Santillana del Mar a été une des belles surprises de ce voyage. Pas
vraiment sainte, pas vraiment plate (llana) et pas du tout à la mer,
comme son nom le suggère, la ville des trois mensonges est vraiment une
des plus belles villes qu’on peut voir quand on aime les vieilles
pierres ! Dès l’entrée dans la ville on a l’impression d’être dans un
vrai musée d’architecture médiévale et la multitude des blasons
richement ouvragés sur les murs des maisons nous rappelle qu’on est en
Espagne, en sachant que chaque espagnol, ou presque, était auparavant un
hidalgo.
Là, une petite parenthèse me semble nécessaire, car ce n’est
pas qu’à Santillana sur Mer que les blasons apparaissent sur les maisons
de l’Espagne et, plus généralement, tous les Espagnols se prennent plus
ou moins pour des Hidalgos (voir pour preuve l’ancien premier ministre
français, Manuel Valls). Le hidalgo c’est rang nobiliaire, le plus bas
dans la hiérarchie aristocratique, mais quand même exonéré des tous les
charges et impôts dus par ceux d’en bas. Plus que ça, on ne peut pas
obtenir le titre de hidalgo que par la naissance, pas comme les autres
titres de noblesse qui peuvent être accordé par les rois, par exemple.
Par contre, les hidalgos sont en général pauvres, mais fiers de l’être,
un peu comme Don Quichotte, quoi !
La Maison de Villa, XVII siècle |
La tour de Merino, XIV siècle. |
Armories de "La casa de los Hombrones" |
Armories du "Palacio de Los Peredo-Barreda" |
Comme souvent au moyen âge, Santillana del Mar c’est développée autour
du monastère qui existait déjà ici en l’an 870. L’arrivée des
reliques de Saint Juliane ou Santa Llana ayant comme conséquence non
seulement le changement de nom mais surtout la croissance de
l’importance du monastère et de la ville, en 1209 Santillana est devenu
la capitale des Asturies occidentales, d’où la présence de nombreux
aristocrates sur place. Ceci explique le grand nombre de palais, de
villas et des tours, auxquels s’ajoutent plusieurs églises, dont la
somptueuse collégiale à l’architecture de style romane bénédictin
construite entre XII et XIII siècle pour remplacer le bâtiment du vieux
monastère, devenu insuffisant vu le nombre croissant des pèlerins sur
le Camino del Norte, le Chemin de Compostelle qui longe l'océan.
Dès que je suis descendu de la voiture j'ai su que je vais adorer cette
visite. Aimant bien les vieilles pierres, avec un engouement
particulier pour l’ époque médiévale et ce style d’architecture comme
mes pages web le témoignent (voir par exemple
http://pourtier.pagesperso-orange.fr/Rochebriant/Cathedrales.htm ou
http://voyagesclunisiennes.blogspot.fr/) j’étais aux anges, ne sachant
plus où donner de la tête, en regardant autour avec des yeux comme des
soucoupes et en photographiant à tour de bras, dans un désir insensé de
prendre la ville avec moi… Il faut savoir que l’endroit semble
carrément figé dans le temps, avec les ruelles tortueuses pavées de
galets, les maisons à l’architecture typique de la Cantabrie rurale, et
même un vieux lavoir au milieu d’une place… Seulement les voitures des
riverains et les quelques touristes (que je me force maintenant de
sortir de mes photos), faisant taches et encore heureusement que nous
étions hors saison et que la circulation est interdite à l’intérieur du
centre historique!
Quelques photos des rues :
L’explication de cette préservation de l'aspect médiéval, à laquelle la
ville doit sa place dans le patrimoine de l’UNESCO, est simple: à partir
de 1560 le pouvoir de l’ancien monastère sur la ville passe dans les
mains d’un gouvernement central des « Asturies » (Habsbourg) – jusqu’à
son transfert administratif à Laredo. Petite à petite c’est la
décadence, la ville tombant pratiquement en oublie vers XIX siècle, ce
qui par ailleurs la sauvé ! Dans les années 20 de XX siècle a été une
nouvelle renaissance de la ville, son patrimoine culturel étant restauré
et mis en valeur par une riche activité culturelle, avant-goût des
activités estivales à la mode dans tous les pays de nos jours.
A propos des Habsbourg, dont des héritiers de l’archiduchesse Margarita
de Austria y Borbon possèdent une maison a Santillane, (après la chute
de l’empire, elle a acheté la maison de la famille Barreda Bracho, ou la
maison des abbés à Santillane) une petite parenthèse : on ne se rend
pas assez compte en quelle mesure « l’Europe » existait longtemps avant
Bruxelles. Si on regarde l’histoire de certaines régions françaises,
l’Aquitaine qui était anglaise, avec le fameux Richard Cœur de Lyon
gisant à l’abbaye de Fontevraud, la Bourgogne, avec tous les
Bourguignons qu’on trouve sur les trônes d’Autriche ou d’Espagne et
partout à vrai dire, pour ne pas parler de l’influence de Cluny et des
bénédictins ou des cisterciens sur toute la chrétienté occidentale! …
Ben oui, on peut difficilement nier les racines chrétiennes de cette
Europe, quand on voit toutes ces églises romanes en Espagne, dont la
collégiale de Santillana est un bel exemple.
Mais je ne vais pas blablater encore longtemps sur Santillana et son
histoire. De toute façon, les informations que je puisse offrir sont
déjà sur internet, autrement comment j’aurais pu les avoir? Si vous
voulez savoir plus, je vous recommande ce site
http://www.semarac.com/es/portfolio/mapa-turistico-de-santillana-del-mar/
La Collégiale et le cloître:
Comillas. Mais, les voyageurs doivent voyager. Surtout que les Espagnols commencent à
diner seulement vers 15 heures, donc nous avions largement le temps de visiter
encore quelques village dans la zone, vu que nous avons commencé la journée
assez tôt.
Alors, en avant vers Comillas, où nous nous promenons sur le port en
regardant les pécheurs et leurs prises, après quoi nous allons voir le palais
Sobrellano et le caprice de Gaudi, sans y entrer et pour cause, le palais étant
fermé, la chapelle du palais aussi, quant au caprice, il supposait un détour trop grand pour nos jambes fatigués et après,
quel intérêt, hein ?
Pourtant, j’aurais été intéressée de rester un peu plus longtemps dans
cette ville et voir de près comment un nouveau riche d’il y a plus d’un
siècle (le marquis de Comillas, Antonio Lopez, fondateur de la compagnie de
navigation "La Transantlantica") concevait l’élégance, l’extérieur du palais
et surtout son somptueux mausolée à côté faisant espérer une vrai débauche à
l'intérieur.
Et pour le caprice, en aimant son extérieur joyeusement coloré, j’aurais
voulu voir aussi ce que l’intérieur donnait, surtout que je n’ai pas encore
visité Barcelone. Et même la ville elle-même, grand lieu de villégiature par
le passé et premier ville d’Espagne avec éclairage public (faut croire que
le marquis c’était bien enrichi au Cuba et avec sa compagne, pour se
permettre de doter la ville d’éclairage public...), mais enfin, on ne fait
pas toujours ce qu’on veut dans la vie…
Bon, Comme vous pouvez voir, nous avons prise aussi une photo de
l’Université Pontificale, car le panorama en valait la peine.
Après quoi,
sans tarder car assez affamés, nous sommes partis vers San Vicente de la
Barquera. Pas comme les anciens pèlerins, même si le fait que ce village
est lui aussi sur le chemin de Compostelle était une des raisons, mais, pour
le moment, juste parce que nous avons supposé que là-bas nous allons trouver des bons
restaurants.
Et nous avons trouvé ! Pas extraordinaire, car nous nous sommes arrêtés dans
le premier bistro. Plus précisément le café-bar El Manantial, lequel
était quand même propre et bien tenu et le repas n'était pas si mal finalement... En
plus, il était bien situé, à seulement 250m de l'entrée de la rue Padre
Antonio del Corro au bout de laquelle se trouve l'église de Santa Maria
de los Angeles que je voulais visiter.
Après le repas je suis donc allé seule pour visiter en vitesse l'église, en
appréhendant un peu la montée, car, vu de la place José Antonio où nous
étions,
l’église, tout en haut de la vieille ville laquelle est elle-même située sur les crêtes
d’une colline, me semblait difficilement accessible. Mais dès que j'ai vu
la fameuse Calle Padre Antonio, je me suis tranquillisée: la rue était non seulement en pente
douce, mais aussi très belle, ce qui a fait cesser illico presto mes hésitations.
Quand même, le fait d'être absolument seule sur ces remparts, sans trop
savoir où je mets mes pas, me faisait encore avoir le cœur un petit peu
séré! Car j'étais vraiment seule dans la rue et autour de l'église. Et tant
mieux, finalement, car les photos que j’ai prises montrent que cette
promenade « sans témoins » en valait la peine
Parmi les monuments emblématiques à voir, ils y avaient les restes de
l’enceinte des vieilles murailles de la ville (les mieux conservées de
Cantabria, dit-on) avec plusieurs portes d'origine, puis les anciennes
maisons, dont la maison renaissance de l’inquisiteur lui-même en face de
l’antique tour du prévôt, aussi les ruines de l’Hospital de la Concepcion
(XV-XVIe), construit pour les pèlerins du Chemin de Saint Jacques de
Compostelle, et surtout le Château du Roi et l'église fortifiée de
Notre-Dame des Anges, construites au XIII siècle. Car oui, il y a aussi un
château du roi, non pas du Charles V, même si cet empereur a passé par là,
mais antérieur, car le très vieux Castillo del Rey, intégré dans la muraille
de la ville, fut construit comme défense contre les intrusions des normands
et des vikings.
Ça fait drôle de penser qu’on marche dans les pas des anciens rois et même,
peut être, des vikings, n’est-ce pas ?
En tout cas, la vieilles ville était vraiment très belle, aussi
les vues panoramiques vers le quartier des pécheurs, de l’autre côté de la
ria du Pombo traversée par le Pont Neuf (ou du Parral, 1799) et vers le Pont
de la Maza et ses 28 arches, pont que nous avons traversé en arrivant et que
nous allons traverser en partant, of course. Ce dernier pont a été construit
au XV siècle sur le marécage de Rubin, dont je vais mettre une photo même si
sa qualité est discutable (à cause du soleil, hein…). Mais peut être qu’en
regardant bien vous pouvez distinguer en arrière-plan les montagnes, même si
peut être elles ne sont pas les Picos de Europa, quand même…
Malheureusement, l’église où j’aurais voulu
voir le sépulcre en albâtre de l’inquisiteur Antonio del Carra, (considéré
comme une des plus belles sculptures funéraires de la Renaissance Espagnole)
était fermée, comme toutes les églises que j’ai voulu voir pendant ce
voyage, à l’exception de celles de Santander et de Santillana del Mar!
Tant pis, encore quelques photos sensées de capter de toutes les côtés la
beauté un peu inquiétante de cette église gothique aux allures de
forteresse.
Après, il fallait de toute façon que je retourne vers mon mari, resté lui en
bas, à regarder les pêcheurs amateurs, pas trop futés, semble-t-il.
Cette foi, comme vous pouvez voir dans ces photos, par des escaliers et des rues tortueuses,
en partant de la tour du prévôt vers la place Mayor del Fuero où j’ai fait une photo
avec le linge pendu aux fenêtres, tellement caractéristiques pour cette partie de l’Espagne, sinon pour tout le pourtour méditerranéen !
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