Après une nuit calme car sans évènements majeurs, voilà la deuxième journée de notre périple argentin. Un petit déjeuner normal (moi, tisane à la camomille et au pain grillé, comme tout au long du voyage) et nous nous installons devant l’hôtel pour attendre le guide et sa « carrosse ». Occasion pour mon routard averti de mari d’acheter quelques bricoles aux autochtones, manière d’encourager l’artisanat local. Quant à moi, j'ai acheté la première casquette de la journée à la boutique du coin, belle preuve de sa prévoyance, si il en fallait encore… Presque une heure plus tard (ça commence mal, quand même) le dit guide et son microbus arrivent et bien installés dedans nous fonçons enfin tout droite vers les chutes, cette fois du côté d’Argentine. Une fois descendus du bus à l’entrée du parc national, une chaleur intense me frappe à la tête et je me rends compte à mon tour que cette fois je ne vais pas pouvoir résister sans une casquette sur ma tête. Alors illico presto je cours vers la première boutique pour m'en procurer une, pendant que le guide présente (en espagnole) le programme du jour. Mais, en sortant de la boutique bien protégée par ma casquette, patrata : pas de guide, pas de groupe et surtout pas de mari en vue… Là je cours dans tous les sens mais surtout en avant en pensant (logiquement) qu’ils ont avancé sans m’attendre. Et rien ! Je dois avouer que j’ai fichtrement paniqué, car je ne voyais aucun moyen de les retrouver, nos téléphones ne fonctionnant guère malgré toutes les démarches entreprises chez nos prestataires et pas seulement… Quel soulagement quand j’ai aperçu mon mari à l’ombre d’une boutique, attendant que les autres membres du groupe se ramassent ! Mais je me suis tranquillisé pour de bon seulement une fois bien assise dans le petit train qui nous amenait vers La Gorge du Diable (car notre guide avait décidé que nous allons commencer avec le clou du spectacle, d’où le voyage en petit train). Et après ce début de journée un peu mouvementé je peux vous assurer que j’ai bien fait gâfe à ne pas m’éloigner d’un pouce de notre groupe, suivant les autres même quand j’aurais pu, éventuellement, trouver quelque chose de mieux à faire… Et pendant les longues attentes (ben oui, même si ce n’était pas « la pleine saison », c’était quand même un samedi et il y avait beaucoup du monde. Trop, si je peux me permettre…) dans les deux stations consécutives jusqu’à notre destination, il m’a fallu de la patience, quand même…
Arrivés en fin à la destination nous empruntons sans tarder une étroite passerelle zigzaguant sur 2080 mètres entre plusieurs îles au-dessus d’une immense étendue d’eau. Dommage que la vitesse de l’expédition et le souci permanent de tenir près des autres à travers une foule compacte qui avançait à pas rythmique vers le même but m’empêchait de savourer pleinement le spectacle offert par la rivière et la forêt tropicale, magnifié par un beau soleil printanier (ben oui, on est dans l'hémisphère sud, n'est ce pas Cécile Duflot? ) sur un ciel sans nuage. Tout en avançant avec la foule vers le bruit de plus en plus fort de la plus magnifique et impressionnante des cascades, j’ai pu néanmoins admirer les eaux limpides et poissonneuses, la beauté des plantes tropicales et les autres tortues! Et voilà le clou du spectacle: la Garganta del Diablo, cette faille monumentale crée au cœur de la forêt tropicale par la fureur du Dieu du Fleuve Iguazú. Une gorge du diable époustouflante, où l’eau de la rivière Iguazu, qui coulait jusque là assez paisiblement sur une surface relativement plane ayant entre 500 et 1 000 m de largeur tout au long de son parcours et dans la zone du parc national s'élargissant même jusqu'à atteindre 1 500 m. se précipite avec un fracas assourdissant dans un trou énorme en forme de fer de cheval de 700 m de long, 150 m de large et 82 m de hauteur. Pour mieux comprendre le phénomène, il faut préciser que le débit moyen de la rivière au niveau des chutes est de 1 419 m³/sn soit près des deux tiers du débit du Rhin à son embouchure. On obtient ainsi un brumisateur géant, qui répand des nuages de vapeurs irisés par des arcs-en-ciel sur des centaines de mètres alentour. Ce que n’empêchent pas les martinets, (ces oiseaux endémiques qui volent à travers les colonnes d'eau dans tous les sens, regardez avec attention la photo ci-dessous) de nicher sur les parois des cascades, ni les humains de venir de quatre coins du monde de les contempler au plus prés. Mais c’est que les martinets à tête grise, c’est-à-dire "Cypseloides senex" (on les appelle aussi arbalétriers ou vencejo), sont des oiseaux spéciaux qui ont adapté leur vision à cet environnement. Pareil les humains qui y viennent, pardi, même moi-même, qui me penche même au-dessus du parapet pour mieux voir, preuve les petits films que j’ai fait avec mon appareil photo au risque de mouiller non seulement mes cheveux et mes habits (ça de toute façon était inévitable) mais aussi le dit appareil. Et même pire… J’étais scotchée devant la grandeur et la force de la cascade et pourtant, j’ai déjà vu Niagara avant et même de tous les côtés, en hélicoptère, comme en bateau, mais là c’était vraiment exceptionnel ! J’ai pas pu m'empêcher d'avoir une petite pensée pour le conquistador espagnol Álvar Núñez Cabeza de Vaca : imaginez ce qu’il a pu ressentir en 1542, le pauvre, en découvrant d’un coup le spectacle de ces eaux rugissantes s'écoulant sur plusieurs kilomètres au milieu de la forêt amazonienne! Un spectacle fantastique qu'aucun Européen n’avait pas pu voir auparavant. Et sans les nombreux chemins et passerelles pour faciliter la promenade des visiteurs assurés maintenant par le parc national et autre signe de civilisation! Nous quittons avec regret ce spectacle pour laisser la place à d’autres visiteurs... et aussi pour continuer notre programme. Nous nous arrêtons pour le déjeuner (un peu trop longtemps à mon goût) au meilleur restaurant du parc, car l’unique, le célèbre restaurant La Selva, et je dois dire que même dans ce restaurant en libre-service l’entrecôte était exceptionnel. Les frites et la bière aussi ! Enfin, le guide revient et nous partons, à pieds cette fois, vers le bien nommé circuit supérieur, qui, sur 650 m nous permet d’admirer les quelques 270 chutes sous tous les angles et d’avoir une vue panoramique de l'ensemble depuis les nombreux belvédères et aires de repos. Après, nous continuons sur le circuit inférieur où nous pouvons admirer de nouveau les mêmes chutes, mais avec une vue différente car il passe plus bas et au plus près des chutes, sur environs 1.700 m, avec beaucoup d'escaliers et des passerelles (hou là, les genoux de mon mari! Quant à moi, qui faisais la navette entre lui et le groupe, pour maintenir la liaison d'avec le guide, ben, je ne peux pas me plaindre: "c'est toi qui l'a voulu George Dandin", comme on dit...) Ainsi, comme j'ai pu lire ici et là car j'ai vite cessé d'écouter le guide qui ne parlait qu'en espagnole, nous passons à côté de la chute Álvar Nuñez, d'où nous avons une vue frontale de la Gorge du Diable, puis, en suivant le sentier, on est au cœur des chutes San Martín, avec une belle vue sur l’Isle de même nom, suivent les chutes Bossetti, Dos hermanas... On passe même à côté d’un petit embarcadère mais aucun de nos camarades de groupe ne prend pas le bateau qui conduit sous les chutes. En ce qui me concerne je regrette un peu l’adrénaline qui m’aurait procurée une navigation en zodiac à travers les rapides, mais aller seule, hmm … Je me console en me disant que j’ai fait déjà ça une fois, à Niagara et que là, je préfère me contenter d’admirer la vue… Et j’en ai plein la vue, faut le dire. Même le soleil y participe, qui viennent couronner les chutes en nous offrant des beaux arcs-en-ciel à travers les vapeurs d’eau et en magnifiant ainsi la beauté du paysage. Je peux dire que les publicités des agences de voyages ne nous ont pas trompé : nous avons pour notre argent, hein… . Les photos que j’ai choisis pour ce blog (avec grande difficulté, dois-je préciser, car nous avons fait des dizaines, dans notre désir désespéré de nous approprier leur beauté) en sont une pale preuve. Même si côté faune et flore nous avons eu moins que prévu, c'est à dire 2.000 espèces végétales qui sont répertoriées dans le parc, pour ne pas parler de ces 450 espèces d'oiseaux et autres animaux. Sauf les coatis, qui étaient bien sûr partout, même si pas aussi agressifs comme nous avertissait le guide qu’ils puissent être, les nombreux papillons de toutes les couleurs aussi, comme les quelques fleurs parmi les lianes. Par contre, pas des jacarés, « les caïmans de la forêt de Misiones qui se prélassent au soleil au bord de la rivière », sinon un petit tégu noir et blanc. Et encore moins des toucans et autres perroquets, mais ça nous avons compensé avec les petits statuettes en bois achetées le matin aux artisans qui siégeaient devant notre hôtel… Beauf, peut-être n’était pas la bonne saison, ou peut-être il y avait trop de monde… Quand je regarde sur internet je vois qu’il y a des gens qui les ont vus, donc, apparemment ils existent. Tant pis pour nous !
Enfin, fatigués après tous ces circuits, nous laissons le groupe à côté de la dernière cascade et nous allons manger une glace sur une terrasse au milieu de la forêt. Seuls. En tout tranquillité. Le bonheur, quoi ! Vers sept heures nous arrivons enfin à l’hôtel, contents de notre journée et attendant plein de confiance la suite… Mais notre béatitude nous quitte aussitôt arrivés, car Magalie, notre contact de l’agence nous téléphone pour nous expliquer que le mardi suivant en Argentine sera la grève générale et que par conséquent, comme c’est le jour du transfert entre Ushuaia et El Calafate, nous risquons de passer notre journée et la nuit suivante dans les aéroports, sans pouvoir arriver à la destination jusque mercredi, ce qui aurait impiété sur tout le reste du programme. Il fallait décider si 1. Nous renonçons à une de nos excursions à Ushuaia, par exemple au "voyage dans le train du bout du monde", pour prendre un avion lundi après-midi pour El Calafate, ou 2. Essayer de faire le trajet Ushuaia-El Calafate en autobus. Vues les difficultés inhérentes à la deuxième variante, avec le départ prévu pour 5 heures du matin, le voyage en bus toute la journée, voire plus, avec des échanges des bus incertains &Co., nous avons été obligés de choisir la première variante… En étant en plus contents d’avoir Magalie pour nous aider! Ben, nous transmettons notre décision à Magalie et attendons patiemment la suite, dans l’espoir qu’elle va trouver des places dans l’avion de lundi après-midi entre Ushuaia et El-Calafate. En attendant, nous passons notre dernière nuit à Iguazu en nous disant que de toute façon, à la limite nous resterons dans notre hôtel à Ushuaia et point barre. Ceci dit, je fini ici l'histoire de notre deuxième journée. Comme d’habitude, pour ne pas trop alourdir le blog, j’ai mis plus de photos sur picasa.web, c’est-à-dire ici : https://picasaweb.google.com/101474784273509401311/IguazuArgentineBresil15161718Nov2012# Et même une petite vidéo avec le fracas assourdissant de La Gorge du Diable ici : https://picasaweb.google.com/101474784273509401311/VideoIguazuArgentineGorgesDuDiable171112# Allons... encore deux photos souvenir, cette fois en grand format, si vous cliquez dessus, avec une vue côté Brésil et une autre côté Argentine! |
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