Ensembles Renaissance de Úbeda et Baeza.
Oui, on savait déjà, en Espagne, des oliviers, il y a partout, mais là, c’était vraiment incroyable !
Et impressionnant, même si l’huilerie soit disant artisanale que nous avons visité à Jain ne m’a trop impressionné.
Peut être que c'était pas la faute de l'huilerie, mais surtout à cause du propriétaire, qui essayait de nous vendre les qualités bios de son huile, soi-disant nettement supérieures à celles des huiles italiens, (je me demande qu’est-ce qu’il aurait dit si nous étions des Italiens et non pas des Français, lol) huile qu’il produisait avec les olives ramassés par tous les propriétaires de champs d’oliviers du coin…… Bof…
Comme je disais dans le message précèdent, à Baeza nous étions logés/nourris dans un ancien couvent transformé en hôtel , couvent construit au XVIème siècle pour les religieuses de l'ordre des Carmélites: joli, propre, tranquille et en plein centre de la vieille ville. A recommander sans hésitation, même si les sœurs ne sont plus là.
Mais pour être honnête, au début j’étais légèrement désemparée: à première vue la ville me paraissait provinciale et un brin poussiéreuse, en plus l’entrée à l’hôtel était dans une rue tellement étroite , que seulement un petit minibus pouvait y entrer et nous avons dû parcourir à pieds une grande place pour arriver à l'hôtel, en laissant le chauffeur et les services de l’hôtel se débrouiller avec nos valises.
Place de la Constitution, Baeza |
Bon, ce n’était pas la première fois que j’avais cette sensation en arrivant quelque part. C’est même une habitude chez moi : le pire c’était en Argentine, à El Calfate. Là j’ai vraiment cru que j’ai fait une erreur en demandant à l’agence de Buenos Aires de m’inclure cette étape dans le voyage. Et pourtant, aujourd’hui je la classe parmi mes plus belles expériences de voyage !
Quant à Baeza et Ubeda, je considère maintenant que c’est une étape nécessaire pour tous ceux qui ne se contentent pas d'une Andalousie des palais mudéjars ou villages blancs et littoral ensoleillé et sont intéressés aussi par "le paradis intérieur" et prêts à recevoir une vraie leçon d’architecture espagnole…
Car voir l’ensemble monumental de ces deux villes est comme visualiser un état d’esprit : il y a de tout ici, tout ce qu’on peut voir ailleurs en Espagne et même au-delà. Car c'est ici qu’on peut voir mieux la naissance d'un « style espagnol », avec l’empreinte espagnole sur les styles architecturaux occidentaux. Et c’est d’ici que ce « style espagnol » est parti vers le reste de l’Espagne et même vers l’Amérique Latine.
Et vu le style des bâtiments, réalisés dans la même pierre doré que celle des montagnes qui nous entourent, dès que nous avons commencé vraiment notre visite le lendemain, à Ubeda, je me suis sentie comme « chez moi ».
Là, tout me semblait déjà familier, plus ou moins semblable à ce que j'ai pu voir ailleurs en Espagne ou en Europe et surtout en Argentine, presque pas de surprises, sinon concernant la grandeur de l'emblématique place Vazquez de Molina, la multitude de monuments, des palais, des églises, mais surtout des statues, des portails et fontaines et autres ornements qui remplissent les façades..
Le tout dans une ville de seulement 34 000 habitants, entourée des champs d’oliviers qui s’épanouissent dans un paysage vallonné, plein de charme: il y avait de quoi être étonnée!
Sans vouloir être pédante, je vais faire ici une parenthèse avec des informations glanées ici et là sur le net, pour essayer d'expliquer aussi mon sentiment de « déjà-vu » associé à un pas tout à fait pareils, car particulièrement grandiloquent..
Tandis que le style islamique, devenue « mudéjar » après la reconquête, inspiré largement de l'art romain, paléochrétien, byzantin et wisigoth, nous offrait des décorations surabondantes (j’ai lu quelque part, je ne sais plus où, qu’au moins à Grenade, c’était pour faire grandiose sans grands moyens financiers, parce que le marbre coutait cher), comme dans le reste de l'Europe occidentale, l’architecture de l’Espagne chrétienne, même si l’influence du style mudéjar a continué encore quelque temps, passe dans un premier temps du style romane, avec des murs épais en pierre, arcs semi-circulaires et peu de décorations, (Damiers, zigzags, etc), au style gothique, avec des arcs-boutants et brisés pour obtenir plus de lumière et d’hauteur.
En même temps, les Italiens considéraient par ailleurs l’architecture gothique comme étant inesthétique -voir Vasari- et essayaient de se réapproprier les techniques gréco-romaines, pour revenir à des constructions avec plus de symétrie et des formes relativement simples, d'où l'architecture de la Renaissance.
Quand leurs idées ont commencé à se rependre, les architectes espagnols les ont appliqués aux formes gotiques, avec la faconde qui les caractérisait et en gardant certaines influences mudéjars, ce qui a mené à la création d’un style Renaissance spécifiquement espagnole, le style Plateresque, nommé ainsi en raison des façades richement décorées.
Quand leurs idées ont commencé à se rependre, les architectes espagnols les ont appliqués aux formes gotiques, avec la faconde qui les caractérisait et en gardant certaines influences mudéjars, ce qui a mené à la création d’un style Renaissance spécifiquement espagnole, le style Plateresque, nommé ainsi en raison des façades richement décorées.
Et même si au fil du temps certains architectes acquièrent un style plus sobre, caractérisé par de grands volumes, des lignes droites, avec une plus grande austérité décorative, ça reste toujours un style qui leur ressemble, qui me fait penser aux donquichottismes, aux toreros et à tous ces hidalgos espagnols, avec leur multitude de blasons qu'on peut voir sur les maisons anciennes dans toute l'Espagne, comme s'ils doivent faire face à un défi, lequel est le plus riche, ou une exigence, comme si « t’as pas un blason sur ta maison, personne ne te respecte » …
Preuve de leur engouement pour l'ostentatoire, quand en Italie est apparu un nouveau mouvement, le baroque, style très chargé lui aussi, l'Espagne l’a rapidement adopté, puisqu'il marquait le retour à des belles et nombreuses décorations, comme le pays avait toujours aimé.
Et même le style de Gaudi, à priori si original, me semble maintenant une évidence, car même si il était catalan, ou peut être justement à cause de ça, il est un digne héritier des bâtisseurs mudéjars andalous.
Ceci dit, sans plus de « palabres » je vais mettre des photos, en commençant avec une photo de la côte ouest de l’Espagne, pour justifier ces affirmations et aussi mon sentiment de « déjà vu » !
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Mais pour revenir à notre voyage, comme je disais, c’est le style de la renaissance espagnole en toute sa splendeur, qu’on peut voir dans certains bâtiments à Ubeda et Baeza, le style qui a influencé le plus l’architecture de l’Espagne et de ses colonies pendant plus d’un siècle.
Et c’est même pour ça que l’ensemble historique de ces deux villes a été inscrit dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Je commence avec des photos d'Ubeda, qui, d'après wikipedia, "compte 48 monuments et plus d'une centaine d'édifices présentant un intérêt artistique, représentant le plus grand et bien préservée ensemble d'architecture Renaissance en Espagne, illustrant avec éclat la magnificence de ce style.
Apres ces quelques photos (seulement à Ubeda nous avons fait 128!) prises autour de la place Vasquez de Molina et la place T. Mayo, places qui regroupent la plupart des monuments anciens, encore quelques photos prises pendant ma promenade dans les ruelles alentour, jusqu'aux remparts médiévaux, qui offrent une vue spectaculaire sur les champs d'oliviers qui entourent la ville.
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Enfin, après avoir admiré les ensembles monumentaux d'Ubeda, bu un café sur la place de Mayo et nous avoir promené partout dans le dédale de ses ruelles pour entrevoir son passé islamique et regarder ses autres produits artisanaux spécifiques, (voir les photos précédentes), nous sommes revenu à Baeza, où j'ai pu voir combien ma première impression était, comme chaque fois, tout à fait erronée.
Car, si Ubeda doit son excellence en grande partie à Francisco de los Cobos y Molina, (secrétaire d’État et principal conseiller de l'empereur Charles Quint en Espagne) et à son neveu, Juan Vázquez de Molina, autant qu’aux architectes de l’époque, dont le principal fut Andres de Vandelvira,a qui construit entre autres la Sacra Capilla del Salvador qui abrite le tombeau du premier, la ville de Baeza, à une distance de 8 km d'oliveraies, doit sa célébrité à sa riche histoire.
Car cette ville qu'au premier abord j'ai trouvé "poussiéreuse et provinciale" , a une histoire tout à fait exceptionnelle pour une ville de sa taille, dès l'antiquité jusqu'à notre époque, quand, malgré tout, elle "parvient à maintenir son prestige, liée à son diocèse, à son université et au collège de San Felipe Neri, fondé en 1660" qui devient l’Université internationale d'Andalousie dans les années 1970.
Les principaux éléments monumentaux de l’ensemble de Baeza sont la cathédrale (où "la mosquée primitive présente des éléments gothiques-mauresques et des influences de la Renaissance" dues au même Vandelvira de Ubeda), la place de Santa María, l’ancien séminaire et l’université déjà mentionnée, mais il y a aussi 'l'église romane de Santa Cruz, le beau palais Jabalaquinto, avec son incroyable façade plateresque richement orné et d'autres vestiges médiévales et antiques.
Ainsi je me dois de mentionner la place d’El Pópulo, où l’on peut admirer les anciennes boucheries, les greffes publiques et la porte de Jaén, donnant sur l’Arco de Villalar , qui date de 1526 et qui fut construit par Charles V pour commémorer la victoire sur le groupe rebelle de Valladolid.
La place d’El Pópulo avec la fontaine de Los Leones dans son centre, feraient partie d'une ancienne cité romaine, Cástulo.
Et parce que nous avons visité l'université crée en 1538 par une bulle papale et devenue ainsi l'une des plus anciennes institutions éducatives de toute l'Espagne (en parenthèse soit dite, saint Jean d'Avila fu le premier recteur, suivi ultérieurement par saint Jean de la Croix , rien que ça!) on nous avait fait visiter la classe dans laquelle enseigna auparavant Antonio Machado, un poète, parait-il célèbre, mais en tout cas républicain😕
Pour une brève histoire de Baeza, on peut lire beaucoup d'informations sur le net, comme par exemple ici: http://ubedaybaezaturismo.com/fr/histoire-dubeda-et-baeza/breve-histoire-de-baeza/
Conclusion: en voyant les universités (car il y a même deux, dont celle qui est internationale!) , le nombre d'églises et couvents, la beauté de ses palais et de la cathédrale, plus les autres vestiges médiévales et antiques, je peux maintenant me rendre comte de son importance historique et architecturale et dire qu'elle mérite largement sa place dans le patrimoine mondial d'UNESCO et dans notre tour d'Andalousie, même si, finalement, je crois que absolument tout peut y être classé!
Avant de fermer cette page, je trouve intéressante une mentionne trouvée sur la liste du patrimoine mondiale de l'UNESCO dédiée à ces deux localités: "Cette région possède aussi bien des racines islamiques qu’une intense tradition médiévale en matière d’ouvrages en pierre. La taille de la pierre fut enrichie par la contribution d’Andrés de Vandelvira, suivant la description donnée dans le Libro de Traças de Cortes de Piedra (« Livre sur des concepts de taille de la pierre »), écrit par son fils Alonso, et considéré en Europe comme le meilleur compendium de stéréotomie jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Il a eu une grande influence sur l’architecture de l’Amérique latine."
Conclusion: en voyant les universités (car il y a même deux, dont celle qui est internationale!) , le nombre d'églises et couvents, la beauté de ses palais et de la cathédrale, plus les autres vestiges médiévales et antiques, je peux maintenant me rendre comte de son importance historique et architecturale et dire qu'elle mérite largement sa place dans le patrimoine mondial d'UNESCO et dans notre tour d'Andalousie, même si, finalement, je crois que absolument tout peut y être classé!
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Avant de fermer cette page, je trouve intéressante une mentionne trouvée sur la liste du patrimoine mondiale de l'UNESCO dédiée à ces deux localités: "Cette région possède aussi bien des racines islamiques qu’une intense tradition médiévale en matière d’ouvrages en pierre. La taille de la pierre fut enrichie par la contribution d’Andrés de Vandelvira, suivant la description donnée dans le Libro de Traças de Cortes de Piedra (« Livre sur des concepts de taille de la pierre »), écrit par son fils Alonso, et considéré en Europe comme le meilleur compendium de stéréotomie jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Il a eu une grande influence sur l’architecture de l’Amérique latine."
Mais il ne faut pas oublier (je dis, moi!!!) que la culture islamique elle même hérite de tous ceux qui l'ont précédé, les Assyriennes, Sumériens, Babyloniens, Grecques, Byzantins et autres Romains... ☝
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