Sixième journée de croisière.
La nuit dernière nous avons traversé le canal Viterg, (construit sur la rivière du même nom), plusieurs lacs et écluses et ce matin nous voilà déjà vers le sud du lac Beloie, près de la rivière Chesna. Preuve, les ruines de l'église de Krokhino, une église en pierre construite à la fin du XVIIIe siècle et abandonnée depuis 1964, lors de la mise à niveau du canal Volga-Baltique, quand plusieurs villages, dont Krokhino, ont été inondés par le débordement des eaux de Chesna.
Et le nombre de cargos et autres bateaux qui peuvent maintenant circuler sur le canal, (17,6 millions de tonnes de fret ont emprunté la voie navigable Volga-Baltique en 2004, dixit wikipedia) justifie les travaux des années ’60 et leurs fâcheuses conséquences collatérales…
Mais, le succès grandissant des croisières entre Moscou et Saint Petersburg rendant célèbres ces ruines, depuis quelques années il y a, parait-il, une mobilisation (relative, hein) pour leur sauvegarde.
Quelques 30km plus tard, nous voilà arrivés à Goritsy, où un bus nous attend pour nous amener à Kirillov, où est prévue une visite au monastère de Kirillo-Belozersky, c’est-à-dire, le monastère du Saint Cyrille du lac Blanc, édifié à l’initiative de ce Saint vers 1397.
Le temps morose, le ciel gris, la pluie éparse et froide, les flaques d’eau par terre, tout ça vient gâcher un peu ma journée.
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Mais qu’à cela ne tient : une fois passées les Portes Joyeuses, après un dernier regard vers l'église de St. jean Climaque (celui avec l'échèle du jugement dernier à Sucevita, le monastère roumain… comme quoi...) je me dis que je suis en train de visiter le premier monastère russe, donc je dois me mettre en mode proactif (ou plutôt réactif ?) pour tout comprendre.
Et j’avoue que ce n’était pas facile. Car, habituée aux monastères français avec leur organisation rigoureuse héritée de saint Benoit, pour ne pas parler des monastères orthodoxes roumains, d’une élégante simplicité, ici, avec cet enchevêtrement d’églises et tout sorte de bâtiments différents, c’était très difficile à trouver des repères…
Ça me rappelait un peu les forums romains, où chaque dieu avait son temple. Ou les sanctuaires bouddhistes au Japon, comme par exemple celui d’Asakusa, à Tokyo.
Et même encore plus difficile à cerner, car ici, entre les épaisses murailles ponctuées de tours fortifiées, qui constituent la double enceinte, il y a plus d'une dizaine d'églises, parfois imbriquées les unes dans les autres, comme on peut voir dans les photos ci-dessous.
Et à propos de ces églises, je me suis mis en tête de comprendre quelle est l’origine et la signification de cette architecture, spécifique aux églises russes, car c’est facile à dire « byzantine » : que je sache il n’y a pas de ces « oignons » dans l’architecture byzantine, par exemple.
Je n’ai pas la prétention d’avoir tout compris et d’ailleurs je n’ai même pas eu le temps de lire tout ce que j’ai trouvé sur ce sujet (dont, cet article écrit par Alfred Maury en 1845 !) mais quelques idées m’ont déjà plus : premièrement, les églises se soutient et s’équilibrent l’une l’autre, un peu comme les contreforts des cathédrales gothiques et deuxièmement, la forme conique des tours imite les tentes des anciens nomades des steppes, tandis que les bulbes évoques des bougies !
Ceci dit, de nouveau j’arrêts ici ma présentation du monastère et son architecture, car vraiment, je ne veux pas ajouter ici des copier-coller de ce qui est depuis longtemps sur internet.
Un mot quand même sur le contraste entre les anciens signes communistes, encore debout sur place et les pierres tombales utilisées comme des pavées. Et là juste quelques mots sur l'histoire du lieu: à la suite de la révolution bolchevique, le complexe a été transformé en musée, ce qui n'a pas empêché d'être saccagé: par exemple, l'ensemble de cloches du monastère, vieux de plusieurs siècles, l'un des plus importants de Russie, a été fondu sous Staline.
D'autant plus précieux me semble aujourd'hui ce qui a été sauvegardé et surtout le musée lui même, avec des splendides dentelles et belles vielles icones byzantines: j’ai des photos des dentelles, par contre, les icones je n’ai pas pu les photographier, j’ai dû acheter des cartes et aussi une icone chez le vendeur d’icônes dans une des boutiques devant le monastère. Et je ne peux pas m'abstenir de parler de ma fierté d’avoir pu marchander avec lui (en russe, s’il vous plait) l’achat d’une icône bénie !
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Nous sommes revenus à Goritsy, un village de 457 habitants et j’ai suivis le groupe qui a décidé de visiter le Monastère de la Résurrection.
Occasion aussi de regarder de plus près la vie dans un de ces villages perdus, sur le bord de la Cheksna. J’ai pu voir ainsi qu’il y a beaucoup de jolies et nouvelles maisons, mais les jardins, même si parfois bien fleuris, ne sont pas toujours soignés (et je sais de quoi je parle, mdr).
Quant au trottoir en planches de bois (c’est la première fois que je vois ça !) il est carrément envahit d’herbes et buissons !
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Pareil le monastère, qu’on dit qu’il abrite de nouveau depuis 1990 une petite communauté de religieuses (car c’est un monastère de femmes, fondé en 1544 par la princesse Euphrosyne Staritskaïa, la tante d’Ivan le Terrible) qui s’efforcent vaillamment de la rénover !
Avec apparemment pas trop des moyennes, si on compare mes photos avec celles prises, en septembre 2012 par M. Jean Robert Thibault ! Et avec pas trop d’élan non plus, quand on voit les images des bâtiments, du jardin et du potagère, encore plus « délabré » que dans des photos des années précédents.
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Bon, je ne critique pas.
Premièrement parce que je me rappelle ce que j’ai pensé quand j’ai vu la fin du film « Quelques jours de la vie d'Oblomov » , (dont le nom est devenu symbolique pour designer la maladie de l’inaction qu’on croit propre aux Russes et que, même s’il ne l’appelait pas comme ça, déjà Pierre le Grand exécrait) de Nikita Mikhalkov.
Après la mort de son père, Stolz, son ami allemand, part avec l’enfant d’Oblomov qu’il veut élever à sa manière, c’est-à-dire à l’allemande, quoi…
Dans la scène finale, (si je me souviens bien), quelqu’un dit à l’enfant, qui était enfermé dans une chambre en train de faire ses devoirs, que sa mère, une servante laissée au village, vient d’arriver. Alors il laisse tomber les livres et court, court dans une pleine infinie, verte, sous un ciel résolument bleu, en criant de tout son cœur « мать, мать, мать ».
Et là j’ai pensé et je le pense de nouveau devant ces paysages : qu’est-ce que c’est mieux, avoir une vie bien organisée, comme celle de Stolz, ou un bonheur simple, même si dans un cadre où « « Seule la plume d’un nouvel Homère aurait pu décrire avec tous les détails et dans toute sa plénitude tout ce qui était amassé dans tous les coins, sur chaque étagère »… pour ne pas parler des mauvaises herbes et les buissons qui envahissent tout naturellement les jardins…
Deuxièmement, il ne faut pas oublier que toute la zone nordique de la Russie est quasiment déserte, car non seulement elle a subi de plein fouet les effets post-communistes (destruction des fermes collectives, apparemment sans la restauration du droit de propriété des paysans, destruction d'usines etc.) en plus, les régions du nord, avec des hivers longs et glacés et des étés courts, pluvieux ou très secs, ont été déclarées zones agricoles à risque, ce que certainement a dû décourager les investissements !
Ceci dit, dans ce dernier monastère j’ai admiré, entre autre, la conduite d’eau en bois, conduite, nous assure la guide, en état de fonctionnement même de nos jours, amenant l’eau qu’on voit couler sur la photo, de la source située en haut de la colline voisine, appelée Maoura.
Pour conclure, nous savons tous que les communistes disaient «la religion c’est l’opium du peuple » : c’est même pour ça qu’ils ont inventé la leur ! En pire, car pendant que toutes les autres religions promettent le paradis (éventuel) après la mort, dans un lieu indéterminé, les communistes, eux, ils le promettent ici, sur terre et même dans un futur pas si éloigné que ça…
Et j’ai dit « les communistes », parce que nous sommes en Russie, devant ces monastères qui renaissent (ou essayent de le faire) de leur cendres, quand les cendres existent encore, ce que n’est pas toujours le cas, et parce que je pense à tous ces religieux et religieuses tués à la révolution, quand ils n’ont pas réussis à s’enfuir !
Mais c’était pareil en France en 1789, preuve La chartreuse du Port Sainte Marie juste à côté de chez nous, pour ne pas parler de Cluny, dont les merveilleuses statues ont été utilisés pour paver les rues, ou faire des murs. Et là, on n’a même pas essayé de remettre en état les bâtiments en ruine !
A Autun les révolutionnaires français ont même essayé de faire démolir les clochers des églises "qui offusquaient les yeux des républicains et contrastaient avec les principes de la sainte philosophie". On faillit même de vendre le monument pour utiliser la pierre. Quant à la cathédrale Notre Dame, à la Commune de Paris elle a été sauvée de justesse par les courageuses sœurs… Intégrisme, quand tu nous tiens... Et reste à voir ce que va advenir de la cathédrale "Notre Dame de Paris" après l'incendie du 2019!😭
Les guides avaient bien raison de préciser que leur révolution ne faisait qu’imiter celle des Français. C’est vrai qu’en pire, mais quand même : faut balayer devant sa porte, avant de parler des autres…
Mais revenons à notre croisière et ses programmes, (oh, combien enrichissants!), au moins avec des photos… !
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Je ne vais pas fermer cette page sans vous proposer une petite vidéo que j’ai trouvé sur internet et que je trouve très belle. Surtout pour sa musique !
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