jeudi 22 février 2024

Voyage à travers les Balkans: Monténégro

Les Bouches de Kotor, Grahovo et Le Monastère d'Ostrog.

Dernier matin en Croatie et on n’a pas de temps à perdre, car nous avons prévu un long trajet : plus de 350 km jusqu’en Albanie, via Monténégro.



Avant d’aller au petit déjeuner, nous prenons le temps de faire quelques  photos et même des petites vidéos, depuis la terrasse de notre chambre, car la vue est vraiment superbe. Dommage qu’on ne peut pas rester plus longtemps ici, mais espérons que le reste du voyage en vaut la peine.

Le long fil des voitures qui attendent l’entrée en Croatie nous rappelle que des douanes existent encore en Europe et nous prépare pour notre attente à Debeli Brijeg, à  l’entrée dans le pays des Monts Noirs. 





 

Et justement, comme pour ne pas désavouer les navigateurs vénitiens qui, au Moyen-Age, ont baptisé ainsi ce pays,  dès que la route quitte la mer et entre dans  la terre, on peut voir des forêts de pins qui courent sur les pentes des collines. 
 


Mais la mer n’est pas encore très loin, car après seulement une dizaine de kilomètres nous l’apercevons de nouveau à travers les arbres, au-delà des villas et autres grattes ciels en bétons, comme le montre cette capture d’écran du trajet simulé avec google.map .



En fait c’est le golfe Herceg Novi, le premier des quatre golfes de la baie connue sous le nom de « bouches de Kotor » ou « bouches de Cattaro » ou encore Boka Kotorskasont  en serbe/monténégrin. Les trois autres, dans le sens des aiguilles d’une montre, sont Nisan, Kotor et Tivat.

 



En ce qui nous concerne, après avoir longé la côte jusqu’à Nisan Strp, nous virons vers les montagnes,  qui font partie, comme je vais l’apprendre en étudiant le problème,  du groupe de montagnes de l’Orjen..  Donc, nous sommes toujours dans les Alpes Dinariques, mais  la Chaîne de la Dalmatie méridionale  et d'Herzégovine est finie et nous ne sommes pas encore dans les Balkans, quoique… A part les différences évidentes,  de langues, de culture et même d’organisation politique (sur les hautes-terres monténégrines, lorganisation tribale a subsisté jusqu'au xixe siècle)  je trouve beaucoup de points communes entre ce pays et la Roumanie, elle aussi pas vraiment balkanique… quoique… 

Déjà, sachant que dans l’antiquité ici il y a avaient des tribus d’illyriens,  qu’il semble que des éléments illyriens ont été trouvés aussi sur le territoire de la Roumanie et que de toute façon les « langues illyrienne  et daco-thraces  font partie du même groupe paléo-balkaniques  des langues indo-européennes.  


Puis, l’appartenance à l’empire Romain, lequel en fait la conquête vers 168 av. J.-C., et qui intègre aussi la Dace  en 106. Aussi, la présence d’ostrogoths et puis des slaves dans les deux pays, pour ne pas parler de l’empire ottomane ou du communisme. Bref, toute une histoire  qui nous rapproche !

Ceci dit, en dépassant  Strp (quel nom, mon Dieu !)  nous traversons un vrai canyon, avec la route entourée des montagnes calcaire, pas trop hautes mais impressionnantes,  pour arriver après quelques tunnels dans une zone où l’espace s’élargie pour laisser la place à quelques maisons ou même une petite église orthodoxe que j’ai pu photographier à travers le parebrise : c’est le village Dragalj et l’église du Suaire de la Très Sainte Théotokos (mère de Dieu en grecque).

La route continu ainsi encore quelques 8km sur ce que j’ai appris  ultérieur que c’est une plaine avec des riches terres, la plaine de Grahovo,   laquelle plaine à cette époque me semble plutôt être un plateau aride de haut montagne (ben oui, altitude 695-780 mètres !).  Plus précisément, une plaine de 6,4 km2, entourée à nord-est  du plateau karstique de Katun et Banjan et  à l’oeust du massif d’Orjen et ses ramifications, m’informe wikipedia. Mieux encore, sans le faire exprès, j’ai photographié un panneau qui m’indique l’existence d’un monument important dédié aux héros de la bataille de Grahovac, représentant l’un des sommets les plus importants de l’histoire monténégrines : c’est en ce lieu qu’en 1858 Les Monténégrins ont obtenu une victoire  décisive contre les Ottomans, se terminant par une victoire monténégrine décisive. Cette victoire monténégrine a contraint les grandes puissances à délimiter officiellement les frontières entre le Monténégro et l'Empire ottoman, reconnaissant de facto l'indépendance séculaire du Monténégro.

Toutes ces histoires me parlent, car une partie de ce que c’est maintenant la Roumanie était elle aussi sous le joug ottoman (la Transylvanie et la Bucovine étant dans l’empire Austro-hongrois), en obtenant l’indépendance seulement en 1877.

 Mais, pour finir ce passage, après encore quelques kilomètres, dans cet espace aride, de désolation, presque lunaire dans ce jour d’octobre, au milieu de nulle part, en plein soleil du midi, au bord de la route, une femme entre deux âges attendait je ne sais pas trop quoi, car il n’y avait pas  d’autres voitures en vue et encore moins des autobus. Bien sûr que je n’ai pas pu faire autre chose que dire à mon mari de s’arrêter pour la prendre en stop. Conclusion, dès ce moment et jusqu’à sa descente à l’entrée de Niksic, j’ai oublié de regarder le paysage, pourtant, d’une beauté remarquable, comme je peux le voir maintenant à travers le fameux googlemap, étant trop occupée de parler avec la dame dans une anglaise approximative, mais quand même compréhensible.  Elle travaillait à l’école de Grahovo, car oui, semble-t-il, il y a une école élémentaire,  laquelle porte le nom d’un héros local, le partisan communiste Pavle Kovačević. 

Mais immédiatement après son départ, j’ai repris mon activité de photographe : preuve, j’ai fait vite une photo de ce qui avait l’air d’être un lac marécageux style asiatique et qui était en fait Slansko Jezero (slano en anglais) c’est-à-dire un  « lac salé ». C’est un lac artificiel créé en 1950 pour répondre aux besoins de la centrale hydroélectrique de Perućica, à côté de Niksic. Il est alimenté par plusieurs petits ruisseaux et se déverse dans la Zeta, la rivière qui prend sa source quelques part dans les environs et que nous allons suivre jusqu’au  lac de Shkodër ou Skadar, en passant par le monastère d’Ostrog. Car oui, c’est ici que commence vraiment notre « aventure » monténégrine !















Mais avant de raconter cette « aventure », encore quelques informations concernant la ville de Nicsic et ses lacs (car il y a trois lac artificiels, Krupac ,Vrtac et Slansko) :

  • mine de rien, Niksic, avec ses presque 60000 habitants, est la deuxième plus grande ville du Monténégro, pôle industriel, car la zone est riche en fer et bauxite.
  • La région de Nikšić était habitée dans l’antiquité par la tribu illyrienne des Endirudini et était connue sous le nom d'Anderba ou d'Enderon. Au 4ème siècle après JC  l'Empire romain a construit ici un camp militaire (castrum), dont les nouveaux conquérants, les ostrogothes, appelaient   Anagastum,  nom modifié par les nouveaux arrivants slaves en Onogost. Le nom de Niksic,  qui est celui d’une tribu monténégrine, apparait pour la première fois dans un document en 1518  et est adopté officiellement seulement en 1767. 
  • Le film français, « Le Goût de la violence », signé par le célèbre réalisateur français, le feu Robert Hossein, a été tourné principalement sur le bord du lac Slansko et le régisseur déclarait  à l’époque que c’était le plus bel endroit du monde.

Ceci dit, en dépassant Niksic, la route, assez large et bien entretenue,  dépasse un pont sur la rivière Zeta, dont l’importance m’échappe pour le moment. Mais après seulement 15’, en traversant un petit tunnel et  un court canyon,  nous la quittons pour une route étroite, à flanque de montagne et au-dessus des précipices vertigineux, ayant en contrebas  la plaine de Bjelopavlici, également appelée vallée de la Zeta. Et si on regarde l’image de la route que j’ai chopé au googlemap, toute en lacets, ou les quelques photos que j’ai pu quand même faire à travers le parebrise et sans que la voiture puisse s’arrêter,  on comprend l’importance de cette rivière, qui avait l’air si pacifique sous le dit pont !



En tout cas, nous avons poussé un soupir de soulagement quand nous avons vu la flèche indiquant un parking du monastère, sans nous soucier si c’est le bon parking, c’est-à-dire celui qui est le plus proche. Et il ne l’était pas. D’un coup, mon mari, qui n’avait rien à faire avec les monastères orthodoxes perchés dans les montagnes, y est resté sur place en s’occupant comme il puvait jusqu’à mon retour, c’est-à-dire en mangeant et en nourrissant en même temps un chien errant, habitant légitime du lieu.













Pendant ce temps, après une légitime hésitation (ben oui, comme je l’ai déjà dit, les montés me coupent la respiration, etc…) j’ai pris mon courage à deux mains (ou plutôt deux pieds) et j’ai commencé l’escalade ! Bon, le paysage en valait la peine, les vieilles pierres des escaliers,  rendues glissantes par les nombreux pèlerins au cours des siècles,  les cyclamens fleuris à la racine des arbres, pour ne pas parler des gentils  compagnons  de montée qui m’indiquaient des banques pour me reposer, en voyant que j’en souffre. Il faut croire que la religion rende les gens meilleurs, quand même !







Enfin, voilà le monastère. Eblouissant de blancheur sur le fond ocre des roches de l’Ostroka Greda, la falaise de la montagne Ostrog dans laquelle il est encastré.  J’ai toujours voulu visiter des églises troglodytes, je n’ai pas eu l’occasion d’aller en Cappadoce, alors je n’aurais pas pu rater celui-ci ! Et je ne l’ai pas raté ! De tous les points de vue, car il faut avouer qu’une fois entrée dans la petite chapelle (ou 5 / 6 personnes peuvent s’asseoir) au bout de l’escalier, seule avec deux moins, j’ai ressentis pleinement l’atmosphère mystique qui y régnait.

Déjà émue par ma rencontre avec l’orthodoxie, moi, qui suis contre tous les fanatismes et qui ne fais pas confiance aux institutions religieux, quand j’ai voulu sortir, le moine qui gardait l’entrée m’a fait faire demi-tour vers l’autre moine, qui tenait le livre de prière. Et la bénédiction de celui-ci m’a ému vraiment aux larmes.  Ainsi, en sortant, en ayant déjà ma dose d'émotions, après avoir allumé quelques bougies, j’ai fait un tour en regardant le tout et je suis repartie vers le parking.

Mais  après quelques tours d’escaliers je me suis rendu compte que je suis sur un mauvais trajet, avec le risque de me retrouver je ne sais pas où, dans la vallée. Alors sagement je me suis arrêté et je suis revenu sur la route asphaltée, avec en tête l’idée de faire l’auto-stop pour retourner au monastère.  Et c’est ce que j’ai fait, en montant dans la voiture d’un couple des jeunes Français, (oui, il y a des jeunes  Français qui visitent des monastères, hein…) auxquels j’essayais d’expliquer mon aventure. Jusque j’ai reconnus sur la route un des banques qu’on m’indiquait pour me reposer ! Et là j’ai descendus de la voiture convaincue que je suis à l’endroit qu’il fallait prendre pour arriver à bon port. Et c’était vrai ! Comme quoi…








Quant aux autres détails concernant le monastère, à  part son importance majeure pour les orthodoxes, je préfère m’abstenir : il y a déjà assez d'informations sur Internet et d’ailleurs je suppose que mes photos sont assez parlantes, quand même…

 

Bon, après que j'ai mangé moi aussi quelque chose, nous avons repris la route. Cette fois c’était la route de l’autre côté de la vallée, en direction de Danilovgrad et Podgorica. Une route meilleure et un peu plus large, quoique toujours à flanc de montagne et au-dessus de précipices, au moins sur quelques 10km, jusqu’à Podvrace.

Sur le reste de  la route jusqu'à la frontière avec l'Albanie, à Bozaj, nous n’avons pas eu des surprises. Sauf si le troupeau des chèvres qui a traversé tranquillement la route, sans aucun berger en vue, ne pourrait pas être considérer  comme tel ! 



Quant au voyage en Albanie, je vais le raconter dans le prochain message !
Pompei
Rome2.. suivre

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