Après le déjeuner sur le bateau, nous voilà partis pour un tour panoramique de la ville: en commençant à la Gare Fluviale du Nord (Северный речной вокзал, dont nous ne verrons pas grand-chose) sur Leningradsky avenue où le bateau est accosté, nous avons pu voir immédiatement que les sanctions économiques contre la Russie ont pénalisé seulement les agriculteurs Français, car BMW, ou Mercedes ont des beaux pignons sur rue, juste à quelques mètres plus loin…
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BMW Moscou |
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Mercedes Moscou |
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Pendant le trajet, la guide nous apprenne comment la ville est conçue à l’intérieur de plusieurs cercles concentriques, (les rings), ayant au centre, comme d'autres grandes villes russes, la forteresse, le Kremlin.
A Moscou le Kremlin, entourée des murailles en briques rouges, bien conservés, abrite le palais présidentiel, plusieurs autres palais et musées, ainsi que des parcs et surtout des églises.
Le deuxième cercle est l’anneau des Boulevards et après c’est la ceinture des jardins, qui délimite le centre historique de la ville et enfin un dernier anneau routier, avec une autoroute de 2 × 5 voies, inaugurée au début des années 1960, englobe la ville du XXe siècle dans une cercle d’un rayon de 16 kilomètres et 109 kilomètres de circonférence.
Aujourd’hui Moscou intra muros compte douze millions d'habitants (sans les clandestins, parait ’il très nombreux) sur une superficie de 2 510 km2 ! Pour comparaison, Paris, s’étend sur 761 km2, sa petite couronne y incluse.
Si vous avez envie de savoir un peu plus sur l'histoire ancienne ou contemporaine de Moscou, vous pouvez voir ici, par exemple, sinon sur wikipedia, comme d'habitude!
En ce qui me concerne, première impression donc : la démesure.
Grandiloquente, théâtrale, solennelle et monumentale, avec ses parcs immenses et ses milliers de statues dans tous les coins, partout, dans les musées, dans les parcs, sur les rues et même sur les façades des maisons et les murs du métro, (lequel métro a été conçu par Staline comme "un palais pour le peuple", « pour que l'art et la beauté soit accessible aux masses »), Moscou atteint son but, qui est certainement celui d’impressionner le monde !
(là j'ai envie de dire "et quid des appartements communautaires, hein?")
Car oui, pour Staline, pour ne pas dire pour la majorité des dirigeants, le peuple n'était qu'un prétexte, Moscou, la nouvelle capitale, devait rapidement devenir un moyen de propagande, le symbole de la toute-puissance de l’empire soviétique et de la supériorité du système communiste. En direct compétition avec l’Amérique (déjà !) et son New York, mais aussi (surtout à l’époque) avec l’Allemagne de Hitler ou la Rome de Mussolini, eux aussi adeptes du monumentale grandiloquent et démonstratif.
Et ainsi, avec une main d’œuvre quasi-gratuite et des ressources pratiquement illimitées, c’est pas étonnant que des larges boulevards, bordés de bâtiments avec des balcons, portiques et colonnes richement ornés et, pour couronner l'ensemble, l’inutilement luxueux métro, ont pu voir le jour.
Plus tard, les autres pays satellites, ont fait de leur mieux pour copier le style, avec les moyens qui étaient les leurs et par conséquent pas avec le même succès.
Originaire de Roumanie et donc habituée au style stalinien et à la mégalomanie communiste, je savais à peu près à quoi m’attendre. Et comme le premier contact avec la ville a été sur Leningradsky Avenue et Tverskaia, où nous avons déjà pu voir les premiers bâtiments staliniens, au début je n’étais pas vraiment dépaysée.
Ma seule pensée a été en fait la confirmation d’une idée que je me suis fait auparavant : oui, notre "conducator" (je parle de Nicolae Ceausescu, of course) était le dernier stalinien.
Et j’ai même pitié pour lui, quand je pense qu’il est mort sans rien comprendre.
Car oui, éduqué dès l’enfance par des communistes-staliniens purs et durs, il ne savait pas faire autre chose que ce qu’il a fait dans notre pays, en suivant à la lettre son maitre.
Preuve, son dernier « œuvre », le Palais du Peuple, édifié à Bucarest entre 1984 et 1989, une copie du Palais du quotidien du Parti achevé en 1957 à Bucarest, lui-même inspiré des gratte-ciels staliniens.
Mais je ferme cette parenthèse et je reviens à ma visite à Moscou!
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Gratte ciel de la presse libre, Bucarest |
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Palais du parlement, Bucarest |
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Heureusement, à peine les premières bâtiments mastoc de type stalinien photographiés, nous sommes arrivés vers la place Тверская Застава, avec l’étonnant bâtiment bleu-turquoise en style néoclassique de la gare de Bielorussie, ancienne gare de Smolensk, devant laquelle trône la statue de Maxime Gorki, l’ami de Lénine et auteur du livre « Mes Universités » que je lisais quand j’avais 9 ans (faute d’autre chose à lire, communisme russe installé dans le pays oblige, car certainement le livre n'était pas pour mon âge: je n'oublierai jamais comment le grand père bâtait la grande mère et les cheveux ensanglantés de celle-ci! ).
Vis à vis de la gare, la jolie église Saint-Nicolas des vieux-croyants, consacrée en 1921 et bizarrement échappée à la destruction à l’époque stalinienne, s'opposent dans un contraste audacieux aux bâtiments ultra-modernes du centre commercial White Square qui l’entourent.
Nous continuons notre tour sur la rue
Pervaya Tverskaya-Yamskaya , i.e. la première rue Tverskaya-Yamskaya, car nous sommes dans le quartier
Tverskaya Yamskaya Sloboda où plusieurs rues, dans le vaste espace autour de la route qui mène du Kremlin de Moscou à Tver, portent le nom de Tverskaya Yamskaya. Vous suivez?
La rue
Pervaya Tverskaya-Yamskaya se termine au niveau de la ceinture des jardins ou commence la rue Tverskaya, les deux rues formant ainsi la principale axe radiale de Moscou, connue entre 1932-1990 sous le nom de rue Gorki, après la chute du système communiste revenant à leur nom d’origine.
Tverskaya était la rue empruntée par les tsars russes pour aller être couronnés au Kremlin et il faut dire qu'aujourd'hui, après avoir retrouvé son nom d’origine et un vaste programme de rénovation aidant, la rue a retrouvé aussi sa beauté d’antan.
Sur cette rue, « les Champs Elysées moscovites », on peut voir dans un mélange harmonieux de différents styles architecturaux (art nouveau, art déco, constructiviste ou stalinien) des luxueux bâtiments abritant des hôtels prestigieux (Mariotte, Sheraton, Intercontinental, Ritz-Carlton), des banques, la mairie de la ville, ou des magasins renommés, parmi lesquelles
l'Épicerie Elisseeff , ou la grande librairie de Moscou.
En partant de la gare de Biélorussie, la rue traverse plusieurs places importantes : à l’intersection de la Ceinture des Jardins il y a la place Triomphale, avec la statue du poète Vladimir Maïakovski au centre et le gratte-ciel stalinien de l’hôtel "Pèkin" à son extrémité. Au croisement avec la Ceinture des Boulevards, la place Pouchkine, bordée par le bâtiment constructiviste de l’ancien journal du parti communiste, Izvestia, a dans son centre une statue du poète Alexandre Pouchkine, réalisée en 1880 grâce à une souscription populaire.
Un peu plus loin, juste vis-à vis d’un élégant bâtiment rouge et blanc, construit au XVIIIe s., résidence officielle des maires de Moscou, il y a la place Tverskaya, avec au centre la statue du fondateur de Moscou, le prince Youri Dolgorouki. Sur la même place, derrière un rideau d’arbres, il y a la statue de Lénine devant un autre cube « constructiviste » construit en 1926.
Cette place montre par elle-même comment les Russes intègrent toutes les facettes de leur histoire. Et ce n’est pas la statue de Lénine qui m’étonne, de toute façon elle est partout, mais la statue équestre du prince, installée devant la mairie en 1954 ! Il y a de quoi s'étonner, pardi, dans un pays qui a tué le tsar et toute sa famille! Même si c’était pour la commémoration des 800 ans de la fondation de Moscou et que Dolgorouki est celui qui a fondé la ville, en l'entourant de remparts en bois et d'une douve pour délimiter son Kremlin.
Bon, en 1954 Staline, celui qui a fait détruire toutes les églises et la plupart des autres bâtiments historiques pour les remplacer avec des immeubles d'habitation plus hauts et des bureaux gouvernementaux plus clinquants, était déjà mort !
Enfin, nous arrivons au bout de la rue vers la place du Manège, avec la chambre basse du parlement russe, la Douma d’état, sur notre gauche et l’hôtel National sur la droite.
Devant nous, de l’autre côté de la Place du Manège, nous pouvons apercevoir la porte de la Résurrection, porte d'entrée traditionnelle sur la Place Rouge, (juste devant elle c’est le kilomètre zéro), le bâtiment du musée historique d’état et la tour de l’Arsenal du Kremlin, les trois premières bâtiments de ce rouge emblématique que j’attendais depuis toujours voir à Moscou.
Je n’ai pas eu le temps de comprendre où est Le Manège (et surtout qu’est ce qu’il faisait là, dans cette ancienne capitale de l’Union Soviétique), que le bus a tourné à gauche sur Okhotnyy Ryad. Vu les contraints de circulation, j’ai pu de justesse faire une photo du Théâtre Bolchoï (construit en 1856) et, de l’autre côté de la place, de la statue de Karl Marx, l’œuvre de Lev Kerbel, (l’ami personnel d'Erich Honecker), artiste soviétique spécialisé en statues des classiques du marxisme-communisme et autres lutes héroïques.
J’ai eu quand même le temps d’admirer l’architecture Art Nouveau de l’hôtel Métropole et de m’étonner en voyant l’architecture bizarroïde du premier centre commercial post-communiste, Nautilus, vis à vis de Detskiy Mir, le plus grand magasin pour enfants d’Europe, comme nous dit notre guide.
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L'hôtel Ritz-Carlton |
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L'hôtel Métropole |
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Place du manège: Tour Nikolskaia, Musée d'histoire de l'état |
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Ancien hôtel Moskva et la porte de la Résurrection. |
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Zaryadie, l'Église de la conception de St.Anne dans le coin |
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Basile-le-Bienheureux, le tour Spasskaya et la tour du tsar |
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Immédiatement après, nous voilà devant le siège du KGB,
Loubianka bien en évidence sur la place depuis que Staline a fait démolir toutes les églises historiques qui existaient ici auparavant afin de mieux montrer "les muscles" du pouvoir communiste. Les Moscovites avaient coutume de dire que cet immeuble était
le plus grand de Moscou, car même depuis son 4e sous-sol, on voyait déjà la Sibérie… Hou là là, s’il y a 40 ans on m’aurait dit que je vais traverser cette place dans un bus plein de Français…
Nous passons à côté de
l’Eglise de Tous les Saints Koulichki qui m’a attiré l’attention par ses murs rouges et blancs, ses coupoles dorées et sa gracieuse architecture qui contraste avec la massivité grisâtre des bâtiments qui l’entourent.
Maintenant je sais que cette église a une grande histoire. Déjà parce que, même si plusieurs fois remaniée, probablement elle est une des plus vieilles églises de Moscou, car élevée pour célébrer la victoire remportée par
Dimitri Donskoï sur les Tatars à Koulikovo, immédiatement après le retour du prince à Moscou en 1380. C’est d’ailleurs la raison, semble-t-il, pour laquelle elle a échappée à la destruction totale. En revanche elle a été non seulement fermée en 1931, mais utilisée
par le NKVD pour ses besoins dans les années 1930. Lesquelles besoins ont pu être devinés à l’occasion des travaux de restauration de 1994, après la découverte de nombreux ossements dans ses sous-sols, le bâtiment étant rétrocédé à l'église orthodoxe russe en 1991. En mémoire de ces supposées victimes, une croix portant des images des nouveaux martyrs a été érigée près du mur du sous-sol. (wikipedia russe)
Mais le bus ne s’est pas arrêté devant l’église et nous continuons notre « tour de Moscou » sur Kitaygorodskiy Proyezd, en contournant le nouveau et ultra-moderne parc Zaryadye, sur le Quai de la Moskova, près du Kremlin (Moskvoretskaya embankment).
Le parc a été crée après la démolition de l'
hôtel Rossïa un immense bloc de béton sur 13 hectares bâti ici dans les années '60 à la suite de l’éradication d’un quartier populaire jugé insalubre, le quartier Zaryadye, d'où le nom du parc.
Nous laissons derrière nous l’immeuble
Kotelnicheskaya, (un des sept
gratte-ciels moscovites, utilisé comme immeuble d’habitation), pour ne pas perdre la vue magnifique de la
Cathédrale Basile le Bienheureux et de la rouge muraille de Kremlin avec toutes ses tours que nous avons tant des fois vu à la télé : Senatskaya, Spasskaya, Konstantin-Eleninskaya, Petrovskaya et j’en passe.
Nous traversons l
' île de Baltschug et la continuation du Grand Pont Moskvoretsky, "le petit pont" du même nom, qui traverse le canal Vodootvodny, à notre gauche, au-delà du Grand pont Oustyinskiy, le gratte-ciel Kotelnicheskaya, en représentation, pendant qu’à notre droite, vers le Grand Pont de Pierre (Bolshoy Kamennyy Bridge) la
Cathédrale du Christ-Sauveur se profile immuable, comme si de rien été, sur le ciel moscovite.
L’autobus nous a laissé sur la rue Bol'shaya Ordynka, quelque part vers le bar Tutta la Vita, d’où nous partons à pieds, via la rue Bol'shoy Tolmachevskiy Pereulok, vers le complexe Lavrouchinski de la Galerie Tretiakov (car il y a la partie moderne du musée dans un autre endroit, sur les berges du Moskva).
C’est un quartier résidentiel, avec des beaux bâtiments entourés des jardins, dont l’entreprise d’état Rosatom, la maison des écrivains, la maison des ingénieurs.
Le musée lui-même est situé dans la maison de la famille Tretiakov, acquise en 1851 et agrandie en conséquence, plusieurs fois de suite, suivant les nouvelles acquisitions d’œuvres d’art. A la dernière extension la façade a été refaite dans un style art-nouveau russe, ou néo-russe, avec les armes de la ville de Moscou (Saint-Georges terrassant le dragon) sculptée dans une pierre blanche au-dessus de la porte d’entrée.
Je trouve intéressant le fait que seulement le 29 avril 1980 a été inauguré devant la galerie un monument en granit du fondateur (conçu par le sculpteur A. P. Kibalnikov et l'architecte I. Ye. Rozhin), jusque-là, successivement c’était un buste de Lénine, puis de Staline, qui en avaient l’honneur. Ah ces leaders communistes, hein…
Quant au musée lui-même, pour ceux qui ne le savent pas, c’est le principal musée d'art russe. Sa collection a été initiée par un richissime marchand, Pavel Tretiakov, qui était un grand connaisseur, renommé pour son gout très sûr, tel que les artistes de l’époque préféraient vendre leurs œuvres à lui plutôt qu’au tsar ou à un autre acquéreur.
Je dois dire que j’avais des préjugés et même pas très envie de visiter ce musée, car, en n'ayant pas des grands connaissances de la peinture et en ayant marre du réalisme socialiste que « notre frère de l’est » nous avaient imposé après avoir installé le communisme dans le pays, je supposais qu’il y avaient beaucoup d’autres choses à voir à Moscou, dans un si court laps de temps, plutôt que des peintures russes. Et « Les Bateliers de la Volga », la peinture de Repine, qu’à l’époque tous nos manuels de langue russe affichaient avec ferveur, ne faisait que me conforter dans mes préjugés.
Mais une fois dedans, quelle belle surprise !
Pour commencer, notre guide était vraiment très bonne, une vrai spécialiste, plus qu’une guide ! Pour le reste, quoi dire ? Sacrés Russes ! Déjà que leur littérature, leur cinéma, leur ballet, leur musique, sont parmi les plus impressionnants et les plus prestigieux au monde, les voilà maintenant avec la peinture aussi ! De plein pied en Europe ! Avec le classicisme et le réalisme (réalisme critique aussi, il faut dire, même si parfois avec une onde d’humour), mais aussi avec le romantisme et l’impressionnisme…
Seulement les icônes nous rappellent un peu où nous sommes, et encore : l’art byzantine dans la peinture était aussi en Italie à l’époque, Ravenne est un belle exemple dans ce sens…
Bon, comme je disais, je ne suis pas une grande "connaisseuse" donc je ne vais pas faire l'experte en recitant des louanges et en relevant des caractéristiques artistiques es peintures qui m'ont impressionné! Mais je vais faire comme tout le monde, je vais mettre quelques photos, pas vraiment réussies, mais avec des indications précises, ainsi ceux qui sont intéressés peuvent trouver des meilleures photos et des meilleurs descriptions sur le net ou ailleurs.
Parmi toutes mes photos, à part les quelques icones célèbres qui me rappelle la Roumanie et les icones des églises du Maramures, j’ai choisi par exemple Shchedrin, avec sa View du Sorrento, parce que ça me rappelait mon voyage en Italie, Venetsianov, avec Jeune paysanne aux bleuets, qui me rappelle La Jeune Fille à la perle de Vermeer, Karl Bryullov avec le "Portrait de la Grande-Duchesse Maria Nikolaevna" (1837) qui me rappelle un portrait de jeune femme (1918) de Modigliani, etc… Comme quoi, moi aussi j'ai des références, hein... 😍
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Bryullov Cavalière.Portrait de Giovannina et Amazilia Pacini |
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Bryullov, La Grande-Duchesse Maria Nikolaevna |
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Ivan Chichkine "Soirée" |
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Vasnetsov Ivan Tsarévitch chevauchant le loup gris |
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Serov " La jeune fille aux pêches" |
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Serov "O.F. Serova dans l'été" |
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Comme vous pouvez deviner en lisant ce récit, j’étais enchantée par cette visite au musée, qui pour une fois c’est exceptionnellement bien passé, malgré le groupe, preuve que c’est possible ! Mentionne spéciale pour notre guide, qui a su nous transmettre non seulement son savoir mais aussi sa passion !
Après la visite nous sommes allés à pieds jusqu’au pont Luzkhov, le pont avec des cadenas (vous savez, cette tradition contemporaine avec des couples qui attachent des cadenas quelque part et jettent la clé, dans l’espoir que leur amour puisse durer pour toujours. Je ne sais pas si leur amour dure, mais en Italie les édiles signalent le fait que certains ponts sont endommagés à cause du trop grand nombre de cadenas.
Ben, les Russes ont trouvé la parade : ils ont planté sur le pont des arbres métalliques où les amoureux, disciplinés après tant d’années de communisme, accrochent leurs cadenas. Eh ben, c’est devant ce pont que le bus va nous prendre pour nous amener à la station de métro Teatralnaya, occasion de voir au passage la grande et apparemment
controversée statue d’Alexandre Nevski devant la tour Borovitskaya et l’entrée principale des véhicules (i.e. du président) dans le Kremlin !
Nous voilà donc de nouveau devant le théâtre Bolchoï, où commence notre visite du métro : nous traversons en courant la place du théâtre, pour aller à la station Teatralnaya, sans nous attarder devant la fontaine de Vitali, de toute façon cachée derrière les arbres et sans regarder non plus le nouveau clocher du vénérable monastère Zaikonospassky, qui se dresse au-dessus de l’ancienne muraille du Kitay-Gorod. (Lequel Kitai-Gorod n’a rien à voir avec la Chine, le mot « kitai » étant la traduction en vieux slave du mot « pieu », ce bois qu’on enfonçait en terre pour les fondations des fortifications du quartier).
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Vue vers le pont Luzkhov |
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Le Kremlin vu du Grand Pont Moskvoretsky |
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La statue d'Alexandre Nevski |
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Les tours du monastère Zaikonospassky |
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Nous parcourrons en vitesse cette station, car apparemment sans grand intérêt, malgré le fait qu’elle est la station où commence le métropolitain, (vue l’inscription au-dessus de l’entrée) et nous montons dans le métro en direction de la station Ploschad Revolyutsii, où nous allons changer de ligne pour aller à la station Kurskaya, sur la ligne de métro qui encercle le centre de Moscou. Sur cette dernière ligne nous nous arrêtons tour à tour à la station Komsomolskaïa, puis Novoslobodskaïa et finalement Belorousskaïa, la station proche de la gare bleue-turquoise que nous avons vu à midi sur Leningradsky avenue.
Bon, maintenant les impressions ?
J’ai envie de dire « tout ça pour ça » ? Car, n’en déplaise aux admirateurs, moi je n’étais pas vraiment impressionnée ! Oui, je sais, j'ai lu moi aussi
l'histoire détaillé du métro, je sais qu'il a été conçu comme une véritable ode au communisme, pour offrir au peuple, qui vivait dans des conditions misérables, le palais de ses rêves, l'accès à l'art et à la culture...
Mais dés le début de notre "visite touristique", avec toutes ces statues "staliniennes" de la station de la Révolution, j'ai pensé que si j’étais obligée de prendre chaque matin le métro là, je serais malade ! D’ailleurs je n’ai même pas fait des photos, c’est mon mari qui a fait deux ou trois photos, juste pour voir que nous y sommes allés ! Mais de toute façon il y a en abondance sur le net, j’ai sélectionné deux pour soutenir mes dires…
Et toute cette débauche de marbre, toutes ces fresques…
Ça me fait penser de nouveau au couple Ceausescu: pour avoir la quantité de marbre nécessaire à leurs constructions à Bucarest, ils interdisaient à l’époque son utilisation pour les croix, les tombes ou autres objectifs privés. Quand je vous dis que Staline, qui a démoli la Cathédrale du Christ le Sauveur pour utiliser le marbre au métro, était leur modèle absolu !
Même les vitraux, vous trouvez que c’est vraiment leur place dans une station de métro ? Bon, à la limite, ça va, au moins elles illuminent l’endroit ! Novoslobodskaia, la station aux vitraux, c’était, par ailleurs, ma station préférée parmi celles qu’on a vu.
Autrement, autres les statues et les vitraux, le métro de Moscou a des vraies qualités qui font qu’il peut être considéré exceptionnel ! Comme par exemple l’exactitude (« il reste le plus sûr et le plus ponctuel du monde »), la vitesse (41,6 km/h.), la fréquence élevée (l'intervalle moyen entre les trains est de 150 secondes), etc… En plus, il a une sacrée profondeur, avec une moyenne de 40 mètres. Certaines stations ont été même utilisées comme abri contre les bombes et les attaques chimiques pendant la Seconde Guerre mondiale.
Mais je suis sûre qu’il y a peu des personnes parmi les 6,55 millions de passagers quotidiens (2,39 milliards par an !!!) qui regarde autour quand ils prennent le métro et comme, dès l’enfance, on n’arrête pas de leur répéter que c’est une des merveilles du monde, je crois qu’ils sont finalement tous contents !
Enfin, la visite du métro terminée, nous avons rejoint vite le bateau pour le diner, après quoi nous sommes allés faire un tour de nuit dans la vile, excursion proposée en option et que nous avons eu l’intelligence de faire. Mais ça, sur la page suivante, car déjà trop des photos sur celle-ci...
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..à
suivre
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