Sous le signe des attentats du 13 novembre 2015 à Paris.
Bizarrement j’ai appris l’effroyable nouvelle seulement le matin de 16 novembre, en descendant au petit déjeuner. Oui, le décalage, oui, l’emploie de temps surchargé qui nous évite les soirées passées devant la télé ou à regarder les smartphones, mais quand même…
Réveillée de bonne heure j’ai eu le loisir d’admirer le lever de soleil par la fenêtre de la chambre d’hôtel, de savourer la vue du brouillard matinale au-dessus de la rivière Thu Bon, ou plutôt de son bras qui borde la rue Cua Dai, dans le village Cam Chau où était situé notre hôtel à Hôi An et de m’émerveiller fascinée devant ce paysage tropicale qui s’offrait à mes yeux avant de monter au restaurant du dernier étage pour le petit déjeuner.
Nous étions tous traumatisés, mais le voyage devait continuer, même si nous n’avions plus envie de grand-chose à ce moment-là.
Et il a continué.
Tout de même, avant de commencer notre journée de visites on a décidé d’aller tous ensemble nous recueillir devant une église en souvenir des victimes, mais aussi pour prier : pour nos proches restés en France, pour la France…
Après quoi, sans vraiment grand intérêt, nous avons commencé le programme de la journée.
Hôi An, connu auparavant par les occidentaux sous le nom de Faifo, dérivé du vietnamien Hội An Phố ( "la ville de Hoi An"->"Hoi-pho"=>"Faifo") dont le nom signifie «paisible lieu de rencontre», méritait bien son nom, car jusqu’au dernier siècle la cité fut un grand port marchand d'Asie du Sud-Est, sur la route de la soie et de la céramique, faisant partie au début de notre ère du royaume des Champa.
Comme on pouvait s’attendre, vu sa position privilégiée, les bateaux de commerce chinois et arabes sont passés par là et nombreux sont ceux qui y se sont installés. Au XVII siècle, après la conquête du royaume Cham par les Vietnamiens, la ville devient une base économique importante des seigneurs et des rois de Nguyễn pour le sud du Vietnam, mais dû aux divers calamités et guerres, en 1695 il ne restaient plus que quatre ou cinq familles japonaises face à environ cent familles chinoises.
Et c’est à cette même époque que la ville fut assaille par des commerçants et des entrepreneurs Hollandais et Portugais et bien sûr, last but not the least, des Français, ce qui a contribué amplement à son développement, tel qu’elle devint un comptoir important, à peuplement majoritairement étranger et de ce fait, en étant divisée en plusieurs quartiers dont le quartier japonais, le quartier chinois et le quartier européen, avec le mélange original de plusieurs styles d’architecture qui en résulte, elle est différente des autres villes vietnamiennes traditionnelles, créées autour ou à côté d'une citadelle ou d'un marché.
Du à l’ensablement progressif de la rivière Thu Bon la ville a vu son activité portuaire et son importance économique et stratégique décliner au profit de celui de Đà Nẵng.
Un bonheur pour un malheur, la ville fu ainsi épargnée par les dernières guerres et, tout en sachant préserver en état ses vieux quartiers, elle s’est vu offert le privilège d’être inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO .
J’arrêts ici mon préambule. Si ça vous intéresse vous pouvez trouver plus d’informations ici, par exemple : http://whc.unesco.org/fr/list/948.
Nous avons commencé notre visite dans le quartier chinois, plus précisément dans la rue Tran Phu, une rue piétonne, (au moins à l’heure de notre visite), calme : ça change de l’habituel concert de klaxons, le brouhaha et l’odeur des gaz d’échappement de Hanoi. Les maisons aussi sont différentes, petits et couvertes de chaux peinte en jaune intense, ou plus coquettes et luxueuses, en bois de jaquier de couleur foncé , avec des beaux balcons ouvragés, croulant sous les fleurs et la verdure… On dirait un village provençal, si ce n’était pas le style asiatique de l’architecture…
Même l’attitude des commerçants est différente, car, comme à Hanoi et comme dans tous les lieux touristiques, ici aussi chaque maison est un commerce: chaussures, confections, lampions à profusion, sinon des restaurants. Sauf qu'ici il n’y a pas cette agglomération furibonde des gens et des marchandises, comme à Hanoi, ni les "restaurants de rue", c’est-à-dire ces petites tables et tabourets en plastique coloré sur les trotoires où les gens mangent accroupis… Bon, je ne suis pas allé au marché non plus, hein…
Le temple proprement dit, le temple d'or de la montagne, Jinshang, est dédié au culte des ancêtres, mais surtout à la déesse de la Mer et protectrice des marins, Thien Hau et aussi aux autres deux déesses « nécessaires à la navigation »: Thuan Phong Nhi, qui est capable d'écouter le son d'un navire, même à une distance de mille miles et Thien Ly Nhan, qui est capable de voir ces navires lointains.
Dans le temple est exposée, entre autres peintures, sculptures et vases en porcelaine, la maquette d’un bateau à voiles de 1875, nous rappelant que les Chinois étaient des navigateurs et des commerçants.
J’ai beaucoup aimé ce temple avec ses céramiques colorées et kitch à souhait et surtout les jardins, les bonsaïs et les fontaines, même sans comprendre leur valeur symbolique. Car il faut savoir que tout est symbolique ici. Par exemple, dans la fontaine en mosaïque de la salle de réunion avec la sculpture de poisson, qui est un symbole de réussite, mais aussi un dragon, licorne, phénix, tortues et ainsi de suite. Tous ces animaux signifient les différentes caractéristiques de la culture chinoise. Le dragon est le symbole de la puissance et la tortue signifie l'endurance. D'autre part, la licorne est un symbole de la connaissance et le phénix représente la noblesse, etc.
Comme dans le temple chinois, ici aussi il y a la maquette d’un bateau, pour rappeler que le commerce se faisait par le port. Attire aussi l’attention la trappe qui permettait de monter toutes les affaires à l'étage pendant les inondations au moment de la mousson, quant à la céramique, faut vraiment être connaisseur pour bien apprécier sa valeur.
C’est l’unique pont couvert connu avec un pagodon bouddhiste attaché à l’intérieur. Pagodon qui protège les marins et que nous allons d’ailleurs visiter en courant, à cause surtout de la foule des touristes qui s’y pressent. Les deux singes et les deux chiens, visibles de part et d'autre des entrées du pont indiquent que la construction a commencé l'année du singe et a fini l'année du chien.
De ce côté du pont les maisons sont toujours d’une couleur jaune électrique ou en bois brun, mais l’atmosphère me semble encore plus charmante, avec beaucoup des boutiques qui offrent des belles peintures ou des sculptures en bois, avec des arbres qui forment un vrai tunnel de verdure, avec des gens qui vaquent paisibles à leurs occupations.
Nous visitons dans cette rue la maison Phung Hung, classée aux monuments historiques du pays et qui est depuis 8 générations dans la même famille de marins. Elle est à la fois musée et magasin, on y vend des broderies, mais aussi un bon thé vietnamien, entre autres. La nuit elle redevient la maison de la famille respective.
La maison se compose de deux étages avec plusieurs parties et son architecture représente une synthèse de tous les styles architecturaux asiatiques de Hoi An: la charpente est japonaise, la terrasse intérieure est d’inspiration chinoise et les 80 colonnes en bois-de-fer vietnamiennes, nous informe la propriétaire.
Ici aussi il y a la fameuse trappe qui sauve les meubles et surtout, comme dans chaque maison de Vietnam, l’autel des génies domestiques et des ancêtres, mais là, l’astuce, il est suspendu au plafond.
Un peu fatigués, mon mari et moi nous allons boire un thé sur le bord de Song Thu, chez les deux copines que voilà et qui nous ont reçus avec enthousiasme, en nous servant gratuitement, en plus du thé, des mangues et des gâteaux et en nous racontant leur vie dans une anglaise approximative, complétée avec l’universel langage des signes. A la fin elles ont même voulu nous embrasser, ou plutôt mon mari, en disant qu’il ressemble à Ho Chi Minh, lol…
Et tant qu’on y est, nous allons visiter un grand atelier-magasin de sculpture en marbre, d’où j’ai acheté une exquise petite barque en jade que voilà !
Car il faut rappeler que le musée de Danang a été imaginé, proposé et créé en 1915 par l’archéologue français Henri Parmentier. Je ne vais pas décrire ce que j’ai vu dans ce musée, les photos suffissent, il me semble et en voilà quelques-unes !
Bref, pour finir : j’ai adoré cette journée à Hoir An et Danang, mais pendant les visites les évènements de Paris sont resté tout le temps dans ma tête!
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