux siècles d’existence. Très décrié par les Chrétiens, qui lui attribuent tous les martyres ou presque, ce qui me plait chez lui c’est sa lucidité, son sens constructif et organisationnel et surtout   sa décision d’abdiquer en plein pouvoir. Il est le premier et le seul empereur romain à avoir abdiqué de son plein gré et de ce point de vue, le président  De Gaulle aussi lui ressemble, sauf que la V-ème république ne s’est pas effondré pendant la vie de De Gaulle comme il fut le cas pour le système de la tétrarchie, le système de gouvernement inventé par Dioclétien, avec  les deux empereurs et deux césars dans les quatre coins de l’immense empire qui était  devenu l’empire romain à cette époque. 

Ceci dit, avant d’abdiquer, Dioclétien a pris soin de se construire un palais magnifique sur une baie  de l’Adriatique, à Spalato, pas trop loin de ses terre natales. 

Le palais est en fait une  grande forteresse protégée par des tours et des murailles qui s’étend sur 38000m2, avec des fortifications hautes de 17 m, ayant dans la partie supérieure une galerie large de  7 m. Avec une forme trapézoïdale d’une longueur de 215 m et une largeur de 176 m, l’ensemble architectural  est une vrai ville, avec ses rues, ses maisons et ses sanctuaires, parmi lesquelles un temple dédié à Jupiter, le mausolée de l’empereur,  des appartements privés pour l’empereur, des thermes et des résidences pour les centurions et les serviteurs, des dépôts des cuisines, etc.… 

Pour construire son palais, l’empereur  fit venir le marbre d’Italie et de Grèce et importa douze statues de sphinx, des centaines de colonnes de granite rouge, rose ou gris, de porphyre et de certains marbres d'Égypte et il y habita après  l’abdication, depuis  le 1er juin  305, jusqu’à sa mort le 3 décembre 311, en s'occupant de sa passion: le jardinage.

Bon, toutes ces informations et beaucoup d’autres qui ne font pas l’objet de ce récit, je les connaissais déjà depuis des années. Quand je ne rêvais même pas qu’un jour je visiterai Split, car, même sans avoir la permission de voyager dans certains pays, au moins dans la Roumanie de l’époque je pouvais avoir accès aux bons  livres d’histoire. Comme par exemple « Figures d’empereurs romains » de Dumitru Tudor, publié en 1975. 

Mais là,  en ce jour d'octobre 2023,  j’étais vraiment devant à ce qui était devenu, après des siècles,  le célèbre palais, heureusement mieux préservé que d’autres édifices construits à la même époque. Ce qui est dû au fait qu’après  la progression des Slaves en Dalmatie les gens des environs se sont installé à l’intérieur du palais, en adaptant ses bâtiments pour construire des habitations ou des échoppes et plus tard des églises.  

Ainsi  ils n’ont pas tout rasé pour utiliser les pierres, comme par exemple pour les palais des deux Cesars, Galère et Maximin Daia, à Romuliana  et respectivement  à Šarkamen , dans l’actuelle Serbie, où en restent que des ruines.  Ou comme à Cluny, avec la grande église,  ou même à Rome avec le palais de Nero. A propos, c’est drôle cette méthode de déconstruire pour construire : je crains que de nos jours ça revient en force, avec d’autres migrations…  

Enfin,  le taxi nous laisse en bas de la tour sud-ouest du palais et après un brève regard vers les luxueux yachts amarrés dans la bais, j’avance sur ce qui est devenu la « Côte de la renaissance nationale croate», avec un regard mitigé vers la façade sud-ouest, bordée par des bars, des restaurants, ou des magasins de souvenirs et surplombée par des demi-colonnes parfois corinthiennes sinon doriques soutenant des fenêtres aveugles, ou qui regardent carrément vers le ciel.

Elle a du être superbe, cette façade maritime, si même aujourd’hui, enlaidie par toutes ces échoppes, ces balcons et ces » unités d'air conditionnés » fixés  sur ses murs, elle fait quand même une telle impression.  

Enfin, un peu perdue, car je n’avais pas un guide ou une carte des lieux, j’ai avancé sur La Riva jusqu’à ce qui me semblais être la dernière porte, entre une banque et un restaurant, où sur le mur de droite il y avait une plaque avec le buste de Sigmund Freud et  il parait que Sigmund Freud y a vraiment habité. 

Sans pensé à un quelconque lien  avec le célèbre psychanalyste, je suis donc entré dans l’intérieur de ce qui était le  « palais »,  impatiente de voir les vestiges romaines. Mais en déambulant tranquillement dans les rues, en commençant avec la Place des Fruits et jusqu’à la place du peuple, je n’ai vu que des beaux bâtiments gothiques, des classiques maisons et ruelles médiévales, qui me rappelaient un peu l’Italie… 

Comme la place du peuple me paraissait belle, avec des beaux palais tout autour et des nombreux restaurants à leurs pieds, vu que l’heure du déjeuner était presque dépassée, après une analyse minutieuse de tous les menus, nous nous sommes arrêtés au restaurant Kavana Central, juste en face de l’ancienne mairie de la ville, pour un plat unique pour deux (à notre surprise, car nous ne connaissions pas cette habitude des Balkans : ici on doit spécifier si on veut deux plats, ou seulement un plat,  car un seul plat semble suffire pour deux. Et on partage ! ) et deux bières bien méritées !











Une fois rassasiés  (ou presque) nous avons continué notre exploration à la recherche des vestiges romains. Nous nous sommes dirigés vers la rue  Petra Krešimira lV, (roi entre 1058- 1074 quand l'État croate médiéval atteignit sa plus grande extension territoriale) en suivant la foule, en passant à côté du palais Ciprianis  avec le bas-relief de Saint Antoine l’Ermite sur la façade et des belles colonnes aux fenêtres. 

A propos, si on regarde de près la statue de saint Antoine, dans sa robe il y a le maitre du palais agenouillé et au-dessus il y a une pierre réutilisée avec un couple qui se dispute. 

Finalement, après avoir passé à côté du clocher roman de la chapelle Notre Dame du Beffroi, coiffée par l’horloge de la ville de Split et avoir traversé la porte de fer, notre persévérance fut  récompensée : nous étions  sur la place principale du palais impérial. 

Nous sommes à l’intersection des deux axes principaux de l’ancien palais,  nord-sud (le cardo) et est-ouest (le decumanus ), construit suivant les plans d’un camp militaire romain. En face de nous,  un patio pavée, où se  mélangent d’une manière étonnement harmonieuse les styles  de tous les époques,  romain, avec ses influences grecques ou étrusques, gothique, renaissance, vénitien et même égyptien…Le Péristyle. 

Le patio, un  rectangle ouvert vers la rue Petra Krešimira lV, bordé des arcades avec des colonnes aux chapiteaux corinthiennes  en  granite rouge d'Égypte  ou en marbre blanc de Grèce sur les côtés est et ouest et un porche monumentale avec quatre colonnes en granit rouge, avec deux charmantes chapelles renaissance  entre les colonnes latérales et un escalier descendant dans  l'entrecolonnement central vers le vestibule, une pièce circulaire au plafond ouvert vers le ciel, qui devrait être absolument magnifique à l’origine si même aujourd’hui, dépouillée de toutes ses richesses, elle est tellement inspirante !

Sur le côté ouest du péristyle  des colonnes bordaient la façade du  temenos, c’est à dire l’enceinte sacrée autour du temple, vraisemblablement dédié à Jupiter. De nos jours, le temple lui-même, transformé par les chrétiens en baptistère,  est accessible par un passage étroit entre un palais construit à la renaissance et qui abrite maintenant au rez-de-chaussée le café  Luxor, et une autre maison néoclassique où on peut acheter des tickets pour la visite, les splendides colonnes de la façade du temple étant incorporés aux murs de ces maisons. 

Sur le côté est, derrière les arcades, il y a le mausolée, avec une architecture octogonale d’une élégante simplicité,  transformé par les chrétiens en cathédrale, après avoir déplacé le sarcophage de l'empereur. C’est d’ailleurs à cause de cette utilisation que le mausolée est la construction la meilleure conservée. Ils ont même laissé en place les lions qui gardaient l'entrée du mausolée, en les flanquant des petites statues de saints, contrastant par leur style primitive attendrissant, typiquement moyenâgeux, avec les artéfacts romains d'alentour.

 Au  XIIIème  les habitants lui ont ajouté à côté un campanile élancé et très décoré, de style néo-roman, avec des colonnettes qui reprennent le style corinthien des chapiteaux des colonnes qui entourent le péristyle.

Dans l’arcade est qui borde le mausolée-cathédrale, à côté de porche, a été placé un sphinx en granit noir d’Afrique vieux de plus de 3500 provenant du site du pharaon Thoutmosis III. Il parait qu’ils y avaient initialement 12, mais celui-ci est le seul intact, les autres étant plus ou moins détruits par les chrétiens : comme quoi, il n’y a pas que les djihadistes qui détruisent les statues, mais les intégristes de tous les bords ! 

Je constate qu’il y a beaucoup à dire sur ma visite à Split, surtout que j’ai marché non-stop dans les rues de la vieille ville, c’est-à-dire du palais, comme sur la Riva, en respirant plein poumons la beauté et la sérénité des lieux. En déambulant dans les rues j’ai vu des églises et d’autres palais,   tantôt  renaissances, tantôt gothiques, néo-classiques ou  même un bâtiment art-nouveau qui s'est averé être des bains, et un autre style mauresque, la maison louée par M. Freud, justement…

 Des romantiques ruelles médiévales, des statues, des superbes jardins entre les ruines de l’ancien palais, juste pour nous rappeler que l’empereur Dioclétien aimait le jardinage, des palmiers sur la riva, des mouettes  perchées sur les tours de la forteresse, des immenses yachts et des bateaux de corsaires dans la baie…

















Et surtout des gens qui se promenaient tranquillement ou qui passaient du bon temps sur des terrasses ou sur le bord de la mer…

Enfin, fatigués, nous avons pris  un taxi qui aurait pu transporter une famille de huit personnes, (un peu forcés,  car d’autres taxis, plus adaptés, attendaient leur tour)  et nous sommes partis vers notre hôtel en décidant qu’un petit en-cas sur  notre terrasse devant la mer serra meilleur qu’une éventuelle longue et décevante attente dans un restaurant… Et nous avons eu raison !   Quant au taxi, qui bien sûr nous a couté plus cher qu’un taxi normal, je dis tant pis, car le chauffeur était un jeune sympathique, avec lequel j’ai pu discuter pour comparer un peu la situation de la Croatie avec ce que vivent les Français de nos jours… Et puis, par principe, j’aime encourager les jeunes qui travaillent et c’est peut-être le même sentiment qu’avait le Croate qui nous a un peu forcé la main, comme je disais, pour prendre ce taxi…

Dubrovnik

Nous voilà de nouveau sur la D8, la célèbre Jadranska Magistrala, pour encore quelque 220km jusqu’à Dubrovnik, parcourant  des paysages de plus en plus spectaculaires.

Nous  sommes dans la Dalmatie Centrale et la route serpente entre la mer et des montagnes relativement  basses,  Stomorica à Duce, Dinara à Omis ou Biokovo à Makarska… Parfois les belles villas au bord de la route sont carrément collées au flanc de montagnes et seulement la route les sépare des plages et de la mer, qui est toujours d’un bleu réjouissant… 

Il parait  qu’autrefois cette région gorgeait des pirates autochtones, les forteresses qui dominent les villes, comme Starigrad ou Mirabela à Omis, par exemple, le témoignent . Construites pour défendre la ville, finalement elles servaient comme tours de guet  d’où les pirates  surveillaient le trafic sur la mer, avant d’attaquer les navires de passage…

Apres Pisak la route continuait entre les montagnes,  parfois jouxtant la mer, avec des falaises vertigineuses plongeants dans ces eaux,  parfois en s’éloignant quelques mètres et laissant s'apercevoir en bas des petits criques, avec des beaux yachts amarrés,  des villes, avec les toits rouges des maisons, sinon les tours des églises pointant vers le ciel et toujours en toile de fond la mer, avec des eaux turquoises et des iles sortant des brumes.

Le paysage est tellement beau qu’on a envie de s’arrêter dans  tous les « points de vue » aménagés sur la route, en faisant des photos et des vidéos, essayant, comme toujours, de capter les plus belles images, pour arrêter le temps, essayer de le figer, empêcher l’inévitable oublie !









 

Après Igrane,  le golf de  Drvenik et le paysage presque sauvage de Bacina, nous nous retrouvons avec surprise sur le pont de …Millau… ou presque. En fait c’était le pont de Pelješac qui lui ressemble par endroits, sans être si spectaculaire quand même, car construit par les  Chinois, hein…

 Ah, cette Europe… qui achète des avions aux USA, qui construit des TGV et des ponts avec la Chine, pour ne pas parler de la viande achetée au Chili ou en Nouvelle Zélande ! 

En plus, à propos de l’idée saugrenu de l’Europe Fédérale, ce pont et le pont de la discorde, car construit pour éviter le court passage de 9 km à travers la petite portion de territoire de la Bosnie-Herzégovine, entre Klek et le poste frontière de Neum.… Dire que les Croates, les Bosniaques et les Serbes, tous en principe des Slaves, ont vécu ensemble au moins depuis la première guerre mondiale, sinon  plus d’années encore, car tous étant sous l’empire Austro-Hongrois.  

Pour finir leur « union » dans le sang… 

Et on veut faire Les Etats Unis d’Europe, avec des Bulgares, des Danois &co… et même des Turcs, des Ukrainiens et j’en passe… 

Bon, cette parenthèse d'opinion politique fermée, on continue le périple vers notre destination, en traversant la péninsule de Pelješac et une série de tunels (Polakovica, Supava) pour reprendre notre Jadranska Magistrala vers Doli, un village du comté de Dubrovnik-Neretva.




Nous sommes à seulement 43 km de Dubrovnik, mais si je regarde le temps sur mes photos, il nous a fallu encore une heure et demi pour arriver dans notre superbe chambre, à l’hôtel « Royal Neptun »  de Lapad. Et pour y arriver nous avons dû enjamber la « ria » Rijeka Dubrovačka à travers le nouveau pont dédié au premier président d'une Croatie indépendante, Dr. Franja Tudmana, faire ensuite le tour du port Luka Gruz et se fier à notre GPS pour trouver la bonne route, en dépit des travaux en cours et autres sens interdits.

Mais une fois arrivés à l’hôtel, que des belles surprises, malgré le fait que nous savions que nous avions réservé le matin dans "un hôtel 4 étoiles, all inclusif" , c’est-à-dire avec petit déjeuner et  diner compris. Mais quand même, il y a des quatre étoiles et des quatre étoiles et tous les étoiles ne se valent pas toujours, mais là… whaou, et les chambres et les parcs autour, et les services, pour ne pas parler du diner copieux et d’une qualité esquisse ! Et comme une cerise sur le gâteau, le tout  à un prix qui battait tous les concurrences, vu qu’on était hors saison !

Mais le premier avantage de cet hôtel, à part sa splendeur, c’était bien sûr la proximité avec le terminus d’un bus qui nous a transporté jusqu’à la vieille ville ! 

Conclusion : je peux d’emblée le dire: de mon point de vue l’étape Dubrovnik a été la plus belle étape de notre voyage.  Au point que j’aurais bien aimé d’y rester encore quelques jours !

Bien sûr que ce n’est pas seulement à cause de l’hôtel, mais aussi de la vieille ville et ses alentours que nous avons pu à peine apercevoir, dans ces quelques heures que nous avons eu à notre  disposition. 

 Pour l’histoire, Dubrovnik, capitale de la Dalmatie méridionale, est la synthèse de deux villes : une, fondée par les Avars au VII siècle sur un éperon rocheux (ragusa en latin), forteresse naturelle occupée dans l’antiquité par des Grecs et l’autre , fondée par les slaves, qui s’installèrent dans une forêt de chênes (dubrova) de l’autre côté d’un bras de mer, appelé "la Stradun". Bras de mer qui sera comblé au XIᵉ siècle et qui est maintenant l’artère principale de la vieille ville.

Le vieux Dubrovnik, fut plus tard la capitale de la République de Raguse, crée en 1358, laquelle  comprenait à l’origine seulement  les ports de Raguse (Dubrovnik) et de Vieux-Raguse  (Cavtat en croate) et qui perdait son Independence en 1458, devenant une province vassale de l’empire Ottomane. 

Il faut dire qu’à cette époque tous les pays des Balkans étaient des provinces complétement intégrés dans cet empire et que, dans ce contexte, le statut de vassale accordé par les Turcs à la Raguse était un statut spécial et très favorable. Même plus favorable dans les faits que le même statut spécial accordé aux   principautés danubiennes, la Valachie, la Moldavie et pour quelque temps la Transylvanie, c'est à dire toutes  les grandes régions de l’actuelle Roumanie, lesquelles ne furent jamais des provinces ottomanes.

Je m’arrêts ici avec le passé historique riche en évènements de cette république, parfois similaires aux ceux subis par mon propre pays, en signalant quand même avec plaisir le rapport élogieux  qu’à fait l’historien ragusain  Michael Bocignoli   qui a visité les Principautés Roumaines au mois de juin 1524, car sa description contraste largement avec la description gothique du héros du roman épistolaire de l'écrivain irlandais Bram Stoker, Vlad Tepes.

Ceci dit, en descendant de l’autobus nous nous trouvons devants les hauts murs protégés par des solides tours de défense de la vieille ville, 

Nous traversons un pont au-dessus de l'ancien fossé qui entourait le mur côté terre, devenu aujourd’hui un parc bien fleuri,  pour aller vers ce qui a été pendant de nombreuses années la seule entrée de la République de Raguse, la porte Pile, coiffée d'une statue du Saint Blaise, le patron de Dubrovnik. Saint que nous allons voir plus d'une fois représenté, une église lui étant même dédiée!






Après la porte Pile et encore une autre porte intérieure (pour renforcer la sécurité de la ville rien n'est de trop)   nous  voilà transportés dans une cité fortifiée du XVI-eme siècle qui a l’air d’être à peine construite.  Pas étonnant, quand même, vu qu’après les dégâts importantes causés par les bombardements de l'armée serbo-monténégrine entre 1992-1995, tout a été restauré  presque à l’identique, par les soins de l’UNESCO et avec des donations internationales. 

Un peu déboussolée, j’ai essayé d’obtenir une documentation aux informations, mais je dois dire que la dame qui y faisait l’office n’était pas du tout serviable. On aurait dit même qu’elle en avait marre de tous ces visiteurs… J’ai trouvé finalement seule un livre et je suis parti sur la Stradum, comme tout le monde, décidant que pour le peu de temps disponible nous devons nous contentés de flâner  dans les ruelles de la vieille ville et de visiter quelques-uns de ses monuments qui nous semblent intéressantes, à condition qu’ils ne soient pas fermés.

Tout en prenant quand même  le temps de nous prélasser quelques minutes en regardant la mer  sur la terrasse au-dessus du vieux port, ou sur une autre, vers la Kolorina bay, devant le mur ouest de la ville, avec la forteresse  Lovrijenac, refaite elle aussi à neuf au-dessus du West harbour.




Finalement, pour mieux sentir l’atmosphère des lieux et nous imprégner des  effluves de l’histoire mélangés aux odeurs du présent, nous nous sommes arrêtés au milieu de la place Gundulićeva Poljana, où,  sur la terrasse d’un restaurant, en regardant les bâtiments alentour et les vendeurs de fruits et autres souvenirs, nous avons bu une bière croate  pour mieux marquer le moment.

  Et notre initiative s’est avérée fructueuse de tous les points de vue, car là nous avons reçu enfin des bonnes informations qu’un serveur aimable nous a offertes spontanément en voyant comment nous étudions consciencieusement une carte de la ville.   

Son amabilité était d’ailleurs très opportune, car avec la dame qui trônait aux informations et les prix très exagérés pour chaque entrée dans les palais ou sur les remparts (que de toute façon nous ne voulons pas visiter, par manque de temps mais aussi des forces physiques), notre impression aurait été assez mitigée !  

Autrement, pour conclure, même si je n’étais pas aussi émue, comme à Split ou même à Zadar, devant les ruines romanes où à l’orgue marine, je ne pouvais ne pas être impressionnée par la beauté harmonieuse des lieux. Harmonie due à la couleur des pierres blondes utilisées pour les bâtiments et aux tuiles rouges des toits, plutôt qu'au aux styles architecturaux,  assez éclectiques. Ainsi, la petite église Saint Sauveur est de style renaissance, le palais Sponza est un mélange de gothique et de renaissance, quant à l’escalier des Jésuites, c’est un exemple  somptueux d’architecture baroque, ainsi que  l’église Sainte Blaise ou la Cathédrale.












Enfin, le soir venu, nous avons quitté les lieux pour aller à notre hôtel où nous avons diné sur la terrasse du restaurant, sous un ciel étoilé, servis par une très jolie et sympathique jeune fille ! 




C’était le dernier soir en Croatie.  

Le lendemain nous partions pour l’Albanie, via Monténégro et le monastère d’Ostrog. 


Pompei
Rome2.. suivre