Autrement, nous nous réveillons de bonne heures, comme d’habitude, car non seulement le programme est chargé et nous avons un long chemin à faire, mais en plus il y a le bordel des valises, avec quelques-unes qui vont rester à l’hôtel et quelques autres doivent partir en bus vers Can Tho, selon le désir des propriétaires. Nous, on les laisses sur place avec notre Adèle favorite fraichement arrivée de Hanoi, (je parle of course de notre magnifique tableau Klimt laqué acheté là-bas). On préfère voyager légers, sac à dos et puis on fait confiance à nos amis les Viêts, hein…
Ça tombe bien pour moi, car pendant que les autres s’occupent de leurs valises, j’ai le temps de me brancher à l’ordinateur de l’hôtel pour lire les informations de France: catastrophiques ! Mais le voyage continue...
Il faut savoir que le Mékong vient non seulement de loin et mais aussi de très très haut, car il prend sa source au Tibet, à plus de 5000m altitude et après avoir traversé successivement la Chine (dans la province du Yunnan), le Laos, la Birmanie, la Thaïlande et le Cambodge, où se forment les premiers bras de son delta, se prolonge dans le sud du Viêt Nam où il se divise en deux branches principales, le Tiền Giang (« fleuve à l’avant ») et le Hậu Giang (« fleuve à l’arrière »), pour se jeter après en mer de Chine méridionale par neuf estuaires. D’où le nom vietnamien du fleuve, Sông Cửu Long (« fleuve des neuf dragons »).
Justement, nous allons prendre le bateau que voilà dans le port de My Tho, où nous allons commencer notre croisière sur la rivière Tiền Giang, la porte d’entrée du Delta du Mékong.
Le premier contact avec le fleuve et ses flots brunâtres, limoneux et boueux, m’a un peu désarçonné et en regardant ma première photo, il faut reconnaitre qu’il y avait de quoi. Mais dès que le bateau a commencé sa course, la magie du voyage a pris vite le dessus.
Nous zigzaguons à peu près une heure sur le fleuve en regardant ses berges avec les maisons sur pilotis et autres baraques en tôles, (spécialement conçus pour que les touristes occidentaux puissent s’exclamer sur leur précarité) et nous nous émerveillons aussi, comme il se doit, sur la multitude des dimensions et des formes de tous ces objets qui flottent autour de nous, une multitude hétéroclite de barques, de péniches et d'autres embarcations bizarres…
Pas pour longtemps, car nous nous arrêtons et nous descendons de notre jonque pour visiter la première de ces pittoresques iles alluvionnaires de végétation luxuriante, promises par le croisiériste.
Cette île-ci comprend une petite ferme apicole et un petit restaurant couverte des feuilles de cocotier où on nous offre une dégustation gratuite de thé au miel et des fruits tropicaux, pendant qu’un monsieur nous joue de la musique folklorique du Delta du Mékong, "don ca tai tu". Comme je viens de Roumanie ou le tourisme avait (au moins dans les années ’70-’80) ce même type de mise en scène, je ne suis que rélativement mpressionnée. N’empêche, finalement, après que j’ai gouté de leur gelée royale, j’en ai quand même acheté une petite boîte, en me disant qu’il y a des chances qu’il soit bio…
Preuve, s'il en faut, qu'en fait j’ai bien aimé ce premier contact avec leurs iles remplis de jardins tropicaux, avec tous ces palmiers d’eau qui remplacent dans la mangrove les palétuviers détruits pendant la guerre ou par les pesticides, et aussi les cours d'eau chevauchés par des petits ponts, les ananas en pot et surtout les fleurs, les belles fleurs tropicales de toutes le couleurs, pareils aux oiseaux gardées dans des cages. Et même le serpent commercial qui remplace ici le buffle du Hoa Lu exposé pour se faire photographier avec les touristes, lesquels touristes souvent ne payent rien en échange.
Et c’est vraiment fou tout ce qu’on peut faire avec cette pauvre plante (je parle des cocotiers, là) et ses fruits. Bon, il y a les bonbons et les gâteaux que chacun d’entre nous a déjà mangé dans sa vie, mais ici on fabrique aussi des matelas, des briques, des toits, des paniers, etc.
Tout ça m'interpele et en plus l’environnement aussi est superbement beau et même intéressant, avec toutes ces plantes tropicales et toujours ces canaux et ces ponts, la mangrove, quoi, et l’autel des ancêtres au milieu de l’atelier, etc…
Pour ne pas parler d’un autre serpent « commercial » que cette fois quelques-unes d’entre nous ont même enroulé autour de leur cou pour la photo, malheureusement toujours sans rien donner au propriétaire… Ben, le pauvre paysan, il va finalement renoncer à le nourrir, ce serpent, hein…
Nous nous arrêtons sur un petit débarcadère où nous montons deux par deux dans des barques à rames et là c’est vraiment le top de la journée sinon du voyage: nous entrons lentement dans un de ces tunnels ombragés de la mangrove, un canal à travers des palmiers d’eau et de palétuviers, une vraie jungle tropicale exubérante où la fraîcheur mystérieuse, après la chaleur tropicale de cette journée de novembre, contribue à l'enchantement et au bien-être.
En tout cas sur cette ile aussi il y a des petits canaux, des arbres fruitiers, des bananiers, des cocotiers et j’en passe, en plus il y aussi les tombes en marbres à côté des villas, pour preuve de l’importance des « ancêtres » dans ce pays…
Pour le déjeuner, on va enfin voir comment on épluche le célèbre poisson “oreille d’éléphant”, puis nous allons reprendre notre périple sur le Mékong, en passant à côté d’une ferme d’élevage de poissons, justement. Suit la route en bus vers Can Tho et son hôtel modern de je ne sais pas combien d’étoiles d’où on peut avoir une merveilleuse image de nuit sur un autre pont à haubanes, Cau Quang Trung, construit par les Japonais (ou en tout cas avec leur argent), cette fois sur le bras de Mékong appelé Bassac (ou Hau Giang).,
Le paysage des berges et de l’eau est quasiment le même que celui qu’on a vu hier sur la rivière Tien, sauf les grands buildings derrière les baraques en tôles, dont notre hôtel, Iris. Et la couleur du bateau Sacatours, qui signifie peut être qu’il n’est plus une « jonque »?
Attention, celui-ci c’est un marché "en gros", on ne vend pas en détail, mais quelques barques abordent quand même les bateaux des touristes pour offrir des fruits et des boissons.
Autrement, on voit que les bateaux des vendeurs sont aussi leur lieu de vie, avec familles et enfants, le linge qui sèche, le prouve. Mais il y a de quoi s’exclamer de nouveau sur le thème « qu’est ce qu’on est bien en France », même si je sais pertinemment que ce n’est pas ce « bien » là qui fait le bonheur, on n’a qu’à regarder leurs quasi-permanent sourire, par comparaison avec la morosité occidentale, hein…
Enfin, même si je regarde de tous mes yeux, faut dire que je ne suis pas si emballée que ça et je ne vais pas rêver la nuit d’y aller, mais je reconnais que le Delta du Mékong c’est whaou…
Après ça, nous nous reposons en regardant par les fenêtres du bus, le temps de voir que le sud aussi a adopté le style des maisons tube, que les élèves ont la tenue traditionnelle vietnamienne, l’ao dai de couleur blanche et que vraiment le Delta de Mékong est le grenier à riz du Vietnam, la multitude d’entrepôts pleins de sac de riz qu’on voit au bord de la route le prouve.
Ici non seulement le repas était excellent, avec les démonstrations de cuisine habituelles et la curieuse grande boule de riz gluant, mais le site était somptueux et de toute beauté, avec de très beaux jardins, des petits étangs couverts des nénuphars et des reproductions de filets de pêche typiques, des petits ponts élégants à travers des carneaux bordés des plantes exotiques, des bungalows de plusieurs styles, simulant les maisons communales des différentes ethnies, et des fleurs, des canas, des bougainvilliers et même des orchidées en parasitant les arbres et tout était propre, très élégant et soigné, avec l’herbe verte et bien coupée… ah ah ah, mon jardin à moi, tiens…
Et vous voyez le gratte-ciel dans la dernière photo avec la plateforme d’atterrissage pour hélicoptères? Eh ben, c’est là que nous allons finir notre voyage le lendemain, au 52 étage, devant une bière toute froide, na-na-nè-re…
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