jeudi 22 février 2024

Voyage à travers les Balkans: Albanie

 

Krujë , Le Balcon de l'Adriatique.


Nous sommes le 5 octobre16h et 10 minutes quand nous passons la douane de   Hani i Hotit – Bozhaj,  entre le Monténégro et l’Albanie.

 Il faut dire que pour moi c’était un vrai évènement, car je n’aurais jamais envisagé  visiter ce pays! 

Pendant mon passé dans la Roumanie communiste mon impression concernant l’Albanie c’était à peu près la même que le Français lambda a maintenant de la Corée du Nord. Et en fait les régimes étaient certainement semblables ! 

Pour la mémoire, l’Albanie était à l’époque le seul pays communiste à n’avoir pas admis les crimes de Staline. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle il a rompu les liaisons avec l’ex URSS et après, pour faire bonne mesure, avec tous les autres pays du pacte de Varsovie, y inclus la Roumanie. D’où, entre autres, les milliers de bunkers disséminés partout dans le pays, plus de 70000 dit-on,  construits dans les années ’70 !

A part ça, je ne savais pas grand-chose de ce pays, sauf qu’il avait, à peu des détailles près, la même histoire que les autres pays des Balkans, avec dans l'antiquité des illyriens, peut être gèto-daces  aussi, vu qu’on essaye de nos jours  d’identifier des mots de la langue des Daces dans l’actuelle langue albanaise…  Après, suivirent forcément des grecques, des romains, des vénitiens,  même les Français s’y sont essayés avec Charles d’Anjou, le dernier fils du roi de France Louis VIII et de Blanche de Castille, avant que, finalement, les Ottomans s'emparent du pays, l'incorporant en marche forcé  dans l’empire. Ceci eu comme effet l’asphyxie de la langue albanaise et de la foi chrétienne, au point d’être tout près de les faire disparaitre. Et si sa langue a été sauvée in extremis, depuis  le réveil de la conscience nationale à la fin du XIX siècle et surtout après l’obtention de l’Independence, reconnue par les grandes puissances par le traité de Tirana de 1919, l'islam reste la religion majoritaire. 

Bref,  il faut reconnaitre que de nos jours l’Albanie est vue comme un pays musulman, auquel s'ajoutent  des traditions tribales, comme celles des «  vierges sous serment » de la tribu des Hoti, à Rrapshë (les vierges sous serment font vœu de chasteté et portent uniquement des vêtements masculins. En contrepartie de ce vœu, elles bénéficient de nombre d'avantages traditionnellement réservés aux hommes. Vue à la télé) , des clans avec des mœurs moyenâgeuses  où l’omerta règne et surtout, après la chute du communisme, une mafia bien organisée.

Ainsi, par respect à ce que je croyais que sont les mœurs des Albanais, avant l’entrée dans le pays j’ai caché ma petite croix port-chance, que j’ai toujours autour du cou pendant mes voyages, tout en espérant, vu leurs désirs d’Europe, pouvoir la traverser sans surprises.

Mais maintenant je sais que ce n’était pas nécessaire, car non seulement le pays semble être très tolérant envers toutes les religions, conformément au slogan de la Renaissance albanaise, « la religion des Albanais c’est l’Albanie », mais je dois dire que, contrairement à ce qu’on peut voir partout en France,   je n’ai pas vu aucun mafieux et aucune femme voilée, dans mon périple du nord au sud  et de sud à l’est!

A propos, pourquoi nos gouvernements ne reprennent-ils pas ce superbe slogan albanais, en affirmant ainsi « la religion des Français c’est la France ». Ca nous épargnera peut être quelques attentats! 

Bon, après ce préambule, nécessaire pour moi, nous voilà, comme je l’ai déjà dit,  le 5 octobre, à 16 heure dix exactement (car je n’ai pas trouvé une autre traduction pour les mots de notre I.L. Cragiale « la ora 16 și 10 minute trecute fix ») en Albanie, en route vers une localité qui s’appelle Krujë ou Kruja, ce qui se prononce Cruilla et que j’ai choisi comme première étape de notre itinéraire  parce qu’elle est surnommée le « balcon de l’Adriatique »,  ce qui me faisait espérer que j'allais de nouveau voir la mer. Pour le moment, c’est le lac de Shkodër (ou Shkodrës en albanais,  Skadar en serbe et Scutari en italien) que nous sommes en train de contourner,  et ça jusqu’à… Shkodër,  mais cette fois je parle de la ville qui a eu une importance majeure dans l’histoire mouvementée du pays, pour les Albanais.   





A peine le temps de photographier la statue imposante à l’entrée de la ville Rrethina, statue qui me rappelle des dizaine d’autres statues semblables, représentant des héros communistes (lesquels héros  cette fois sont même controversés, si je crois certains sources),  que nous étions déjà dans les rues de Skhoder, que je n’ai pas eu envie de photographier, car je ne voyais  pas l’intérêt. D’un coup je ne regrettais même plus que nous ne nous arrêtons pas dans cette ville, comme c’était mon plan initial.

 Quoique, après encore quelques kilomètres,  en  photographiant des  fortifications en haut d’une colline, lesquelles se sont avérés  être les fortifications du  château de Rozafa, théâtre des plusieurs sièges dans son histoire et  aussi sujet d’une légende ayant comme thème le mythe du sacrifice pour accomplir une construction, mythe rependu dans tous les pays des Balkans, y inclus en Roumanie (avec la balade du maitre Manole) je me dis maintenant  que j’avais tort quand même.  

Mais ce qui était fait était fait, ainsi nous avons continué notre route, en très bonne état et pas trop encombrée,  mais sans apercevoir la mer, malgré mes attentes.  

Par contre,  j’ai vu les premiers signes du passé communiste et du passage rapide au « capitalisme » : des maisons abandonnées et des villas flambants neuves au milieu de nul part, entourées des champs à perte de vue, bordés au loin des montagnes. 









Sauf que je ne sais pas trop pourquoi, car  je ne me souviens pas et google map ne me l’explique pas non plus, nous nous sommes retrouvés sur une route, je dirais, inquiétante.  Plus inquiétante encore lorsque vers 20 heures, la nuit tombante, la ville de Krujë semblait être encore loin, sinon un mirage. 

 


Et même, une fois dans les premières ruelles de la ville, avec des bâtiments brillants de milles feux, je ne me sentais pas rassurée, car il fallait trouver l’hôtel et Kruje c’est une ville médiévale, avec des ruelles étroites et sinueuses… 

Heureusement, quand nous avons trouvé l’hôtel, nous avons pu voir qu’ils étaient bien organisés, avec un parking abrité et facile d’accès où quelqu’un  nous a conduit gentiment… Donc cinq étoiles de notre part chez booking, pour l’hôtel Panorama de Krujë !  D’autant plus que la chambre avait une vue magnifique sur le château perché sur  l’éperon rocheux qui domine la vile  et  sur l’élégant minaret de la  mosquée Muratbeu, juste à côte. En plus, nous avons pu diner sur la terrasse du restaurant de l’hôtel, ce qui a été le bouquet final pour cette magnifique journée !

Le lendemain nous nous sommes embarqués dans une drôle d’aventure, qui nous a amené, je ne veux pas expliquer pourquoi et comment, sur Rruga e Malit, une route de montagne, comme son nom l'indique,  qui nous éloignait vachement de notre destination, c’est-à-dire le fameux château de Krujë, sans savoir pratiquement vers quoi elle nous amène. 

Maintenant, en étudiant le trajet avec google map, je vois que peut être n’aurait pas était si mal de la poursuivre jusqu’au bout, car elle nous aurait amené au Tekke Sari Saltik, qui surplombait Kruje à 1070m d’altitude. Et nous aurions eu non seulement une vue exceptionnelle sur la ville, mais  nous aurions aussi pu voir le premier tekke de notre vie, c’est-à-dire un monastère des derviches tourneurs Bektâchî. 


Mais bon, de tout façon on ne peut pas tout voir et si on s’attardait trop sur cette route, par ailleurs spectaculaire, on n’aurait pas eu le temps de visiter le château de Krujë et  d’aller après visiter aussi la citadelle de  Berat.











Conclusion : dès que nous avons pu, nous avons fait demi-tour en nous dirigeant vers le château, à travers  la Rruga Kala, comme il se doit, vu que ça signifie la rue du château, justement ! 

 Là, avant d’entrée dans la rue qui abrite le  fameux bazar de la ville, lequel date du temps des Ottomans et qui conduit vers l’entrée de la citadelle,  nous avons laissé la voiture dans la cour d’un citoyen qui l’avait déclaré « parking privé ». Ce qui nous a permis de parcourir à pieds les quelques 200m  entre des échoppes qui présentait l’habituelle « marchandise ethnographique » des Balkans, laquelle parait-il peut venir de nos jour de Chine, sinon de Bangladesh. 

 Pour  être honnête, ils y avaient aussi des gens qui travaillaient sur place, donc c’était quand même assez authentique, mais de toute façon les magasins pleins de marchandises ne m’intéressent pas tant que ça, donc j’ai continué mon chemin, en essayant de ménager mes efforts dans la montée. Car il ne faut pas oublié que la citadelle est située à une altitude de 557 mètres.

 La ville de Kruje et son château occupent une place particulier dans le cœur des Albanais : dans l’antiquité Krujë était habitée par l'ancienne tribu illyrienne des Albani et en 1190, devint la capitale du premier État albanais du Moyen Âge, la Principauté d'Arbër et, plus tard, la capitale du royaume d'Albanie.

 Conquise au début du XVe siècle par l'Empire Ottoman, la ville fu  reprise en 1443 par Skanderbeg, qui la défendit avec succès contre trois sièges ottomans jusqu'à sa mort en 1468. 

 Le même Skanderbeg qui est considéré un des plus grands généraux du monde, tel que les Turcs eux même l’appelaient « Alexandre », car il était pour eux de la taille d’Alexandre le Grand, pendant que Napoléon Ier le citait  parmi les quatre plus grands généraux de tous les temps. 

 Et en franchissant l’entrée dans la forteresse,  un château flambant neuf de style hollywoodien  attire immédiatement les regards : c’est justement le musée érigé à la gloire de Skanderbeg, conçu par Pranvera Hoxha, la fille d’Enver Hoxha, fondateur du parti communiste albanaise dont il a été le premier secrétaire et, dans cette qualité, le véritable dirigent de l’Albanie, jusqu’à sa mort en avril 1985.

 Quoi dire de cette visite ? Le bâtiment du musée de Skanderbeg  et le jardin qui l’entoure ont l’air bien soignés, il y a aussi un musée ethnographique que nous n’avons pas visité non plus, quant aux vestiges de l’ancienne forteresse, à part  les ruines d'une mosquée ottomane bâtie par le Sultan Mehmed II, les murailles et une tour de garde en réparation, il n’y avait pas d’autres. 

Mais la vue de la vallée et de la ville  du haut de ces murailles m’a éclairé sur la signification du syntagme « balcon de l’Adriatique » et donc je ne crois pas que j’ai à regretter que nous n’avons pas monté encore plus haut, à Tekke Sari Saltik : un seul balcon nous suffisait pour la journée, quand même !














Berat, la ville aux 1000 fenêtres. 

Nous quittons le château et en même temps la ville de Krujé pour continuer notre voyage : étape suivante, Berat, considérée comme une des plus belles villes d’Albanie.  

Et pour y aller j’ai choisi la route qui traverse la ville de Durrës, en espérant naïvement que j’aurais le bonheur d’apercevoir encore une fois cette mer qui me fascine tellement.

 Ben, non, pas de mer, sauf une belle autoroute à travers la pleine, avec de nouveaux hôtels, stations-service, des villas et autres bâtiments  flambant neufs sur les côtés, le tout remarquablement mieux soigné et plus propre qu’au début du voyage. 

Arrivés à Berat,  après quelques deux heures de route, nous avons trouvé non sans mal notre hôtel Orestiada, mais cette fois ce n’était pas la faute du GPS, car tout simplement l’entrée de l’hôtel était inaccessible en voiture, à cause de travaux sur le boulevard de la République, où il était situé.

 Heureusement, pour ne pas continuer de tourner en ronde, comme à Split, j’ai laissé mon mari avec sa voiture dans un parking et je suis allé à pieds à l’hôtel. Ainsi, avec l’aide du gérant, nous avons accédé non pas à l’entrée, mais dans le parking de l’hôtel, qui était juste à côté du parc en face de l’actuel hôtel Colombo, qui est en fait le bâtiment de l’ancienne université privée, « Albanian University » de Berat. Pas mal, hein ?
 
Le même gérant, très aimable, non seulement m’a aidé à porter mon bagage à la chambre, mais en plus m’a donné une carte sur laquelle il m’a indiqué tous les points touristiques importants et le meilleur restaurant de la ville, la Maison Conviviale (Friendly House). 

Et je dois dire d’emblée que pour le restaurant il avait raison : déjà qu'en étant à l'heure de la fermeture pour la pause de midi, ils ont accepté de nous servir, mais en plus le repas a été tout simplement excellent et copieux, au point que nous n’avons pas pu tout manger ! Dommage que je n’ai pas eu l’idée de faire la photo au début du repas, mais les restes sont convaincantes, il me semble ! 

Muni de la carte nous avons commencé notre visite de la ville à travers le Boulevard de la République, en essayant de nous orienter le plus vite possible pour ainsi économiser nos efforts. Pour commencer, notre but était le restaurant, car c’était déjà 14heures  et nous avions faim! Mais ça ne nous a pas empêché de remarquer la grande cathédrale orthodoxe Saint Démétrius, achevée en 2014 et un peu plus loin la célèbre mosquée de plomb construite en  1554, dans le quartier musulman traditionnel de la ville, Mangalem. 

Et parce que on y était, je veux dire là où le gérant de l’hôtel nous a dit qu’il y avait la meilleure vue sur ce quartier, nous avons profité pour faire quelques films et photos souvenir avant d’aller au restaurant. 

Vu d’en bas, la ville de Berat, se résume à deux collines Mangalem et Gorica,  entre lesquelles courre une rivière, Osum.

Le quartier Mangalem,  sur la rive droite de la rivière, coiffée d’une vaste citadelle  aux impressionnants remparts, me rappelait les villes Andalouses: l’influence ottomane, peut-être? 

Car après avoir été une forteresse des tribus d'Illyrie, la ville a fait successivement partie de l’empire Roman, puis Byzantin, puis elle devient Bulgare, elle est occupées par les slaves, pour devenir au XVIIe siècle une des villes les plus importantes de l’Albanie ottomane. 

Pas étonnant donc que ce quartier, lequel était le quartier musulman, avec ses maisons aux façades blanches, aux grandes fenêtres regardant en bas  vers la rivière Osum  et des toits en tuiles rouges, me rappelait  l’Andalousie…

Pas étonnant non plus que ce quartier, avec le quartier chrétien de Gorica, sur l’autre rive de la rivière et avec la citadelle, la Kalaja,  que nous allons visiter, sont  inscrites dans le  patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2008.

Après le repas, repus mais un peu lourds, quand même, nous sommes partis vers la forteresse. 

Pour commencer nous sommes passés devant la façade d’un bâtiment en ruines, d’un style plutôt byzantin, avec deux terrasses aux fines colonnes doriques, lequel s’avère  être l’ancien palais du pacha,  plus précisément le quartier des femmes. 

Nous continuons sur l’ancienne Place du Pacha où,  devant une belle maison en pierre, trône la  statue de Mehmet Ali Pacha Vrioni, grand propriétaire terrien et aristocrate albanais du XIXe siècle, ce qui me fait supposer  que le palais et aussi la porte du pacha, qu’on peut voir à côté,   font référence à lui. (mais je n’ai pas le temps de vérifier !) 

Apres avoir  jeté  un œil sur l’architecture typique de l’hôtel Mangalami et de la mosquée du roi (Xhamia e Sulltanit), vis-à vis, puis sur celle beaucoup plus moderne du nouveau hôtel quatre étoiles, le Portik, on continue notre laborieuse marche vers la forteresse, à travers  une rue marchande plutôt raide,  flanquée à son début des deux côtés  par des boutiques et autres hôtels. 

Dépassées  les boutiques suivent des belles villas cossues et un parc où à travers les arbres nous pouvons déjà apercevoir les fortifications de la citadelle.  

















Enfin, après non pas 15, comme disent les autres, mais plus de 30 minutes et moult arrêts, nous voilà devant les majestueuses portes de la forteresse ! Peut-être il aurait été plus sage de prendre un taxi pour y arriver, car apparemment nous avons laissé des forces sur la route, vu que mon mari ne voulait même plus entrer dedans et de toute façon, une fois entré, il s’est assis sur le premier banc et n’a fait que regarder les environs sans bouger !

Quant à moi, j’ai soufflé longuement et je me suis dit qu’il ne faut pas que je me laisse abattre et par conséquence  je suis partie toute seule pour faire un tour, aussi long que possible !

Et je n’ai pas regretté ! Même si, bien sûr, je n’ai pas la prétention d’avoir tout vu, sans avoir aucune carte et aucun autre guide,  j’ai découvert des choses merveilleuses que je vais essayer de décrire. 
 
La forteresse de Berat, construite sur  la montagne de Mangalem à une altitude de 187 mètres, (seulement ?!!!) dès l’époque romaine, a été détruite et reconstruite à plusieurs reprises. Ce que nous visitons aujourd’hui représente  les vestiges de la forteresse, avec seulement moitié de ses remparts et ses 24 tours décapitées. Quant aux bâtiments à l’intérieur de l’enceinte, car la citadelle de Berat est encore habitée,  il y a encore quelques vestiges de l’ancienne ville qui nous viennent du moyen âge, parmi lesquels des authentiques églises byzantines, deux  minarets de mosquées plus ou moins debout, quelques maisons blanches de l’époque ottomane…

En parenthèse soit dit, sachant  l’effet du joug ottoman sur la foi chrétienne « il est intéressant de noter que la citadelle de Berat est resté majoritairement chrétienne tout au long de l’ère ottomane et qu’elle abritait autrefois jusqu’à 35 églises ». 

En comparant la situation de l’Albanie avec celle de l’actuelle Roumanie sous l’empire Ottoman,  pendant que, dès l’entrée dans la ville de Berat, nous avons vu un monument majeur de l’héritage ottoman, la Mosquée de Plomb et que le fait d’avoir encore des églises dans la citadelle qui surplombe la ville nous étonne, dans les quatre provinces qui constitue l’actuelle Roumanie  (Valachie, Moldavie et Transylvanie– vassales et la Dobroudja qui fit partie de l’Empire)  de tels monuments n’ont jamais existé. 

Pour revenir à mon voyage, pendant que mon mari continuait imperturbable à regarder l’évolution d’un cheval qui faisait le spectacle dans la cour  à l’entrée de la citadelle,  transformée en manège, j’ai commencé ma visite dans le village intérieur de la forteresse, lequel ne me paraissait pas du tout figé dans le temps, comme tout le monde se plaise à le dire. Au contraire, il avait l’air plutôt moderne et adapté à la situation, c’est-à-dire avec des maisons assez modernes,  des bars, des hôtels, des restaurants, de la marchandise artisanale, blouses et vestes « folkloriques » présentées sur les murs et… heureusement, très peu de touristes marchant dans les rues, quand ne montaient pas le cheval qui faisait certainement gagner un peu d’argent à son maître… 

Pour ma visite j’ai suivi le mur d’enceinte sur le côté ouest de la citadelle et là je suis  presque immédiatement tombée sur un buste de l’empereur Constantin, lequel me semble être une réplique de la tête du Colosse de Constantin qui est exposée au Musées Capitolins à Rome.

A part le fait que l’empereur fut proclamé saint par l’église catholique et le mérite d’avoir une origine illyrienne, je ne vois pas pourquoi ce buste était là et je n’ai pas trouvé non plus son origine…

En avançant encore quelques pas j’ai découvert avec joie les vrais trésors locaux: deux petites et attendrissantes églises orthodoxes byzantines, l’église  Saint Nicolas, du XVIe siècle, que je n’ai pas pu visiter, car fermée et surtout l'église Saint-Marie de Blachernae, construite au  XIIIe siècle sur les ruines d’une église du Ve siècle, laquelle contient de  très belles fresques datant  du XVIe siècle.

J’ai su après que ces fresques ont été principalement réalisées par Nicholas Onufri, le fils d’un célèbre peintre d’icônes albanais,  ONUFRI. On peut voir  certains de ses œuvres dans un musée qui lui est dédié dans l’ancienne église Sainte-Marie.

Je me suis perdue dans des étroites ruelles pointues, coupées d’escaliers, pavées avec des vieilles pierres entre lesquelles l’herbe laisse parfois la place aux fleurs, encore une petite église, Saint Constantin et Helene, que je ne visite pas et puis la plus grande église de l’enceinte, l’eglise  Byzantyne du XIIe siècle, Saint Trinité, elle non plus visitable. 

Heureusement il y a un merveilleux point de vue sur la ville et le quartier de Gorica un peu plus loin. 

Encore quelques photos, en étant attentive à mes pas pour ne pas tomber dans le ravin, puis j’ai fait demi-tour pour retrouver mon mari. Apres quoi, nous sommes descendus en ville et nous sommes allés  à l’hôtel, via la rue Antipatrea, laquelle, je ne sais pas pourquoi, me rappelait un peu les vieilles petites villes de l'époque communiste en Roumanie. 













 




Le lendemain nous avons repris la route,  en direction  d'un monastère situé sur le bord du lac Ohrid, dans la Macédoine du Nord, en traversant de nouveau l’Albanie, ou plutôt Shqipëria, le « pays des aigles ».

La route était excellente, même s'il ne s'agissait que d'une série de routes nationales (shtetërore) SH72, Sh91... et non d'une autoroute.

 Les villages que nous traversons ont l’air propres, les terrains agricoles  soignés, d’où ma conclusion, je reconnais un peu hâtive, que le sud de l’Albanie est plus « civilisé »  que le nord. Des spectaculaires villas, avec une architecture hybride, entre château et maison traditionnelle, nous dépassons Kajan, Bels, nous traversons la rivière Lumi et nous arrivons à Elbasan où je peux même photographier à travers le parebrise l’église orthodoxe Saint- Nicolas. 

Décidément, l’Albanie a l’air d’être un vrai bastion de la tolérance religieuse !

Nous continuons notre route vers Kafasan, à la frontière avec la Macédoine de Nord, en suivant le cours de la rivière Lumi-Shkumbin, entre les massifs de Shebenik et Valamaraë. Le paysage est bien sur époustouflant !














Nous attendons presque 30’ à la frontière, après quoi enfin nous partons vers notre monastère, plus précisément, Saint Naum à Ohrid. 

 




Conclusion de ce voyage en Albanie ? Pour commencer, il a été beaucoup trop court pour tirer des conclusions valables sur un pays, malgré tout, si différent des autres pays des Balkans, dont mon pays natal, la Roumanie. 

Il a l’apparence d’un pays comme les autres, bien sûr peut être un peu plus pauvre, mais avec des gens très accueillants et prêts à rendre services. 

Pourtant, comment expliquer ce que les reportages TV nous montrent, ces coutumes tribales, d’une autre époque, encore présentes ?!

Même sa langue officielle, l’Albanais, issue des langues paléo-balkaniques, est si différente des toutes les autres langues actuelles qui l’entourent,  que les linguistes n’arrivent pas à se mettre d’accord, entre ceux qui considèrent que  les langues albanaise et illyrienne sont issues « directement » l'une de l'autre et les autres qui disent que les deux langues n’ont rien en commun. 

 Depuis longtemps je sais qu’un pays, pour vraiment le connaitre, il faut y vivre et travailler un bon moment. 

Pour des pays qui ressemblent à ce que je connais, c’est plus facile, je vois dès les premières conversations, même en utilisant l’anglais, par exemple, qu’on se comprenne, qu’on parle « la même langue ». Comme avec le chauffeur de taxi à Split, par exemple.

 C’est vrai, j’ai eu la même impression avec le gérant d’hôtel à Berat. Mais pas à Kruje, où je ne sais pas pourquoi on nous a donné des fausses indications. Vous diriez que ça peut arriver aussi en France, si on rencontre quelqu’un de malicieux.

 Oui, et c’est pour ça que je dis que je ne peux pas juger.

 D’autant plus que je n’ai fait que visiter en courant deux des principales villes du pays ! 

Pompei
Rome2.. suivre

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