Heureusement, quand nous avons trouvé l’hôtel, nous avons pu voir qu’ils étaient bien organisés, avec un parking abrité et facile d’accès où quelqu’un nous a conduit gentiment… Donc cinq étoiles de notre part chez booking, pour l’hôtel Panorama de Krujë ! D’autant plus que la chambre avait une vue magnifique sur le château perché sur l’éperon rocheux qui domine la vile et sur l’élégant minaret de
, juste à côte. En plus, nous avons pu diner sur la terrasse du restaurant de l’hôtel, ce qui a été le bouquet final pour cette magnifique journée !
Là, avant d’entrée dans la rue qui abrite le fameux bazar de la ville, lequel date du temps des
Ottomans et qui conduit vers l’entrée de la citadelle, nous avons laissé la voiture dans la cour
d’un citoyen qui l’avait déclaré « parking privé ». Ce qui nous a
permis de parcourir à pieds les quelques 200m
entre des échoppes qui présentait l’habituelle « marchandise ethnographique » des Balkans, laquelle parait-il peut
venir de nos jour de Chine, sinon de Bangladesh.
Pour être honnête,
ils y avaient aussi des gens qui travaillaient sur place, donc c’était quand
même assez authentique, mais de toute façon les magasins pleins de marchandises
ne m’intéressent pas tant que ça, donc j’ai continué mon chemin, en essayant de
ménager mes efforts dans la montée. Car il ne faut pas oublié que la citadelle
est située à une altitude de 557 mètres.
La ville de Kruje et son château occupent une place particulier dans le cœur des Albanais :
dans l’antiquité Krujë était habitée par l'ancienne tribu illyrienne des Albani et en 1190, devint la
capitale du premier État albanais du Moyen Âge, la Principauté d'Arbër et, plus
tard, la capitale du royaume d'Albanie.
Quoi dire de cette visite ? Le bâtiment du musée de
Skanderbeg et le jardin qui l’entoure ont
l’air bien soignés, il y a aussi un musée ethnographique que nous n’avons pas
visité non plus, quant aux vestiges de l’ancienne forteresse, à part les ruines d'une mosquée ottomane bâtie par
le Sultan Mehmed II, les murailles et une tour de garde en réparation, il n’y
avait pas d’autres.
Mais la vue de la vallée et de la ville du haut de ces murailles m’a éclairé sur la
signification du syntagme « balcon de l’Adriatique » et donc je ne crois pas que j’ai à regretter que nous n’avons pas monté encore
plus haut, à Tekke Sari Saltik : un seul balcon nous suffisait pour la
journée, quand même !
Et pour y aller j’ai choisi la route qui traverse la ville de Durrës, en espérant naïvement que j’aurais le bonheur d’apercevoir encore une fois cette mer qui me fascine tellement.
Ben, non, pas de mer, sauf une belle autoroute à travers la pleine, avec de nouveaux hôtels, stations-service, des villas et autres bâtiments flambant neufs sur les côtés, le tout remarquablement mieux soigné et plus propre qu’au début du voyage.
Arrivés à Berat, après quelques deux heures de route, nous avons trouvé non sans mal notre hôtel Orestiada, mais cette fois ce n’était pas la faute du GPS, car tout simplement l’entrée de l’hôtel était inaccessible en voiture, à cause de travaux sur le boulevard de la République, où il était situé.
Heureusement, pour ne pas continuer de tourner en ronde, comme à Split, j’ai laissé mon mari avec sa voiture dans un parking et je suis allé à pieds à l’hôtel. Ainsi, avec l’aide du gérant, nous avons accédé non pas à l’entrée, mais dans le parking de l’hôtel, qui était juste à côté du parc en face de l’actuel hôtel Colombo, qui est en fait le bâtiment de l’ancienne université privée, « Albanian University » de Berat. Pas mal, hein ?
Le même gérant, très aimable, non seulement m’a aidé à porter mon bagage à la chambre, mais en plus m’a donné une carte sur laquelle il m’a indiqué tous les points touristiques importants et le meilleur restaurant de la ville, la Maison Conviviale (Friendly House).
Et je dois dire d’emblée que pour le restaurant il avait raison : déjà qu'en étant à l'heure de la fermeture pour la pause de midi, ils ont accepté de nous servir, mais en plus le repas a été tout simplement excellent et copieux, au point que nous n’avons pas pu tout manger ! Dommage que je n’ai pas eu l’idée de faire la photo au début du repas, mais les restes sont convaincantes, il me semble !
Muni de la carte nous avons commencé notre visite de la ville à travers le Boulevard de la République, en essayant de nous orienter le plus vite possible pour ainsi économiser nos efforts. Pour commencer, notre but était le restaurant, car c’était déjà 14heures et nous avions faim! Mais ça ne nous a pas empêché de remarquer la grande cathédrale orthodoxe Saint Démétrius, achevée en 2014 et un peu plus loin la célèbre mosquée de plomb construite en 1554, dans le quartier musulman traditionnel de la ville, Mangalem.
Et parce que on y était, je veux dire là où le gérant de l’hôtel nous a dit qu’il y avait la meilleure vue sur ce quartier, nous avons profité pour faire quelques films et photos souvenir avant d’aller au restaurant.
Vu d’en bas, la ville de Berat, se résume à deux collines Mangalem et Gorica, entre lesquelles courre une rivière, Osum.
Le quartier Mangalem, sur la rive droite de la rivière, coiffée d’une vaste citadelle aux impressionnants remparts, me rappelait les villes Andalouses: l’influence ottomane, peut-être?
Car après avoir été une forteresse des tribus d'Illyrie, la ville a fait successivement partie de l’empire Roman, puis Byzantin, puis elle devient Bulgare, elle est occupées par les slaves, pour devenir au XVIIe siècle une des villes les plus importantes de l’Albanie ottomane.
Pas étonnant donc que ce quartier, lequel était le quartier musulman, avec ses maisons aux façades blanches, aux grandes fenêtres regardant en bas vers la rivière Osum et des toits en tuiles rouges, me rappelait l’Andalousie…
Pas étonnant non plus que ce quartier, avec le quartier chrétien de Gorica, sur l’autre rive de la rivière et avec la citadelle, la Kalaja, que nous allons visiter, sont inscrites dans le patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2008.
Après le repas, repus mais un peu lourds, quand même, nous sommes partis vers la forteresse.
Pour commencer nous sommes passés devant la façade d’un bâtiment en ruines, d’un style plutôt byzantin, avec deux terrasses aux fines colonnes doriques, lequel s’avère être l’ancien palais du pacha, plus précisément le quartier des femmes.
Nous continuons sur l’ancienne Place du Pacha où, devant une belle maison en pierre, trône la statue de Mehmet Ali Pacha Vrioni, grand propriétaire terrien et aristocrate albanais du XIXe siècle, ce qui me fait supposer que le palais et aussi la porte du pacha, qu’on peut voir à côté, font référence à lui. (mais je n’ai pas le temps de vérifier !)
Apres avoir jeté un œil sur l’architecture typique de l’hôtel Mangalami et de la mosquée du roi (Xhamia e Sulltanit), vis-à vis, puis sur celle beaucoup plus moderne du nouveau hôtel quatre étoiles, le Portik, on continue notre laborieuse marche vers la forteresse, à travers une rue marchande plutôt raide, flanquée à son début des deux côtés par des boutiques et autres hôtels.
Dépassées les boutiques suivent des belles villas cossues et un parc où à travers les arbres nous pouvons déjà apercevoir les fortifications de la citadelle.
Enfin, après non pas 15, comme disent les autres, mais plus de 30 minutes et moult arrêts, nous voilà devant les majestueuses portes de la forteresse ! Peut-être il aurait été plus sage de prendre un taxi pour y arriver, car apparemment nous avons laissé des forces sur la route, vu que mon mari ne voulait même plus entrer dedans et de toute façon, une fois entré, il s’est assis sur le premier banc et n’a fait que regarder les environs sans bouger !
Quant à moi, j’ai soufflé longuement et je me suis dit qu’il ne faut pas que je me laisse abattre et par conséquence je suis partie toute seule pour faire un tour, aussi long que possible !
Et je n’ai pas regretté ! Même si, bien sûr, je n’ai pas la prétention d’avoir tout vu, sans avoir aucune carte et aucun autre guide, j’ai découvert des choses merveilleuses que je vais essayer de décrire.
La forteresse de Berat, construite sur la montagne de Mangalem à une altitude de 187 mètres, (seulement ?!!!) dès l’époque romaine, a été détruite et reconstruite à plusieurs reprises. Ce que nous visitons aujourd’hui représente les vestiges de la forteresse, avec seulement moitié de ses remparts et ses 24 tours décapitées. Quant aux bâtiments à l’intérieur de l’enceinte, car la citadelle de Berat est encore habitée, il y a encore quelques vestiges de l’ancienne ville qui nous viennent du moyen âge, parmi lesquels des authentiques églises byzantines, deux minarets de mosquées plus ou moins debout, quelques maisons blanches de l’époque ottomane…
En parenthèse soit dit, sachant l’effet du joug ottoman sur la foi chrétienne « il est intéressant de noter que la citadelle de Berat est resté majoritairement chrétienne tout au long de l’ère ottomane et qu’elle abritait autrefois jusqu’à
35 églises ».
En comparant la situation de l’Albanie avec celle de l’actuelle Roumanie sous l’empire Ottoman, pendant que, dès l’entrée dans la ville de Berat, nous avons vu un monument majeur de l’héritage ottoman, la Mosquée de Plomb et que le fait d’avoir encore des églises dans la citadelle qui surplombe la ville nous étonne, dans les quatre provinces qui constitue l’actuelle Roumanie (Valachie, Moldavie et Transylvanie– vassales et la Dobroudja qui fit partie de l’Empire) de tels monuments n’ont jamais existé.
Pour revenir à mon voyage, pendant que mon mari continuait imperturbable à regarder l’évolution d’un cheval qui faisait le spectacle dans la cour à l’entrée de la citadelle, transformée en manège, j’ai commencé ma visite dans le village intérieur de la forteresse, lequel ne me paraissait pas du tout figé dans le temps, comme tout le monde se plaise à le dire. Au contraire, il avait l’air plutôt moderne et adapté à la situation, c’est-à-dire avec des maisons assez modernes, des bars, des hôtels, des restaurants, de la marchandise artisanale, blouses et vestes « folkloriques » présentées sur les murs et… heureusement, très peu de touristes marchant dans les rues, quand ne montaient pas le cheval qui faisait certainement gagner un peu d’argent à son maître…
Pour ma visite j’ai suivi le mur d’enceinte sur le côté ouest de la citadelle et là je suis presque immédiatement tombée sur un buste de l’empereur Constantin, lequel me semble être une réplique de la tête du
Colosse de Constantin qui est exposée au Musées Capitolins à Rome.
A part le fait que l’empereur fut proclamé saint par l’église catholique et le mérite d’avoir une origine illyrienne, je ne vois pas pourquoi ce buste était là et je n’ai pas trouvé non plus son origine…
En avançant encore quelques pas j’ai découvert avec joie les vrais trésors locaux: deux petites et attendrissantes églises orthodoxes byzantines, l’église Saint Nicolas, du XVIe siècle, que je n’ai pas pu visiter, car fermée et surtout l'église Saint-Marie de Blachernae, construite au XIIIe siècle sur les ruines d’une église du Ve siècle, laquelle contient de très belles fresques datant du XVIe siècle.
J’ai su après que ces fresques ont été principalement réalisées par Nicholas Onufri, le fils d’un célèbre peintre d’icônes albanais,
ONUFRI. On peut voir certains de ses œuvres dans un musée qui lui est dédié dans l’ancienne église Sainte-Marie.
Je me suis perdue dans des étroites ruelles pointues, coupées d’escaliers, pavées avec des vieilles pierres entre lesquelles l’herbe laisse parfois la place aux fleurs, encore une petite église, Saint Constantin et Helene, que je ne visite pas et puis la plus grande église de l’enceinte, l’eglise Byzantyne du XIIe siècle, Saint Trinité, elle non plus visitable.
Heureusement il y a un merveilleux point de vue sur la ville et le quartier de Gorica un peu plus loin.
Encore quelques photos, en étant attentive à mes pas pour ne pas tomber dans le ravin, puis j’ai fait demi-tour pour retrouver mon mari. Apres quoi, nous sommes descendus en ville et nous sommes allés à l’hôtel, via la rue Antipatrea, laquelle, je ne sais pas pourquoi, me rappelait un peu les vieilles petites villes de l'époque communiste en Roumanie.
Le lendemain nous avons repris la route, en direction d'un monastère situé sur le bord du lac Ohrid, dans la Macédoine du Nord, en traversant de nouveau l’Albanie, ou plutôt Shqipëria, le « pays des aigles ».
La route était excellente, même s'il ne s'agissait que d'une série de routes nationales (shtetërore) SH72, Sh91... et non d'une autoroute.
Les villages que nous traversons ont l’air propres, les terrains agricoles soignés, d’où ma conclusion, je reconnais un peu hâtive, que le sud de l’Albanie est plus « civilisé » que le nord. Des spectaculaires villas, avec une architecture hybride, entre château et maison traditionnelle, nous dépassons Kajan, Bels, nous traversons la rivière Lumi et nous arrivons à Elbasan où je peux même photographier à travers le parebrise l’église orthodoxe Saint- Nicolas.
Décidément, l’Albanie a l’air d’être un vrai bastion de la tolérance religieuse !
Nous continuons notre route vers Kafasan, à la frontière avec la Macédoine de Nord, en suivant le cours de la rivière Lumi-Shkumbin, entre les massifs de Shebenik et Valamaraë. Le paysage est bien sur époustouflant !
Nous attendons presque 30’ à la frontière, après quoi enfin nous partons vers notre monastère, plus précisément, Saint Naum à Ohrid.
Conclusion de ce voyage en Albanie ? Pour commencer, il a été beaucoup trop court pour tirer des conclusions valables sur un pays, malgré tout, si différent des autres pays des Balkans, dont mon pays natal, la Roumanie.
Il a l’apparence d’un pays comme les autres, bien sûr peut être un peu plus pauvre, mais avec des gens très accueillants et prêts à rendre services.
Pourtant, comment expliquer ce que les reportages TV nous montrent, ces coutumes tribales, d’une autre époque, encore présentes ?!
Même sa langue officielle, l’Albanais, issue des langues paléo-balkaniques, est si différente des toutes les autres langues actuelles qui l’entourent, que les linguistes n’arrivent pas à se mettre d’accord, entre ceux qui considèrent que les langues albanaise et illyrienne sont issues « directement » l'une de l'autre et les autres qui disent que les deux langues n’ont rien en commun.
Depuis longtemps je sais qu’un pays, pour vraiment le connaitre, il faut y vivre et travailler un bon moment.
Pour des pays qui ressemblent à ce que je connais, c’est plus facile, je vois dès les premières conversations, même en utilisant l’anglais, par exemple, qu’on se comprenne, qu’on parle « la même langue ». Comme avec le chauffeur de taxi à Split, par exemple.
C’est vrai, j’ai eu la même impression avec le gérant d’hôtel à Berat. Mais pas à Kruje, où je ne sais pas pourquoi on nous a donné des fausses indications. Vous diriez que ça peut arriver aussi en France, si on rencontre quelqu’un de malicieux.
Oui, et c’est pour ça que je dis que je ne peux pas juger.
D’autant plus que je n’ai fait que visiter en courant deux des principales villes du pays !
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