C’est drôle : trop de bruit m’empêche de dormir et quand le bruit s’arrêt je me réveille !
C’était comme ça ce jour-là à 5 heures du matin quand, en me réveillant brusquement et en regardant par la fenêtre, j’ai vu que non, nous n'étions pas dans une autre écluse en attendant le passage, mais devant une belle église dont les bulbes bleu se dressaient vers un ciel où le soleil finissait à peine de se lever…
J’ai décidé que je ne peux plus dormir et que je dois plutôt m’habiller et sortir sur le pont pour voir où nous sommes et faire un peu de gymnastique, si possible!
Ignorante comme j’étais, je ne me suis pas rendu compte que je suis en train d’admirer le Kremlin d’Ouglitch, avec l’église Prince Dimitri sur le Sang Versé, entre la Volga et la Kamienne, sinon la Chelkovka. Car va savoir laquelle de ces deux rivières, qu'entourent le Kremlin de Ouglitch avant de se jeter dans la Volga, est celle qui est à côté du débarcadère où notre bateau à accosté.
|
|
||||
|
Après ma solitaire contemplation de ce paysage magnifique, en renonçant à la gymnastique, je suis revenue dans la cabine pour aller prendre le petit déjeuner et me préparer pour la visite, car là j’ai compris que nous avons atteints notre objectif de la journée, une deuxième ville de l’Anneau d’Or, la "célèbre" ville d’Ouglitch où fu assassiné à l'instigation de Boris Godounov le tsarévitch Dimitri Ivanovitch, fils d'Ivan le Terrible ( voir le drame du même nom de Pouchkine ou l’opéra de Moussorgski) .
De gauche à droite, le débarcadère, le Kremlin, rivière Chélkova, le hôtel Volzhskaya Riviera |
Comme d'habitude, il y a l’inévitable group musical qui nous reçoit à la sortie du bateau, avec le pain et le sel «traditionnel», pour la cérémonie de bienvenue dans la ville, aussi les boutiques qui bordent le passage vers le centre-ville, remplies de divers babioles, garanties pas-chinoises-mais-œuvres-d'artisans-locaux et nous arrivons enfin au clou de la visite : le Kremlin de Ouglitch, ou ce qu’il en reste !
Pour ceux qui ne savent pas, en Russie le Kremlin est en fait l’ensemble fortifié des villes, comme en France, par exemple, la partie entre les fortifications de Carcassonne. La majorité des Kremlins en Russie ont été démantelés: à part le Kremlin de Moscou (que nous allons visiter lendemain) un beau Kremlin resté en état il y a aussi à Novgorod.
La ville d'Ouglitch fut détruite à plusieurs reprises : par Boris Godounov, puis par les Polonais, en 1609, passant de centre de province important à une bourgade perdue et oubliée de la région de Iaroslavl, éloignée des chemins de fer. Aujourd’hui, tout ce qui reste des fortifications est le fossé. (à Carcassone, l'ensemble de fortification du Moyen Âge en ruinnes fu restauré au xixe siècle par l’architecte Viollet-le-Duc, spécialiste des restaurations en France).
De l’ancien Kremlin d’Ouglitch, situés entre la Volga, la Kamienne et la Chelkovka, rivières qui lui offre une protéction naturelle renforcé par de profondes douves alimentées par le fleuve, subsistent aujourd’hui un ensemble de constructions comprenant:
-le palais du tsarévitch Dimitri, un des rares édifices médiévaux russes d'architecture civile, ayant devant lui depuis 2015 le monument du petit prince, une sculpture de A.Rukavishnikov et du père Rafail, abbé de l'église Saint-Michel-Archange, réalisée d'après le thème de la peinture de M. Nesterov "Tsarévitch Dimitri l'assassiné".
-l’église Prince Dimitri sur le Sang Versé, badigeonné de rouge pour symboliser le crime.
-la cathédrale de la Transfiguration du Sauveur (1700), ayant à côté un beau clocher (1730) à bulbe doré dans lequel, les spécialistes de la fabrique de montres Uglich (ceux qui faisaient les montres Pobeda, comme la montre que ma mère ma acheté quand j'étais au lycée et que mon frère a tout de suite démonté pour voir comment elle est à l'intérieur! ) ont installé une montre électrique qui sonne toutes les demi-heures.
- Le bâtiment de l'ancienne Douma (conseil municipal ou parlement) de la ville, 1815.
A l'entrée du Kremlin, devant l'Anneau d'Or et ses villes, à gauche le pont Nikolski et la Douma, |
Comme d’habitude, je ne vais pas entrer dans des détails concernant le style architectural de ces bâtiments, ou de la multitude de fresques et iconostases, certainement des vrais chefs-d’œuvres d'une valeur inestimable, car Ouglitch a été une ville importante par le passé. Mais, comme le passé de la Russie, le passé de la ville aussi a été mouvementé et complexe, avec des crimes, des invasions, des luttes héroïques et des destructions successives, avec une caractéristique fondamentale tout de même, une fidélité légendaire, envers et contre tous. Boris Godounov, par exemple, excédé par cette fidélité des habitants pour leur petit prince, a puni même la cloche qui a sonné le tocsin pour appeler à la révolte : ainsi elle fut retirée du campanile, eut la langue coupée et reçut publiquement des coups de knout, après quoi elle fut reléguée dans le lointain Tobolsk en Sibérie. Quant aux Polonais, qui voulaient les convaincre d'adopter leur faux Dimitri, Ils ont dévastée la ville en faisant quelques 40000 victimes. La mesure prise par Staline a été plus pragmatique: il a installé ici un "camp de travail", le Dmitlag, avec 180000 détenus chargés de construire une centrale électrique et le canal qui relie la ville à Moscou .
Et aujourd’hui, cette ville héroïque se meurt de ne rien faire, une ville provinciale, vaguement poussiéreuse et désespérée, comme notre guide, ancienne professeure de français, qui se plaignait que ses enfants sont obligés de partir à des centaines des kilomètres pour trouver du travail.
La même guide était révoltée que le maire d’Ouglitch n’ait pas fait voter les habitants avant de retourner la cathédrale de la Transfiguration du Sauveur dans le patrimoine de l'église orthodoxe de Russie. Apparemment, elle, qui pendant sa jeunesse dansait dans cette église transformée en salle de fête, sans savoir que c’était une ancienne église, plutôt que de la voir utilisée pour le culte religieux, aurait préféré qu’elle tombe définitivement en ruine, comme beaucoup d’autres églises du coin encore dans le giron de l’état!
En écoutant ça, par esprit de contradiction, j’ai acheté vite fait quelques bougies, au moins pour encourager l’église sinon pour autre chose !
|
J’ai acheté aussi un CD avec du folklore russe, en espérant que c’est ce que j’ai écouté chanté par cette chorale dans la salle de l'ancienne cathédrale de l'Epiphanie, transformée en musée. Mais je suis très déçue, parce que nenni, c’est autre chose et sans saveur pour ceux qui ne comprennent pas la langue russe (comme moi, pardi !). Pourtant, le jeune homme qui me l’a vendu m’a assuré que oui, c’est exactement ce que nous avons écouté ! En plus le coût était excessive, presque 20 euros ! Grr…
Bon, ça va, je comprends qu’ils n’ont pas d’autres ressources, comme ceux qui jouent à l’arrivée des touristes, comme les deux femmes, habillées en costumes traditionnels russe, qui chantent depuis je ne sais plus combien d'années devant le pont Nikolski, à l’entrée du Kremlin et que j’ai refusé de photographier par égard à leur dignité ! (d’ailleurs, leurs photos sont déjà sur internet )
Oui, le passage du communisme au capitalisme sauvage a laissé beaucoup des gens sur la route… Ce n'est peut être pas si étonnant que la statue de Lénine trône encore de nos jours dans le parc centrale, devant le Kremlin.
|
Enfin, après la visite du Kremlin et de ses monuments, un rapide tour solitaire dans la ville pour voir qu'elle a préservé ses rues de maisons en bois colorées aux plateaux de « dentelle » blanche et encore quelques autres belles églises au bulbes colorés. Quelques achats plus tard, dont l'incontournable caviar, moins cher, parait-il, ici, qu'ailleurs, il a fallu retourner au bateau pour prendre le large, direction Moscou !
Nous dépassons lentement le Kremlin d'Ouglitch, nous contournons une longue langue de terre et nous nous dirigeons tout droit vers l'écluse d'Ouglitch, qui complète avec son arc de Triumph dédié à la Victoire contre l'Allemagne les monumentales arcades de la centrale électrique, située à sa gauche (dans le sens du fleuve).
Après le passage de l'écluse nous entrons dans le réservoir d'Ouglitch, moins grand que celui de Rybinsk, mais avec autant de sacrifices humaines et de dégâts à la clé pour le patrimoine culturel et environnemental. Une heure de navigation plus tard, nous rencontrons ainsi le symbole le plus connu de cette «Atlantide russe» le tour du clocher en partie submergé de Kaliazine.
|
|||||
|
|
||||
Après le passage de l'écluse nous entrons dans le réservoir d'Ouglitch, moins grand que celui de Rybinsk, mais avec autant de sacrifices humaines et de dégâts à la clé pour le patrimoine culturel et environnemental. Une heure de navigation plus tard, nous rencontrons ainsi le symbole le plus connu de cette «Atlantide russe» le tour du clocher en partie submergé de Kaliazine.
Encore une étape du voyage qui fini en beauté, ça sent la fin du voyage, avec une dernière conférence l'après midi, dernière car pendant les deux jours à Moscou le temps sera rempli avec les divers visites dans la ville! Ouf!
C’était aussi ce soir-là le fameux repas « du capitaine », suivi du classique (semble-t-il, vues les descriptions des voyages des années précédents) soirée des talents.
Soirée « des talents pour montrer d’une manière concrète que le ridicule ne tue pas! Preuve, le groupe des Danois qui chantent l'Internationale!!!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre commentaire. Il sera affiché sur le blog dès qu’il sera validé.